Tous les ans, il est des bonnes résolutions que l’on ne tient pas. Le confinement est du même ordre : à situation exceptionnelle, décisions exceptionnelles. Nous sommes entrés en quarantaine comme dans les ordres, pleins de bonne volonté, désireux de sortir de là en étant une meilleure personne. Mais il va de soi qu’au bout du bout, rien n’aura changé : ni le monde, ni nous, ni notre cerveau, ni notre corps. C’est le propre de l’homme que d’être routinier. Faut pas se bousculer hein.

Lire Proust

J’aurais bien écrit « relire Proust », mais on sait tous, ici, que tu n’as jamais lu La Recherche du temps perdu (même si tu t’évertues à dire « La Recherche » pour faire genre). Marche aussi avec « Le Voyage » dont on sait très bien que tu l’as abandonné quasi-immédiatement.

Lire tout court en fait

Ouais, on ne va pas se mentir, tous ces bouquins que tu as empilés sur ta table de chevet n’ont toujours pas été ouverts. Et c’est mieux d’ailleurs, parce que si tu avais fait l’erreur de les ouvrir, tu te serais rendu compte qu’une famille entière d’araignées y a élu domicile.

Regarder des grands classiques disponibles gratuitement

Et c’est pas faute de t’avoir fait toute une liste de films pas chiants gratuits pendant le confinement dans l’espoir que tu fermes Netflix pour regarder un truc à même de t’élever un peu. Mais tu es incorrigible.

Ranger ce putain de placard

Aux dernières nouvelles, on y trouvait toujours une chaussette dépareillée sale à côté d’un harmonica, de dix-huit kilomètres de câbles RCA inutiles, de deux paires de tongs trop petites et de plusieurs boîtes de trucs dont tu ne sais même plus ce qu’elles contenaient lorsqu’elles sont arrivées par la poste chez toi.

Faire du sport tous les jours

C’était probablement le grand engagement de ton confinement, te mettre au sport pour redynamiser un peu ce qui autrefois était un corps et ressemble désormais à un chewing gum collé sous une table de collège. Mais en vrai, est-ce que c’est pas déjà un peu du sport de se lever de son lit pour aller chercher un paquet de chips ? Et puis vu que tu as eu des courbatures pendant une semaine après ta séance de 12 pompes…

Faire du sport ne serait-ce qu'une fois

Ouais non, vraiment, même aller chercher des chips c’est chiant. Par contre j’ai le malheur de te dire qu’il n’existe pas de service de livraison de chips au lit.

Arrêter de fumer

Faire la queue au tabac : enfer sur terre. Pourquoi ne pas profiter du confinement pour ne plus fumer ? Ce serait l’occasion idéale de ressortir de cette drôle de période comme neuf. Ouais. Grave.

Je pars faire la queue au tabac, j’arrive.

Arrêter de boire

La seule raison pour laquelle on boit, c’est parce que c’est une activité amusante à faire à plusieurs. Dans la solitude du foyer confiné, quel intérêt d’ouvrir du vin ?

En fait, l’intérêt de boire, c’est que le temps passe plus vite quand on est ivre. Beaucoup plus vite.

Manger mieux

Parce que quand on est coincé chez soi et qu’on ne veut pas manger des pâtes à chaque repas, le mieux est encore d’apprendre à se faire des trucs bons, divers, et sains à manger.

Comme des pâtes carbo, ou des pâtes à l’arrabiata, ou des pâtes au beurre, ou des pâtes crues je m’en fous il faut grailler là.

Faire soi-même son pain

Combien de temps as-tu réellement cru que tu allais t’emmerder à faire toi-même ton pain alors que la boulangerie en bas est ouverte ?

Apprendre l'Italien

Après 6 semaines de travail acharné en confinement, te voilà capable de dire « ciao bambino » et « arrivederci amico ». Bravo, ça valait le coup.

Ecrire un livre

Au moins, l’avantage, c’est que tu ne te sera pas lancé dans un inénarrable journal du confinement qui t’aurait attiré les quolibets d’absolument tous les internautes de France et de Navarre.

Appeler plus souvent sa famille

Confiné ou pas, les histoires de tante Gertrude sont toujours aussi ennuyeuses, faut le reconnaître.

Diminuer le temps passé devant les écrans

Cf le point sur la lecture : notre cerveau, désormais sollicité en permanence par des flots d’informations entrantes, ne supporte plus guère de ne pas avoir de stimulus. C’est comme ça. On va regarder un troisième épisode.

Apprendre à jouer du luth

Je dis du luth parce qu’il est probable que tu aies déjà des notions de guitare et/ou de piano. Mais dans tous les cas et quel que soit l’instrument, tu ne sauras pas en jouer à la fin de ce confinement malgré les 78 partitions téléchargées pour apprendre à jouer du Ed Sheeran à la viole anglaise.

Nettoyer les plinthes

Tu as déjà fait deux ménages mais désormais la motivation pour faire du propre baisse. Ce n’est pas encore cette année que l’on nettoiera les plinthes ou que l’on fera les vitres. Tout est affaire de priorités.

Visiter plein de musées virtuels

Alors là, c’est définitif : si tu n’allais pas au musée avant par peur de la queue ou par flemme de t’enfermer alors qu’il faisait beau, il faut que tu t’avoues tout simplement qu’en fait tu n’aimes pas aller au musée parce que ça te fait chier. Sinon, tu aurais bien pris une heure de ton temps pour visiter le Louvre.

Fabriquer un château en carton pour les chats

Les chats ne t’en voudront pas, de toute façon ils n’auraient jamais joué avec ton château et auraient préféré aller se faire les griffes sur le canap’ du proprio.

Ne plus faire de blagues sur la barbe d'Edouard Philippe

J’ai essayé de me retenir pendant deux jours, mais j’ai craqué à l’instant même.

Déménager

Comme qui dirait : ce n’est pas le moment.

Un premier janvier permanent.