Il est bien rare au cinéma que les bons sentiments l’emportent sur les rires sardoniques. En contre-pied de ce qu’il se passe dans la vie, le cinéma aime à donner le dernier mot au gentil. Une question d’habitude et surtout une manière de refréner les ardeurs de domination du monde chez les spectateurs. Mais quand les méchants gagnent, c’est quand même beaucoup plus cool.

Zodiac, de David Fincher

3 heures d’enquête pour choper un tueur, aucun tueur chopé. Chez les enquêteurs, un type qui devient dingue et alcoolique ; un autre qui se fait abandonner par sa famille ; un dernier qui abandonne par peur de devenir dingo.

Zodiac : 1 ; reste du monde : 0.

Usual Suspects, de Bryan Singer

2 heures d’histoires à dormir debout pour faire croire que les gentils ont gagné. Puis un grand méchant qui marche dans la rue, libre de toute poursuite.

Spacey : 1 ; Söze : 0.

Le Silence des agneaux, de Jonathan Demme

Il y a plusieurs méchants et une seule gentille. Et, certes, la gentille tue un des méchants et s’en sort in(Jonathan)demne. Mais pour ce qui est de l’autre méchant, celui qui porte un drôle de masque et parle super bien, l’issue n’est pas à proprement parler malheureuse. Sauf si un voyage improvisé en Italie compte parmi les choses malheureuses.

Clarisse : 1 ; Hannibal : 2.

No Country for old man, des frères Coen

Javier Bardem a un sacré coup de pompe à vélo. Il repart gonflé à bloc et le portefeuille plein. En revanche, Brolin a pris un petit coup sur la gueule.

Javier Bardem : 10 ; le reste du monde : 0.

Le 7ème juré, de Georges Lautner

Sans doute le meilleur film de Lautner et un des meilleurs films tout court. Blier, notable local coupable d’avoir assassiné une fille, se retrouve juré au procès du petit ami de la victime, accusé du crime. Et quand il confesse, personne ne le croit. D’un côté, sa part gentille n’arrive pas à obtenir la rédemption qu’elle espère, mais en plus, le personnage s’en sort sans mal – tout juste fait-il un séjour en maison de repos. Quant à l’innocent : couik.

Blier : 1 ; Blier : 0.

Rosemary's Baby, de Roman Polanski

Après deux heures de manipulation, on comprend que l’enfant a été vendu aux satanistes pour recréer l’Antéchrist. Cette pauvre Mia Farrow ne peut rien y faire. Mais son mari est là pour la soutenir, pas vrai ?

La maternité : 0 ; Satan : 1.

Chinatown, de Roman Polanski

Faye Dunaway termine tuée par les flics. Son père, qui est aussi le père de son enfant, n’est absolument pas inquiété. Il récupère la garde de sa (petite-)fille. Nicholson e a tout perdu.

L’inceste : 1 ; Nicholson : 0.

Brazil, de Terry Gilliam

La dictature gagne et le héros glisse vers la folie absolue. On ne peut pas parler de happy end.

L’oppression : 1 ; l’individualité : 0.

Inside Man, de Spike Lee

A la fin, les petits malins remportent l’argent. Après, est-ce qu’on peut considérer qu’une banque est par nature gentille ? Pas sûr.

Clive Owen : 10000000 de dollars ; les autres : le SMIC.

Au service secret de sa majesté, de Peter Hunt

Dans le sixième James Bond, il va de soi que Bond s’en sort et qu’il démantèle le projet de conquête du monde de Blofeld. Enfin ; ses lieutenants s’en sortent et assassinent Diana Rigg, avec qui il vient de se marier. Bond est bon pour le deuil.

Bond : 1 ; les méchants : plus.

Ca donnerait presque envie de conquérir le monde.