L’EPS est un concentré de mauvais souvenirs. Mais toutes les activités ne revêtaient pas le même niveau sur l’échelle de l’enfer. Certaines étaient carrément hitlériennes, quand d’autres s’apparentaient plutôt à la douleur ressentie lorsque l’on a un caillou dans sa chaussure. Pour faire bonne mesure à la mesure, vous avez pointé du doigt ce qui se faisait de pire en matière d’EPS. Et on peut dire que vous n’aimez pas beaucoup la gym. Pas du tout du tout, même.

La GRS

Je me souviens d’un tapis de sol poussiéreux. Je me souviens d’une galipette. Je me souviens d’avoir cherché à faire le vide pour m’extraire mentalement de là. Je me souviens des larmes, qui montaient. Je me souviens mais je veux oublier.

La corde à noeuds

Je me souviens de la douleur, du chanvre m’éclatant les doigt, des cuisses râpées, du ridicule de ne pas arriver en haut. Je me souviens d’un type athlétique qui montait sans effort. Je me souviens d’un prof d’EPS en intégrale jogging qui fumait sa clope en nous regardant. Je ne me souviens pas de ma note.

Le cheval d'arceau

Je me souviens de m’être cogné le genou contre cette putain d’anse. Je me souviens de ne pas savoir quoi faire hissé sur ce cheval. Je me souviens de m’être fait mal, d’avoir espéré que ça se termine. Je me souviens d’une fille qui en faisait en club et qui était plutôt forte. Je me souviens de m’être dit qu’elle était gracieuse. Je me souviens que j’étais couvert de boutons.

Les barres asymétriques

Je me souviens de l’évaluation en 3ème. Pour la première fois de ma vie, devant le fait accompli, j’avais réussi la rotation arrière sur la barre supérieure. Je me rappelle m’être dit que ça ne se passait pas si mal. Je me rappelle, c’était juste avant que mes mains moites lâchent et que je m’étale par terre.

Le truc avec les barres en bois au fond de la salle

Je me souviens d’y être pendu pour faire le singe entre deux activités. Je ne me souviens de rien d’autre.

Ah si : ça s’appelle un espalier, cette merde.

Le 3x500

Je me souviens du matin froid, dans une semi-pénombre hivernale, je me souviens des tours de cour de récré, encouragé par un prof qui, lui ne branlait rien. Je me souviens avoir eu envie de vomir. Je me souviens que j’étais nul. Je me souviens que j’aurais donné 10 ans de ma vie pour m’éviter cet enfer. Je me souviens d’avoir choisi des gens pour courir avec eux en estimant qu’ils devaient avoir mon niveau. Je me souviens que j’ai failli crever en essayant de suivre le rythme d’Olivier le jour du bac. Je me souviens que j’ai eu une bonne grosse note de merde.

La poutre

Je me souviens que mes pieds étaient beaucoup trop grands pour cette barre. Je me souviens m’être étalé devant tout le monde et m’être broyé les testicules contre le faux cuir de la poutre. Je me souviens avoir donné un coup de pied dans ses tréteaux. Je me rappelle m’être fait mal.

Les barres parallèles

Je me rappelle m’être hissé au-dessus des barres parallèles sans plus savoir ensuite quoi faire de mon corps. Je me rappelle que mes mains brûlaient. Je me rappelle avoir essayé de tourner. Je me souviens que je suis tombé. Plusieurs fois.

La natation en hiver

Je me souviens du bonnet de bain ridicule. Je me souviens du cour de crawl parce que je n’arrivais pas à nager le crawl. Je me souviens du pédiluve, à la piscine Georges Quelquechose, par un matin frigorifié. Je me souviens des verrues et des mecs qui, eux, étaient musclés. Je me souviens avoir eu froid et rêver d’un chocolat chaud. Je me souviens que je déteste la pistoche.

La lutte

Je me souviens qu’on se faisait mal et que le prof trouvait ça cool. Je me souviens n’avoir jamais compris les règles de cette putain de discipline. Je me souviens des genoux brûlés par le contact du tapis. Je me souviens que c’était l’enfer. Je me souviens de l’odeur corporelle des gens contre qui ont devait lutter. Je me souviens m’être dit que le budget EPS de l’Education nationale gagnerait à être augmenté pour que l’on puisse pratiquer des vrais sports.

Et on efface les souvenirs.