En France, on n'a pas (beaucoup) de médailles, mais on a des excuses. La contre-performance de Jason Lamy-Chappuis en combiné nordique, une de nos plus belles chances de médailles, nous permet une fois de plus de donner libre-cours à notre inventivité quand il s'agit de relativiser un échec, et montrer qu'on sait perdre "à la française". Ce n'est pas notre petit français qui a perdu, c'est "une combinaison de facteurs défavorables", un peu comme les explications des retards de la SNCF :

  1. Le matériel
    On l'apprend après cette déroute, le combiné nordique, c'est à 90% le matériel. Ah bon? Mais il fallait nous le dire avant, et pas nous raconter que Jason était un super-champion. Il fallait nous informer sur l'état de santé du secteur français du ski, puisque c'est le principal critère. Et apparemment, on avait du matériel de merde. Ce serait des skis fabriqués en Chine qu'on ne serait pas étonné.
  2. La qualité de la neige
    Parce que le mauvais choix de matériel est surtout dû à une "neige sale" selon l'entraineur de l'équipe de France. Alors ok, on a merdé, mais les organisateurs ont leur part de responsabilité : lavez un peu, les gars, c'est une porcherie cette piste!
  3. Il n'a jamais été favori
    Certes il est tenant du titre olympique, mais c'était au prix d'un finish de dingue. En réalité, Jason est 4ème au championnat du monde. Donc, à moins d'un malentendu, il ne devait pas être sur le podium. Et aux JO, tout donner pour être 4ème ou ne rien branler et être 35ème, finalement, ça revient à peu près au même. Pas facile dans ces conditions d'être hyper motivé.
  4. La pression du porte drapeau
    Ou peut-être devrait-on parler de "malédiction du porte-drapeau". Des sollicitations médiatiques, un drapeau trop lourd pour un athlète qui fait surtout travailler ses jambes... Laura Flessel, Vincent Defrasne, Tony Estanguet, Jackson Richardson... depuis 2002, tous les porte-drapeaux ont foiré leurs Jeux dans les grandes largeurs. La prochaine fois, on file le drapeau à un athlète qui n'a aucun espoir de médaille ou on prend des drapeaux plus légers. La victoire est parfois dans les détails.
  5. Des changements climatiques imprévisibles
    On le disait avant cette déroute, on le répète d'autant plus après : Sotchi est le dernier endroit où il fallait faire ces jeux. Passer en quelques heures d'un hiver rugueux à un temps tropical, ça n'est pas bon pour la neige. Alors certes, les conditions sont les mêmes pour tous, mais les chutes de champions ont été nombreuses, la neige collante rebat les cartes et ces Jeux sont devenues une loterie. C'est en tout cas ce qu'on dit toujours quand on perd : ce n'est pas le meilleur qui a gagné, c'est la neige.
  6. Il mise sur le grand tremplin
    Mais ouais, qu'est-ce qu'on s'en fout d'une médaille sur "petit tremplin"? C'est bon pour les juniors. Nous, on pense "ligue des champions", on pense "poids lourd", on pense "grand tremplin"! Est-ce que Jason avait intérêt à montrer à ses adversaires sa forme étincelante sur une épreuve en bois? Non, ce type est une machine, il est programmé pour être à bloc mardi prochain pour l'épreuve pour les grands. On ne perd pas quand on est Français, on choisit ses épreuves!
  7. Une réaction au désintérêt du public
    Malgré son titre olympique en 2010, personne ne le connaissait alors que n'importe quel footeux qui se fait retirer son permis est une star. A force d'entendre les journalistes l'appeler "L'ami Chappuis", Jason s'est dit que ce n'était pas la peine de se faire chier, tout le monde se fout du ski. Il attendra une version "combiné nordique" de Ice Show pour se donner à fond
  8. Une défaite militante
    Non Monsieur Poutine, Jason Lamy-Chappuis ne brillera pas pour VOS jeux de Sotchi. Vous n'aurez pas la liberté de penser de nos athlètes et tout ce que vous méritez, c'est une 35ème place. L'équipe de France de foot était restée dans le bus à Knysna pour s'insurger contre la violence en Afrique du Sud (ou un truc comme ça), nos skieurs ne serviront pas la soupe au régime autocratique russe! Bravo champion.
  9. Les autres sont dopés
    "Il y a quinze jours encore, en Coupe du monde, je mets 1’30 à des gars qui me doublent aujourd’hui… Je ne m’explique pas ce qui est arrivé", a commenté notre représentant. On sait tous ce que ça veut dire, ce n'est pas avec des barres Ovomaltine qu'on devient champion olympique en Russie. Cette déroute du Français, c'est surtout la preuve qu'il ne prend rien, et ça, ça vaut toutes les médailles. Vive la défaite propre!
  10. Ce sport n'a aucun sens
    Finalement, quand la défaite est à ce point sans appel, en bons Français, il ne nous reste plus qu'à contester la légitimité de cette discipline : du saut et de la course de fond? Sérieusement? Est-ce qu'aux Jeux d'été il y a du "combiné sudiste", avec du saut à la perche suivi d'un marathon? Non, ce serait complètement con. Pour ceux qui trouve le curling ridicule, cette petite vidéo devrait relativiser votre jugement.

Allez les bleus quand même.