Chaque année, en Amérique du Sud, 1/4 de la production globale de cocaïne est destinée à l’Europe. La moitié vise le territoire américain et le reste est destiné à la consommation locale ou à de nouveaux marchés émergents. Pendant longtemps, ces trafics passaient essentiellement par la mer, la route ou via l’affrètement d’avions privés. Mais les dispositifs anti-drogues mis en place par la communauté internationale ont obligé les trafiquants à modifier leur mode de fonctionnement. Désormais, une très grande partie du trafic transite sur des vols internationaux, à côté de gens comme vous et moi qui nous contentons de voyager quand notre voisin, lui, transporte des paquets de coke dans son anus. Et la même réalité prévaut pour le trafic d’héroïne.

La cocaïne

La ligne Bogota - Tegucigalpa

L’essentiel de la cocaïne qui foule le sol américain transite par les cartels mexicains (dont on sait qu’ils ne sont pas des amicales d’amateurs de Scrabble). Pour recevoir la drogue qui est produit en Amérique du Sud, les cartels s’appuient sur différentes routes dont certaines passent par l’aviation commerciale au moyen de mules qui cachent la drogue soit dans leurs affaires, soit dans leur ventre, soit dans leur anus ou leur vagin selon la quantité affrétée. Mais comme la police mexicaine veille (malgré la corruption), la drogue transite surtout par le Honduras et sa capitale Tegucigalpa, avant d’être rapatriée au Mexique voisin. De là, elle sera envoyée aux Etats-Unis la plupart du temps par voie terrestre.

La ligne Cayenne-Paris

Désormais, la Guyane est une plateforme immense du trafic de drogue vers l’Europe. Les gangs du Surinam profitent des frontières très poreuses entre le pays et la Guyane pour acheminer la coke jusqu’à l’aéroport international de Cayenne et les vols en partance pour Paris. Leur technique pour envoyer le bousin vers la France et l’Europe est bien rodée. Chaque vol abrite jusqu’à 30 mules qui acheminent différentes quantités de drogue, en plus de mecs super louches envoyés exprès pour distraire les autorités. L’idée est de faire passer les mecs louches, puis les mules qui transportent peu de drogues en premier, afin de saturer les services de douane et donc de permettre aux vraies mules qui transportent beaucoup, beaucoup de drogues de passer sans encombre. Le problème est tel qu’un député LR a interpellé le gouvernement à ce sujet tout récemment.

Les lignes Lagos, Cotonou, Lomé, Dakar, Bamako, Abidjan, Yaoundé ou encore Ouagadougou - Paris

Pour brouiller les pistes d’un trafic, une bonne solution consiste à ajouter des étapes intermédiaires à l’acheminement du produit. Si vous arrivez directement de Lima ou de Bogota en Europe, il y a fort à parier que les douaniers seront particulièrement attentifs au contenu de vos bagages. En revanche, le contrôle sera évidemment bien moindre en Afrique de l’Ouest en provenance de l’Amérique du Sud, quitte à rallonger un peu le trajet avant de fouler le sol européen. Les trafiquants de cocaïne, basés en Amérique latine et au Mexique, l’ont bien compris. Du coup, ces vols intercontinentaux sont absolument blindés de coke.

La ligne Fort-de-France - Paris

Au cours des dernières années, la Guyane est devenue l’une des principales plaques tournantes du trafic de cocaïne vers la France et, de là, l’Europe. Mais le rôle de la Martinique et de la Guadeloupe dans le trafic n’est pas quantité négligeable. Jusque récemment, l’essentiel de l’exportation pour l’Europe transitait en effet par les Antilles françaises, et souvent par voie aérienne. La drogue, produite en Colombie, transite par le Venezuela et la Martinique, notamment. Ensuite, deux choix : les liaisons maritimes régulières entre Le Havre et Fort-de-France ou, de plus en plus, les liaisons aériennes régulières entre la métropole et l’Outre-mer. En 2014, 4/5 des saisies de cocaïne à Orly provenaient de la zone caraïbes.

L'héroïne

Les lignes Kaboul - Islamabad puis Islamabad - Moscou

L’héroïne est principalement produite en Asie centrale, notamment grâce aux cultures d’opium récoltées en Afghanistan et en Birmanie. Elle est ensuite acheminée vers l’Europe via deux chemins différents.

Le premier emprunte en genre de route de la soie qui transite par le Pakistan – pas le pays le moins poreux du monde malgré la politique extrêmement répressive envers les trafiquants de drogue – avant de rejoindre la Russie. La voie aérienne est très prisée par les trafiquants pour assurer cet acheminement : 20% de l’héroïne saisie en Russie est entrée sur le territoire via un vol commercial banal. De Moscou, il ne reste plus qu’à inonder le marché européen, en passant notamment par l’Ukraine.

Les lignes Kaboul - Islamabad puis Islamabad - Afrique de l'Est

Le deuxième chemin privilégié par les trafiquants d’héroïne est le pendant de celui privilégié par les trafiquants de cocaïne. La drogue transite en Afrique de l’Est avant d’être envoyée en Europe par la mer et par l’aviation commerciale. Là encore, il est très compliqué de contrôler en amont les mules et de les empêcher d’emprunter les lignes aériennes en raison d’états faillitaires et/ou corrompus. Dès lors, c’est lors du débarquement final des passagers en Europe que pourra s’exercer le contrôle, mais les autorités ne disposent pas de moyens suffisants pour contrôler tout le monde efficacement.

Peut-être qu’une solution serait de tout légaliser histoire qu’on arrête avec toutes ces horreurs, mais cette prise de position n’engage que moi.

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Sources : UNODC, Le Monde,