Avant même la finale de cette édition de la Coupe du Monde, certaines voix suggéraient que ce Mondial Brésilien avait peut-être déjà marqué l'Histoire de son empreinte et resterait même comme l'un des plus beaux, sinon LE plus beau de tous les temps. La propension des gens à vouloir croire qu'ils ont vécu l'Histoire et que tout ce qu'il s'est passé avant n'est que de la merde a fait le reste : l'équation "plein de buts" + "une grosse branlée qui fait rire sur Twitter" = "Best World Cup Ever" a trouvé des partisans. C'est heureusement faux, et cette Coupe du monde, si elle était très sympa, n'a pas marqué la glorieuse histoire du foot.

  1. Des stars qui ne sont pas au rendez-vous
    Entre les absents (Ribéry, Ibrahimovic, Falcao), les blessés et les suspendus en cours de route (Neymar, Suarez, Di Maria...) et ceux qui ont été en dessous des attentes (Messi, Ronaldo), on ne peut pas dire que cette Coupe du Monde a été le point focal de la saison. Pelé était là en 1970, Beckenbauer et Cruijff étaient là en 1974, Maradona en 1986, Zidane et Ronaldo en 1998...
  2. Trop de pénalties, beaucoup trop
    Des pénalties pour faire grossir le nombre de buts, dès le Brésil-Croatie et tout au long de la compétition, mais surtout des pénalties pour décider d'un vainqueur. Conséquence : 3 équipes sont invaincues dans le jeu pendant ce Mondial : l'Allemagne, mais aussi les Pays Bas et le Costa Rica. Finalement, ces trois équipes peuvent se dire qu'elles méritent le titre de Champion du Monde. En 1970, une seule équipe est invaincue, le Brésil, incontestable champion du Monde.
  3. Pas de grand match
    Il y a eu Italie-RFA en 1970, France-RFA et Italie-Brésil en 1982, RFA-Hongrie en 1954, France-Brésil et France-Italie en 2006, Brésil-Uruguay en 1950... et en 2014? Ah si, il y a eu ce Brésil-Allemagne qui a bien fait rire sur les réseaux sociaux, mais qui n'a pas contribué à faire de cette Coupe du Monde une compétition sérieuse.
  4. Les matchs disputés à 13h
    On aura du mal à donner le titre de "plus beau mondial de l'histoire" à une compétition qui aura sacrifié la qualité du spectacle et le confort des joueurs pour des impératifs de diffusion. Les matchs à 13h heure locale (18h chez nous) ont été globalement chiants.
  5. Le meilleur joueur du Mondial est Lionel Messi
    Messi bouffe la feuille de match en finale, semble à l'économie depuis le début de la compétition et ne semble pas très concerné par le destin de son équipe nationale. Si il obtient ce titre qu'il ne mérite pas, c'est que personne ne se détache vraiment pour lui contester. Müller? Robben? Deux joueurs qu'on a davantage vu discuter avec l'arbitre et se rouler par terre que participer au jeu... Si cette Coupe du Monde était si belle, on aurait quelques héros à célébrer. Ce n'est pas le cas.
  6. Des grosses équipes qui passent au travers
    Ca arrive à chaque fois, mais ce n'est jamais un critère de qualité. L'Espagne, l'Italie et dans une moindre mesure l'Angleterre et le Portugal, la crème des joueurs qu'on a vu briller en Ligue des Champions cette saison est déjà rentrée chez elle à l'issue du 1er tour. Pour beaucoup, un titre en club est plus important qu'une consécration avec la sélection, et bientôt la Coupe du Monde sera aussi prestigieuse qu'un titre olympique de football. Sergio Ramos voulait "la decima" plus que la Coupe du Monde et C. Ronaldo s'en fout, il a battu le record de but en C1 cette année. Il sera encore en course pour le Ballon d'Or, et c'est cela le plus important.
  7. La victoire de l'Allemagne
    La dernière fois que l'Allemagne a gagné, c'était en 1990, et ce n'était pas terrible. Mais si cette année l'Allemagne est un beau champion, c'est toujours douloureux de voir un vieux mythe tomber : jamais aucune équipe européenne ne s'était imposée en Amérique Latine, c'est désormais fini, il n'y a plus de citadelle imprenable.
  8. Des décisions disciplinaires étranges
    La "goal-line technology", c'était super, bravo. Mais pourquoi ne pas aller au bout et officialiser l'arbitrage-vidéo? Puisque Suarez a été banni de ce Mondial sur la base des images télévisées, pourquoi ne pas avoir exclu Robben et Fred pour leurs simulations, pourquoi ne pas avoir sorti Giroud et Sakho pour leur coups de coude dans la gueule des joueurs du Nigéria? Ou alors on respecte la décision de l'arbitre, et on aurait eu Suarez contre la Colombie.
  9. Miroslav Klose est devenu meilleur buteur du Mondial
    Alors pas de racisme anti-allemand, respect pour le géant polonais, mais on préférait quand même quand c'était Ronaldo (le vrai) qui détenait ce record. Peut-être parce que Miroslav en a marqué une bonne moitié de la tête et le reste en tacle. Se dire que quelque part, Klose a davantage marqué l'Histoire du foot que le Brésilien Ronaldo, ça fait bizarre.
  10. Il ne suffit pas de compter les buts
    Parce que finalement, c'est un peu ce critère qui a enflammé tout le monde. 171 buts, dont ceux de cet improbable Brésil-Allemagne, c'est le score du Mondial en France en 1998. Et sur ces 171 buts, il y a le but d'Owen face à l'Argentine, celui de Bergkamp, celui de Sunday Oliseh contre l'Espagne, celui de Ilie contre la Colombie... En fait, la plus belle coupe du monde de l'Histoire, c'est celle de 1998, et puis c'est tout.

Et vous, vous en parlerez comment de ce Mondial à vos petits-enfants?