Les aéroports sont des espaces-temps à part. Des sortes de parenthèses entre deux destinations, deux réalités où l’on se nourrit de Toblerone géants et de boissons gazeuses hors de prix. Un paradis pour certains, un enfer pour d’autres, notamment pour ces passagers bloqués pendant des mois dans des aéroports sans jamais pouvoir mettre le nez dehors.

Mehran Karimi Nasseri - 6548 jours à l’aéroport Paris Charles de Gaulle

Ce réfugié iranien est resté bloqué dans le pire aéroport du monde pendant 18 ans, soit de 1988 à 2006 ! Mehran Karimi Nasseri quitte l’Iran dans les années 70. Il vit en Belgique et étudie un temps à Londres, avant de décider de s’y installer définitivement en 1988. Malheureusement, à son arrivée à l’aéroport, il se rend compte que sa carte de réfugié lui a été volée. Expulsé vers la France, où il avait embarqué, on lui interdit de quitter le terminal tant que sa situation administrative n’est pas résolue. Cela va prendre 11 années avant qu’un avocat s’intéresse à son cas et lui obtienne l’autorisation de quitter le pays pour rentrer… en Iran. Ce qui n’arrange pas vraiment notre bonhomme qui rêve uniquement d’Angleterre. Il faut attendre 2006 pour qu’il quitte l’aéroport, et encore, ce fut par la force des choses, puisqu’il fut victime d’une intoxication alimentaire (18 ans à bouffer des sandwichs triangle, fallait bien que ça arrive !). Pris en charge à la sortie de l’hôpital par la Croix Rouge, il n’aurait depuis jamais remis les pieds dans un aéroport, la légende voulant qu’il aie touché des royalties du film et du bouquin inspirés de son incroyable histoire.

Denis Luiz de Souza depuis 2000 à l’aéroport de Sao Paulo (GRU)

Particularité du bonhomme, à l’inverse de ses collègues présents dans ce top, Denis Luiz de Souza n’a jamais foutu les pieds dans un avion. Arrivé on ne sait comment en 2000 à l’aéroport de Sao Paulo, il s’est depuis construit une sorte de réalité parallèle dont il peine à sortir. Et vu qu’il se trouve dans un lieu public, personne ne peut l’obliger de déguerpir. Ca tombe bien, Denis Luiz ne semble pas près de faire ses valises, surtout que les employés de l’aéroport semblent l’avoir à la bonne.

Anthony Delaney - 3 ans à l’aéroport de Londres Gatwick

En 2004, Anthony Delany perd son boulot de chef cuistot et se retrouve à la rue quelques mois plus tard. Seule solution pour lui à l’époque, se réfugier dans l’aéroport de Gatwick, un des rares lieux publics ouverts 24h/24 7 jours sur 7. Ce qui ne devait être qu’une solution provisoire, va durer 3 ans. Anthony Delaney apprend à se fondre dans la foule, espionnant les employés de nettoyage pour récupérer les codes d’accès aux douches, et se nourrissant des restes laissés par les voyageurs de passage. Il sera arrêté à 31 reprises, la dernière, le juge lui accorde un sursis d’1 an, le temps de se remettre en selle. Ce qu’il fit. Anthony Delany a depuis retrouvé un appartement, un boulot et même une copine.

Sanjay Shah - 13 mois à l’aéroport de Nairobi

Sanjay Shah est né au Kenya à l’époque où ses habitants pouvaient encore demander la citoyenneté britannique. Sauf qu’il ne fit jamais les démarches pour l’obtenir. Résultat, lorsqu’il part s’installer en Angleterre en 2004, faute de visa, il est renvoyé par le premier avion au Kenya. Légèrement énervé par la situation, il décide de rester dans l’aéroport de Nairobi pour protester contre l’injustice dont il dit être victime. Eh bien vous savez quoi ? Il a obtenu gain de cause ! Après 407 jours passés dans le terminal kényan, un passeport britannique lui fut miraculeusement accordé. Well done !

Fadi Mansour - 1 an à l’aéroport d’Istanbul

En 2012, Fadi Mansour quitte la Syrie en guerre et trouve refuge en Turquie. Là-bas, il découvre qu’il lui est interdit de travailler légalement. Il se procure alors un faux passeport et achète un billet d’avion pour l’Allemagne. Mais lors d’une escale en Malaisie, Fadi Mansour se fait gauler et est immédiatement renvoyé en Turquie, qui essaye de le refourguer illico à la Malaisie, qui refuse évidemment de l’accueillir et le renvoie… en Turquie. Détenu à l’aéroport d’Istanbul avec 40 autres passagers dans la même situation que lui, il est agressé à 3 reprises par ses voisins de galère visiblement pas très fans de sa religion. Il réussit miraculeusement à embarquer sur un vol à destination du Liban. Mais une fois de plus, se fait arrêter et est renvoyé à la case départ. Au total, il restera coincé dans cet aéroport pendant plus d’un an, avant que l’Australie ne lui accorde un visa pour raison humanitaire.

Zahra Kamalfar – 318 jours à l’aéroport de Sheremetyevo en Russie

Après la mort en détention de son mari, cette iranienne décide en 2004 de fuir son pays avec son fils et sa fille. Son objectif : rejoindre le Canada. Elle embarque d’abord pour la Turquie, puis la Russie avant d’atterrir en Allemagne, où les autorités la renvoient, elle et ses enfants en Russie. Un temps menacée d’expulsion vers l’Iran, les Russes la laissent finalement squatter dans l’aéroport de Sheremtyevo dans des conditions plus que précaires. Au bout de 318 jours, sa situation se débloque enfin, elle et sa petite famille obtenant le visa tant attendu pour le Canada.

Hassan Al Kontar - 7 mois à l’aéroport de Kuala Lumpur en Malaisie

Hassan Al Kontar est Syrien. Lorsque la guerre civile éclate dans son pays en 2011, il vit depuis 5 ans aux Emirats Arabes Unis où il travaille dans le secteur des assurances. Sa situation commence peu à peu à partir en sucette. Son visa n’est pas renouvelé et Hassan est obligé de vivre dans la clandestinité jusqu’à son arrestation en 2016. Il obtient finalement un passeport l’année suivante qui lui permet de se rendre en Malaisie, où l’attend un visa touristique de 3 mois. Il tente alors de s’envoler pour le Cambodge mais est refoulé à son arrivée et renvoyé par le premier vol vers Kuala Lumpur. Manque de bol, son visa a expiré entre-temps et il se retrouve bloqué dans l’aéroport. Il y restera 7 mois, partageant régulièrement sa situation via les réseaux sociaux. En octobre 2018, il est arrêté par les autorités malaisiennes qui lui reprochent d’avoir pénétré une zone interdite d’un terminal (le coquinou). Menacé d’être extradé vers la Syrie, il obtient finalement son visa pour le Canada, grâce à la mobilisation de plusieurs associations.

Mohammed Al Bahish - 150 jours à l’aéroport d’Almaty au Kazakhstan

Mohammed al-Bahish est Palestinien. En 2013, il rencontre sa future femme en vacances et décide de la suivre dans son pays le Kazakhstan pour s’y marier. Problème : son visa est expiré. Il s’envole alors pour la Turquie afin de le faire renouveler, mais se fait refouler dès son arrivée. Les autorités turques le renvoie par le premier vol vers le Kazakhstan qui évidemment, refuse de le laisser rentrer, faute de papiers en règle. Oui c’est complètement con et ça va durer 5 longs mois qu’il va passer enfermé dans une petite salle sans aucune fenêtre. Il sera finalement transféré dans un centre de réfugiés situé en Roumanie, où il obtiendra après pas mal de galères un visa pour la Finlande.

Feng Zhenghu - 3 mois à l’aéroport d’Almaty au Kazakhstan

En 2009, Feng Zhenghu part se faire soigner au Japon. Problème, l’homme est un activiste qui milite pour les droits de l’homme en Chine. Une bonne raison pour les autorités chinoises de le bloquer à la frontière. Il tentera à 8 reprises de rentrer chez lui, se faisant à chaque fois rembarré. Coincé pendant 92 jours dans l’aéroport japonais, il obtient enfin l’autorisation de rentrer en Chine où l’attend un chaleureux comité d’accueil. Il va en effet vivre enfermé chez lui pendant plus d’un an, ses téléphones et ses ordinateurs confisqués et tabassé à plusieurs reprises sans aucun accès aux soins. La Liberté made in China !

Tetsuya Abo - 2 mois à l’aéroport de Narita (Japon)

Un journaliste japonais qui demande l’asile politique en Russie car il se sent menacé s’il rentre chez lui ? C’est presque aussi improbable qu’un écolo qui voudrait se faire naturaliser américain. Et pourtant ! C’est l’histoire improbable qu’a raconté Tetsuya Abo aux autorités russes, lorsqu’en mai 2015, il refuse d’embarquer dans l’avion censé le ramener au Japon. Une version qui tiendra 2 mois avant que l’on découvre que ce dernier était un simple blogueur freelance et qu’à part ses proches à qui il avait bien foutu la honte avec ses histoires, personne ne voulait réellement l’étriper. Sa demande d’asile politique refusée, il fut renvoyé chez lui en août 2015.

Et vous, c’est quoi votre record coincé dans un aéroport ?

Source : listverse.com