Si vous êtes un amoureux de la langue française, vous êtes sans doute au courant de ces quelques petites règles de français. Si vous êtes de ceux qui « pallient à », on vous déteste de tout notre cœur et on vous demande de faire un tout petit effort pour respecter un peu notre langue. Pour votre gouverne, voici les erreurs à ne plus faire.

Faire long feu

Comment on l’utilise : à 22h22 quand on est déjà torchés et qu’en plus le lendemain on doit se lever dès potron-minet pour aller déjeuner chez mamie on dit souvent à nos copains : « je vais pas faire long feu, les gars ! ».

Comment on devrait l’utiliser : en réalité, il faut prendre l’expression affirmativement : faire long feu. Ce qui signifie d’ailleurs à l’origine qu’on a raté son coup, que quelque chose n’a pas marché comme prévu… en référence à la mèche qui brûle trop lentement pour faire exploser la cartouche du fusil. Dans ces cas-là, préférez donc plutôt : « je vais pas faire de vieux os, les gars ! ».

Alternative

Comment on l’utilise : « Chéri(e), pour ce soir y a deux alternatives : boudin ou panse de brebis farcie ».

Comment on devrait l’utiliser : « Chéri, pour ce soir y a UNE alternative… », étant donné qu’alternative veut dire « obligation de choisir entre deux possibilités ». Mais dans ce cas précis, mieux vaut peut-être ne rien choisir du tout.

Soi-disant

Comment on l’utilise : « Des légumes soi-disant bio, ouais laisse tomber, moi j’y crois pas à ce truc. »

Comment on devrait l’utiliser : Etant donné que des légumes, ça ne parle pas, ces derniers ne peuvent pas être « soi-disant » quelque chose. Seule une personne peut « soi-disanter » pour le dire simplement.

S'avérer

Comment on l’utilise : On entend souvent « ouais, d’abord, il s’est avéré que c’était vrai »… »mais non, trop pas, il s’est avéré que c’était faux ».

Comment on devrait l’utiliser : L’ajout du « vrai » nous donne un pléonasme et celui du « faux » un contre-sens… »S’avérer » signifiant « se faire reconnaître pour vrai »…Utilisez-le tout seul, comme un grand « l’hypothèse s’est avérée ».

Tirer les marrons du feu

Comment on l’utilise : « Ah ! il a bien tiré ses marrons du feu, le salaud », dit-on quand notre meilleur ami se brûle les doigts après avoir mis ses marrons au dessus du feu dans la cheminée.

Comment on devrait l’utiliser : Mais non non non, petits filous, « tirer les marrons du feu » signifie qu’on a fait le sale boulot au profit d’autrui : on s’est brûlé les doigts en les tirant du feu ces sales marrons, tandis que les autres vont pouvoir les déguster trankilou bilou.

Décimer

Comment on l’utilise : « La population de Port-au- Prince a été décimée », nous dit Claire Chazal au JT de 20h (ou plutôt nous disait, paix à son âme) pour nous dire qu’elle a été réduite à néant…

Comment on devrait l’utiliser : On devrait dire « décimer » quand seulement une partie de la population a été abattue, 10% pour être précis. Héritage de la « décimation » de l’armée romaine qui, lorsque, pas contente de ses troupes, zigouillait un légionnaire sur dix. Au pif. Et paf.

Gourmand

Comment on l’utilise : « Oh, voilà un dessert bien gourmand ! n’est-ce pas, Jean-Jacques ? »

Comment on devrait l’utiliser : Ben, dans ce cas-là, on l’utilise pas… Un dessert peut être savoureux, délicieux, succulent, mais certainement pas gourmand, sinon ça voudrait dire que ledit dessert est un gros glouton qui voudrait se taper un couscous, un bœuf bourguignon et quatorze pizzas.

Pallier

Comment on l’utilise : Parfois, souvent, très souvent, tout le temps, on entend « pallier à » et on a envie de mourir aussi un peu.

Comment on devrait l’utiliser : On ne pallie pas à quelque chose, mais on pallie quelque chose, tout simplement. Donc on enlève ce vilain « à » qui ne sert à rien et qui pique les yeux. Merci.

Mais sinon je vous recommande cet ouvrage incroyable qui vous mettra sur la voie de la compréhension des expressions françaises les plus cocasses enfin expliquées par l’inégalable Alain Rey.