Salut à tous, aujourd’hui dans l’émission « Je vais m’en prendre plein la gueule de la part des gardiens du temple », nous recevons thomasg. Thomasg, bonjour, vous avez récemment publié un top mettant en cause le génie tactique de Napoléon et vous vous apprêtez donc à recevoir des menaces de mort de la part des fanzouzes de l’Empereur. Comment le vivez-vous ?

Plutôt bien, merci.

Il s'est trompé de siècle

A rebours de l’Histoire, Napoléon a considéré que la quête de grandeur passait par la conquête européenne. En cela, il s’est planté. En pleine mondialisation coloniale, la compet’ n’était plus territoriale mais maritime, au début du XIX° siècle. Il fallait conquérir des territoires lointains pour les spolier totalement de leurs ressources et pouvoir financer des guerres plus traditionnelles. Défait en Egypte, Bonaparte n’a pas insisté dans cette stratégie qui correspondait pourtant aux réelles nécessités de l’époque (même si on les déplore aujourd’hui).

Sa stratégie était très coûteuse

Si l’on reprend les mots du maréchal de Saxe, un bon stratège se réserve pour les batailles décisives ; il vise à combattre le moins possible et à perdre aussi peu de soldats que possible. Napoléon, au contraire, bataillait à tout va et conduisait ses armées au casse-pipe sans état d’âme. Sans compter le coût de la guerre pour les finances françaises : en 1815, quand Napoléon est forcé d’abdiquer, la France est un pays à genoux. Et y a même pas Fillon pour reprendre les rênes.

Il faisait n'importe quoi avec ses alliés

Donc Napoléon avait deux types de personnes avec qui il parlait. Ses ennemis, contre qui il faisait la guerre (au premier rang desquels l’Angleterre) et ses amis, contre qui il faisait la guerre on sait pas pourquoi (Espagne et Russie, notamment). Mégalo, il était persuadé qu’il n’avait absolument pas besoin d’alliés et niquait tout le monde. Napoléon a envahi l’Espagne pour piquer son trésor en profitant d’une situation politique instable et sans compter que la population espagnole se rebellerait ; il est allé s’empêtrer en Russie sans que l’on sache pourquoi, tout en sachant pertinemment qu’une guerre sur le territoire russe en hiver serait intenable. En plus, cette campagne aurait pu être menée plus intelligemment avec l’aide de la Suède, de la Pologne ou de la Finlande. Mais balek, il y est allé tout seul.

Une mauvaise gestion de la marine

Louis XVI aimait la serrurerie, mais il n’oubliait pas l’armée pour autant. Ses investissements massifs, réalisés à coups d’endettements, avaient pour but de moderniser l’armée et la marine françaises et leur permettre de rivaliser avec les Anglais. D’ailleurs, la marine française avait remporté des batailles contre son homologue pendant la guerre d’indépendance américaine. Mais voilà, la Révolution passe par là : les officiers désertent après l’exécution de Loulou XVI et pour les remplacer, on nomme des incompétents, officiers de marine marchande ou lieutenants pas au niveau. Bonaparte sait ça, puisqu’il a même assisté directement à Aboukir au dézinguage de la marine française par les Anglais. Mais il ne fait rien pour corriger le tir. D’autant que les Anglais, eux, ne cessaient d’innover : navires plus robustes, canons à courte portée pour isoler les vaisseaux ennemis… Les Français n’ont pas suivi, et ça a donné Trafalgar. Grosse erreur.

L'infanterie ne valait pas beaucoup mieux

Si autant de grognards sont morts pendant les campagnes napoléoniennes, c’est aussi parce qu’ils avaient des fusils tout nuls. Le fusil 1777, utilisé par l’infanterie française, était connu pour être long à recharger, très prolifique en production de fumée (histoire d’aveugler le tireur durablement) et d’avoir une très faible cadence de tir. Or, en quasiment 30 ans de présence au pouvoir, Napoléon ne fit jamais changer cet équipement, privilégiant un équipement robuste pour les combats au corps-à-corps qui mettaient souvent fin à la fête. Les Prussiens, dans le même temps, avaient équipé leurs fusils pour accélérer l’ouverture des sachets de poudre et augmenter la cadence de tir ; les Anglais avaient des fusils très précis. C’est ce fusil qui explique aussi pourquoi Napoléon a commencé à se faire maraver, sur la fin ; la France ne disposait plus de suffisamment d’hommes pour compenser ses faiblesses.

Il gérait mal ses conquêtes

Napoléon avait l’habitude de laisser ses garnisons derrière lui en leur disant de se démerder pour garder les territoires conquis. Sauf que dans le cadre de la guerre perpétuelle, c’était très mal joué. Napoléon abandonnait des troupes expérimentées pour empêcher les troupes adverses de contre-attaquer, mais ces soldats faisaient ensuite défaut quand il s’agissait de former les conscrits inexpérimentés ou d’attaquer d’autres fronts. Dans le cas de la retraite de Russie, c’est flagrant ; Davout s’est fait coincer à Hambourg pendant la retraite et était inutilisable.

Il n'a jamais envisagé de stratégie en cas de défaite

Reprenons cette fameuse campagne de Russie : la défaite a totalement déglingué l’armée française, et Napoléon n’avait aucune stratégie pour la remettre sur pied. Plus un rond, caisses vides, plus de chevaux, plus de cadres, plus de vétérans, des conscrits privés de formation… Persuadé d’être invincible, Napoléon s’est retrouvé fort dépourvu quand la claque est venue. Il n’y avait pas de plan B.

Une seule et unique stratégie et pas question d'en changer

Quand on se fait déglinguer une fois, deux fois, trois fois, on apprend de ses erreurs. C’est ce qu’on fait les Anglais au temps des guerres napoléoniennes. Face au génie tactique des Français et à la puissance de leur artillerie, ils ont changé de braquet. Mais face à cette adaptation, Napoléon, lui, ne s’adapte pas. Les tactiques qu’il avait mises au point au début de son règne sont restées en vigueur jusqu’à la fin, même lorsque ses ennemis multipliaient les raids ciblés et tactiques pour affaiblir son empire.

La guerre comme fin et non comme moyen

On ne comprend pas vraiment pourquoi Napoléon faisait la guerre, en réalité. Quel était le but ? Un Reich de mille ans ? Napoléon ne savait pas faire la paix : il visait une extension perpétuelle du territoire français, fuite en avant presque maniaque qui déstabilisait un Empire désormais ingérable. A croire que Napoléon n’avait rien appris de l’Histoire.

Il s'est fait masteriser par Clausewitz

C’est Clausewitz qui a réussi à retourner les Prussiens contre les Français pendant la retraite de Russie, c’est lui qui était de l’autre côté à Waterloo. Et puis De la guerre, ça a plus de gueule que le Code Napoléon et la légion d’honneur.

Un deux trois BALANCEZ LES INSULTES !

Sources : Julien Faessel, Wikipédia, Libération, Le Figaro