Dans la série des essais assez incontournables pour comprendre de quoi est fait notre maudite planète, il y a Effondrement, comment les sociétés décident de leur disparition ou de leur survie, de Jared Diamond. Ouvrage paru en 2005 dans lequel il livre une analyse (très accessible) sur la disparition de plusieurs sociétés comme l’île de Pâques ou d’autres cours d’effondrement, comme…L’Australie.

Outre le fait que je vous en recommande la lecture, ce top repose en grande partie sur l’essai de Jared Diamond. Je vous rassure, son texte sur l’Australie ne consiste évidemment pas à dire que ce sont des gros beaufs teubés et climatosceptiques (on les embrasse), mais plutôt comment les fondements passés de leur société actuelle mènent le pays à sa perte. Un pays quelque peu paradoxal puisqu’il fait partie des pays du Premier Monde (les pays capitalistes développés, en gros) mais avec un écosystème extrêmement fragile.

BREF, on essaie de vous résumer tout ça ici mais ATTENTION c’est un résumé dans les grandes lignes, je ne peux que vous conseiller en lire le livre pour en saisir toutes les nuances.

Son industrie minière est sa principale source de tunasse mais aussi la première cause de destruction

Les mines de charbon et de fer, ça marche plutôt bien en Australie (c’est d’ailleurs le premier pays exportateur de charbon). Le problème c’est que les exploitations minières surexploitent aussi les ressources renouvelables telles que les forêts, c’est-à-dire qu’elles les exploitent au-delà de leur capacité à se renouveler. On commence déjà avec un zéro pointé, mais poursuivons.

Son sol est naturellement pauvre et asséché

Si ce pays a le taux de croissance de plantes le plus faible c’est entre autre parce que son sol est pourri du uk (formulation pas du tout utilisée par les scientifiques).

En temps normal, les éruptions volcaniques (même passées) aident à renouveler ses éléments nutritifs du col, or l’activité volcanique en Australie a été particulièrement faible les cent derniers millions d’années (bouh les gros nuls).

Les glaciers peuvent aussi aider mais là encore, moins de 1% des terres australiennes ont été recouvertes de dépôts glaciaires. Bon voilà, tout ça c’est la faute de personne mais ça explique pourquoi la terre australienne est un environnement si fragile avec un sol si improductif.

...et on l'a encore plus détérioré avec des activités agricoles

Alors que le sol avait l’air de dire « foutez-moi la paix » on n’a pas manqué d’épuiser ses faibles ressources pour mener à bien une activité agricole à base d’engrais et de coûts de production très élevés. Voilà pourquoi des produits parfois importés de l’autre bout du monde resteront toujours moins coûteux qu’un produit local. Pas très circuit court friendly.

Les premiers colons européens ont abattu tous les arbres en arrivant

On va y revenir mais la situation de l’Australie doit beaucoup à ses premiers colons (des gens charmants comme tout). Les gars ils sont arrivés ils ont vu des arbres ils se sont dit « Banco Bernard, on va tout raser » (il parait qu’il y avait un gars qui s’appelait Bernard). Sauf que c’étaient des forêts primitives, c’est-à-dire qu’elles n’avaient jamais connu d’intervention humaine depuis le début de leur histoire. Or ces forêts ont un écosystème vieux de plusieurs millénaires et portent en elles la majorité des éléments nutritifs (ces mêmes éléments qui manquent au sol). Alors quand les colons rasent tout le bordel en se disant « t’inquiète Gilbert on va replanter des arbres fissa » (ouais y’avait un Gilbert aussi), ils n’avaient pas capté que les arbres abattus étaient si vieux et qu’il allait falloir un peu de patience pour les voir repousser.

Voilà comment de nombreuses zones du pays se sont retrouvées défrichées puis abandonnées une fois qu’on avait compris que la terre y était peu productive. A l’heure actuelle, l’Australie est le continent avec la plus petite zone forestière au monde (en dehors de l’Antarctique). Et la blague c’est que l’Australie continue d’exporter son bois, principalement au Japon qui est pourtant recouvert au 3/4 de forêt. Allez comprendre.

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En plus de tout ça, les pluies y sont totalement imprévisibles

Dans la plupart des régions du monde, on sait plus ou moins qu’en hiver il va pleuvoir davantage qu’en été, et que globalement même si tout se barre en couille avec le climat, il y a des périodes plus sujettes à la flotte ce qui est bien pratique quand on cultive des terres.

Mais en Australie… PAS DU TOUT, la pluie tombe de manière absolument anarchique. Comme les climatologues n’ont pu établir ce constat qu’au XXe siècle, autant vous dire que les premiers colons étaient aux fraises. Manque de pot, quand ils ont débarqué en terre inconnue, l’Australie était dans une phase humide et pluvieuse et ils se sont dit banco. Alors que pas banco du tout mes p’tits potes.

C'est un pays beaucoup trop grand

OK, vous allez me dire c’est pas le seul. Mais le problème, c’est que non seulement il est grand, mais sa population est audacieusement mal répartie : 91% de sa population vit dans les villes et on lui compte 3 habitants par km2, 5 villes regroupent à elles seules 60% de la population, elles sont pourtant éloignées les unes des autres (Perth est à plus de 2000 km de la grande ville la plus proche).

Par ailleurs, contrairement à des pays comme les Etats-Unis ou la France, on n’y trouve pas de villes moyennes. On a des villes surpeuplées, des petites villes sans médecins, sans banques et puis le grand désert. Les villes moyennes n’étant pas en mesure de survivre à des longues périodes de sécheresse.

Les premiers colons sont globalement des anciens bagnards

Vous n’êtes pas sans savoir que l’Australie est une colonie britannique. Bon eh bien au XVIIIe siècle, les Britanniques avaient un petit problème de surpopulation carcérale. Or quand on a trop de gens en prison, on a un peu les miquettes que tout ce joli monde se rebelle. Qu’à cela ne tienne ! On va forcer les prisonniers condamnés pour vols ou dettes à bosser dans les galères.

Voilà comment en 1788, les premier colons européens débarquant en Australie étaient des forçats et les soldats qui les encadraient. Jusqu’en 1868, les bagnards étaient ainsi bazardés au pays des kangourous pour travailler de force dans les différentes colonies du pays. Pas idéal pour le karma.

Problème : il y avait déjà des gens qui étaient là

Bah oui, les aborigènes. C’est-à-dire des gens qui vivaient là depuis 40 000 ans, en harmonie avec cette nature hostile. Bon mais ça, ça faisait partie des joies de la colonisation : on les a tout simplement massacrés histoire de montrer qui qui c’est le patron. On a juste gardé quelques aborigènes pour l’élevage des moutons importés qui étaient notamment menacés par les dingos (un peu psychophobe comme manière de traiter un chien sauvage, mais passons).

Leurs foutus moutons importés...

Comme le mouton mérinos d’Espagne produit une laine plutôt sympa, on en a introduit quelques-uns en Australie jusqu’à ce que la laine devienne le premier produit d’exportation (jusqu’en 1950). Mais les moutons, ça bouffe. Et le sol australien déjà ravagé par la déforestation débile des colons barbares ne vit pas forcément très bien le fait qu’une espèce vienne lui brouter les maigres zones de verdure.

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Et si on remplaçait l'élevage de moutons par des kangourous ? BAH VOYONS

On n’est plus à une connerie près hein. Alors bon quand on a vu que les moutons bousillaient les sols on a fini par abandonner le projet et se rabattre plutôt sur des kangourous, espèce endémique qui a le bon goût de moins détruire le sol avec ses grosses pattounettes sans sabot.

Problème : les kangourous sont pas des gros moutons. Ils ne se baladent pas en troupeaux, sautent n’importe comment et se battent avec des gens (je sais pas où est le con qui a inventé ce kamoulox animal mais qu’il reste caché). Allez donc regarder le film Wake in fright de Ted Kotcheff (le monsieur qui a réalisé Rambo) pour voir comment les chasseurs bourrés partent à l’affut du kangourou la nuit dans l’Outback australien c’est édifiant.

Ils n'ont QUE des espèces invasives

On n’a jamais manqué de vanner l’Australie sur ces animaux totalement éclatés qui la peuplent à base de chauve-souris de taille humaine ou d’araignée de 12 mètres d’envergure (encore des preuves évidentes que l’Australie est une des portes de l’enfer). Mais on pense moins aux lapins tout mignons ou aux renards qui sont bien plus menaçants que n’importe quelle mygale mutante.

V’la l’topo : les colons européens qui n’en étaient plus à une connerie près ont voulu rameuter des animaux qui leur étaient familiers. Mais les lapins se reproduisent à vitesse grand V et bouffent tout ce qui traîne, une vraie saloperie. A ceci on rajoute les renards qui chassent de petits mammifères endémiques dont la population a drastiquement chuté (d’autant plus que les lapins ne leur laissaient rien à bouffer). A tel point qu’on a sciemment introduit la myxomatose dans les années 50 pour buter une bonne fois pour toutes tous ces lapinous. Avouez que c’est cocasse.

On n’oublie pas l’introduction des crapauds en 1935 pour lutter contre des insectes nuisibles pour les cannes à sucre et qui se sont reproduits tranquillement sur 40 000 km2 avec un durée de vie de 20 ans (je précise qu’ils sont venimeux et non comestibles mdrrrr).

Sans surprise c'est donc un des pays les plus impactés par le réchauffement climatique

Mais heureusement on se marre bien à faire cuire des oeufs avec la simple chaleur du soleil, trop golri le thermomètre à 55 degrés !

...qui a tout de même eu à sa tête un Premier Ministre hautement climatosceptique

On est bien content qu’ils aient enfin dit adieu à Scott Morrisson, une vraie belle personne.

Alors oui c’est sûr qu’il y a des choses qui surprennent la première fois que tu viens en Australie, mais la plupart s’explique par une accumulation d’erreurs passées à commencer par la colonisation d’une terre qui aurait mérité qu’on la laisse tranquille.