« Moi monsieur j’ai fait la colo, Dakar, Conakry, Bamako. Moi monsieur, j’ai eu la belle vie au temps béni des colonies. Les guerriers m’appelaient Grand Chef au temps glorieux de l’A.O.F. J’avais des ficelles au képi au temps béni des colonies. » disait Michel Sardou en 1976. Du bon gros racisme à la française teinté d’une nostalgie pas glorieuse. Une époque révolue, évidemment. Mais pas depuis si longtemps quand on y pense. Car en regardant dans le rétro, on se rend compte que même au milieu des années 90, les initiatives clairement racistes étaient légion en France. La preuve.

La Zoubida (1991)

En 1991, Vincent Lagaf’, auréolé de son succès dans La classe et pas encore investi dans le Bigdil nous chante une petite chanson, La Zoubida, qui va lui rapporter un paquet de pognon : 625.000 exemplaires vendus et une première place du Top 50 pendant 4 mois. Accent se voulant arabe (« coumisariat »), scooter volé et tout le toutim. Une des chansons les plus racistes qui soit.

La marque Bamboula

Contrairement à Banania, dont les origines remontent aux années 1910 et dont l’ancrage racisto-colonial se comprend un peu mieux (même s’il ne s’excuse pas), la marque de biscuits Bamboula, produits par Saint-Michel, remonte à… 1987. Et le succès a été tel qu’en 1994, Bamboula a même créé un zoo humain tout près de Nantes dans lequel des employés noirs étaient déguisés en tenues traditionnelles africaines et souvent dénudés. Scandale immédiat et fin de l’aventure Bamboula. Tant mieux.

Connaissez-vous M. Tchang-Pabong ?

Il s’agissait d’un des personnages d’un de mes jeux cultes quand j’étais petit, Les mystères de Pékin. Le jeu, originellement commercialisé en 1987, a continué à se vendre tout au long des années 1990 sans que cela ne suscite le scandale. Pourtant, outre l’ambiance particulièrement clichée, les personnages avaient tous des noms gratinés : Ping Pong, Miss Fong-D’Ting, M. Tchin-Tchin, M. Houson-Métong… Le racisme anti-asiatique a quand même un bel ancrage en France.

Une pub Malibu de fin 1989 montrait un noir fainéant occupé à picoler

La pub a été diffusée tout au long de l’année 1990. Et elle montre un blanc contraint de ne jamais aller pêcher parce que son capitaine est flemmard et qu’il picole h24. Si on ajoute à ça le bruit et l’odeur…

"Le bruit et l'odeur" (1991)

La fameuse phrase de Chirac, mort le plus adoré de toute la France, ne date pas comme on le croit souvent du début des années 80 mais bien du début des années 1990. A noter que le présentateur n’y allait pas de main morte « tout le monde reconnaît que l’immigration est un problème en France, mais ce sont les mots utilisés par Jacques Chirac qui engendrent la polémique. » Des propos qui n’empêcheront pas Jacquot d’être élu moins de 4 ans plus tard Président de la République et qui font maintenant partie du top des pires citations de Chirac.

Thierry Roland, pas viré malgré ses propos après la défaite des Bleus contre la Bulgarie

Il fut un temps ou non content de ne pas avoir deux étoiles sur leur maillot, les Bleus n’avaient pas même une seule étoile sur leur maillot. Pire, ils allaient rater le Mondial 1994 après un match totalement raté en barrage contre la Bulgarie. Et Thierry Roland d’y aller d’une petite phrase après le match relayée par L’Equipe : « Un Bulgare sera toujours plus con qu’un Israélien ». Aujourd’hui, il aurait été viré. Au lieu de ça, il est resté commentateur pendant encore 20 ans. Ce n’est ni le premier ni la dernière citation raciste de Thierry Roland.

L'incroyable pub pour la GameBoy Pocket en 1995

Et si pour présenter Donkey Kong on mettait en scène Yawiga Kanawi ? Apparemment, quelqu’un s’est dit que ce serait une sacrément bonne idée.

On a hâte de faire ce top rétrospectif en 2050 sur les années 2020 avec Pascal Praud en tête d’affiche.

D’ici là, on va se lire une petite citation de Malcom X pour digérer.