En 2018, Gobee Bike était obligé de quitter deux villes françaises en raison des dégradations sur ses vélos. Le libre-service en France, ça marche moins bien qu’ailleurs, parce que les gens cassent tout. On est comme ça, nous, des genres de malandrins. L’idée n’est pas de faire du French bashing, mais bien de comprendre pourquoi certains services positifs (ne parlez pas des trottinettes) n’arrivent pas à s’implanter comme il faut dans nos contrées un peu roublardes.

Les vélos à dispo en autonomie

Gobee Bike a fermé ses antennes de Reims et Lille suite à de trop nombreuses dégradations. A Reims, sur le parc de 400 vélos, 380 étaient inutilisables. L’entreprise franco-hong-kongaise a décidé de se retirer à cause des frais occasionnés. C’est dommage, parce que le service renforçait l’offre de vélos en libre-service dans les grandes villes et en constituait le seul pourvoyeur à Reims. Mage-do. Depuis y a eu les trottinettes, mais est-ce une bonne nouvelle ?

La réquisition de logements pour les sans-abri

Dans d’autres pays, l’Etat a fait un calcul simple : un sans abri coûte plus cher dans la rue que dans un logement. Dès lors, les pouvoirs publics sont en mesure de faire une réquisition des logements vacants pour accueillir les personnes qui vivent dans la rue. C’est notamment le cas de l’Utah, qui applique systématiquement la mesure depuis une dizaine d’années. Mais en France, malgré des dispositions législatives mises en place par Cécile Duflot, la réquisition des logements vacants ne fonctionne pas, la faute à une animosité très forte des citoyens envers la mesure qui revient dans l’imaginaire collectif à violer la propriété privée. Bref, touche pas à mon appart. Encore une fois, c’est dommage, car quand on voit le parc de logements vacants en France, on se dit que l’on marche sur la tête.

Les auberges de jeunesse

Il existe évidemment des auberges de jeunesse en France. Mais l’offre est ultra-limitée (152 au total sur tout le territoire) comparée à d’autres pays dans le monde. Dans les pays nordiques ou en Amérique latine, l’auberge de jeunesse est le système auquel les jeunes ont recours pour voyager dans de bonnes conditions à des prix abordables. La France est un pays d’hôtels et d’hôteliers et l’apparition d’Airbnb n’a pas arrangé les choses, la France étant l’un des principaux marchés de l’entreprise.

Crédits photo (CC BY-SA 3.0) : Let99

La mise en place de conditions carcérales dignes

En France, les conditions de vie en prison sont devenues un serpent de mer du débat public. L’investissement mis dans la politique carcérale est totalement insuffisant et la population semble trouver normal que le parc carcéral soit en surchauffe avec un taux de remplissage de près de 140% dans les maisons d’arrêt. Alors même que la prison est souvent pointée du doigt comme un lieu de radicalisation pour les détenus de droit commun et de confrontation au grand banditisme, il serait temps de s’inspirer des modèles nordiques où le taux de récidive est bien moindre qu’en hexagone. La prison doit aussi préparer à la réinsertion et n’est pas simplement un instrument punitif et de prévention.

Crédits photo (CC BY-SA 2.0) : Oxana Maher

Le financement du gratuit et de Wikipédia

Wikipédia ne publie pas ses statistiques de dons par pays, mais il est intéressant de remarquer que, d’après une étude, seuls 11% des utilisateurs français de Wikipédia se disent prêts à donner de l’argent à la Fondation qui ne fonctionne que sur les dons et ne s’inscrit pas dans un modèle de profit mais bien d’entraide collaborative. A l’opposé, des pays comme l’Inde répondent favorablement à 42% à ces demandes de dons. Même l’Egypte explose nos compteurs, et les Etats-Unis itou. On n’aime vraiment pas payer en France.

La méditation à l'école

Alors que les études se multiplient prouvant les bienfaits à long terme de la méditation sur la santé, le bien-être et la capacité de concentration, la France tarde toujours à embrasser le mouvement. Aux Etats-Unis, au Canada ou en Europe du nord, des méthodes de méditation adaptées à l’enfant sont mises en place dans certaines classes depuis 2009. Mais en France, les pouvoirs publics demeurent sceptiques par rapport à ces pratiques, le fruit sans doute d’un rationalisme très éclairé et parfois un peu con car propre à assimiler toute tentative pour aller mieux à du mysticisme débile.

Les livres en libre-service

Au Danemark, en Angleterre et de manière générale dans tous les pays où il fait froid, la pratique de la bibliothèque publique et ouverte est courante : on prend un livre, on le remplace par un autre. Les livres passent de main en main. En France, le truc ne prend pas : les livres sont trop souvent dégradés, voire incendiés, et la culture n’est accessible qu’en passant un portail, fût-il gratuit.

Crédits photo (CC BY-SA 3.0) : Sir James

Le tri sélectif

Plus de la moitié des Français affirment ne pas trier systématiquement leurs déchets. C’est un chiffre alarmant quand on le compare aux bons élèves en la matière, qui sont toujours les mêmes : les pays du nord. Pourtant, la mise en place du tri sélectif en France date du tout début des années 2000 : il est difficile de parler de phase d’adaptation sur un temps aussi long.

Crédits photo (CC BY-SA 3.0) : Ludovic Péron

Le financement individuel des transports publics

La France est championne du monde de la fraude dans les transports. 52% des Français jugent acceptable de frauder dans les transports. Il y a là aussi l’héritage d’une certaine idée du service public à la française, censément gratuit. Pour autant, la fraude dans les transports représente un manque à gagner conséquent qui freine la construction d’infrastructures incluantes pour les populations vivant dans la périphérie.

Crédits photo : Topito

La baisse de la vitesse

A peu près partout dans le monde, les politiques de sécurité routière ont mené à des limitations de vitesse inférieures à celles que l’on connaît. En France, tout est compliqué. Le passage aux 80 km/h sur les nationales a déclenché une levée de boucliers généralisée qui s’est finalement terminée par une délégation aux collectivités locales du pouvoir décisionnel quant à la vitesse maximale autorisée chez eux. Autant dire qu’on est rapidement revenu aux 90 km/h.

On n’est pas des flèches.