Ils ont connu la gloire de leur vivant, ont parfois créé des personnages appartenant au patrimoine culturel et ont écrit les pages les plus emblématiques du roman-feuilleton. Et pourtant, leur nom est aujourd'hui inconnu.Voici le Panthéon de la Lose, dix écrivains oubliés à redécouvrir.

  1. Eugène Sue (1804-1857)
    Son nom vous dit peut-être vaguement quelque chose: il n'est autre que l'auteur des Mystères de Paris, le premier "vrai" roman-feuilleton écrit directement en épisodes. Un véritable raz-de-marée à l'origine de la mode des Mystères urbains-chaque ville aura les siens, comme ça pas de jaloux, une adaptation pour la télévision avec Jean Marais et l'un des premiers feuilletons radiophoniques. "Les malades attendaient pour mourir la fin des Mystères de Paris" semble-t-il. Ce roman-fleuve (pas très bien écrit il faut le dire) a même inspiré Les Misérables de vous-savez-qui.
  2. Pierre Alexis de Ponson du Terrail (1829-1871)
    Une oeuvre aussi longue que son nom; Ponson du Terrail a écrit 200 romans et feuilletons en 20 ans. Son personnage-phare, Rocambole, l'a rejoint dans les tréfonds de l'oubli, mais a donné son nom à l'adjectif "rocambolesque". Une sorte de consécration, finalement.
  3. Frédéric Soulié (1800-1847)
    Aussi célèbre que Balzac durant sa brève existence, ce grand nom du Club des "Hein-qui-ça?", avait un penchant certain pour le pouêt-pouêt, puisque ses oeuvres majeures (aujourd'hui oubliées) s'intitulent Les deux Cadavres et Les Mémoires du Diable.
  4. George William MacArthur Reynolds (1814-1879)
    Les Britanniques aussi ont eu droit à leurs Mystères: Reynolds, plu lu que Dickens, que Thackeray (Barry Lyndon, Vanity Fair...) était décrit dans sa nécro comme "l'écrivain le plus populaire de [notre] époque".(au sens "célèbre", comme dans "Le Fouquet's est une brasserie populaire" in Les Mystères de la Langue Française de Christian Estrosi). Ses Mystères de Londres suscitèrent presque autant d'enthousiasme que leur modèle français. En plus il y a du cul, ce qui explique sans doute son succès.
  5. Paul Féval (1816-1887)
    Celui qui s'est lancé dans la littérature populaire avec sa propre version, très sociale, des Mystères de Londres, est surtout connu pour son héros: celui qui viendra à toi si tu ne viens pas à lui, Lagardère, protagoniste du Bossu, a connu de nombreuses adaptations en images qui bougent. (au moins une dizaine).
  6. Pierre Souvestre (1874-1914) & Marcel Allain (1885-1969)
    Ces deux écrivains de la Belle-Epoque ont sombré avec leurs congénères malchanceux dans le sous-sol de la para-littérature. Pourtant, ils ont créé Fantômas, un héros au succès très rapide: il prend vie à l'écran dès 1913. Redécouvert et immortalisé par les films avec Jean Marais et Louis de Funès, cette nouvelle version n'a plus grand-chose à voir avec l'original.
  7. Emile Gaboriau (1832-1873)
    Tellement inconnu au bataillon qu'il ferait passer Frédéric Soulié pour une gloire éternelle, Emile Gaboriau n'est pourtant rien de moins que le père du roman policier. Si son personnage, l'inspecteur Lecoq, n'a pas été porté à l'écran sous les traits de Robert Downey Junior, il est la principale inspiration du détective Sherlock Holmes.
  8. Maurice Leblanc (1864-1941)
    Le nom du créateur d'Arsène Lupin ne survit guère aujourd'hui qu'entre les pages de BD et sur les génériques d'adaptations des aventures du Gentleman Cambrioleur. C'est le seul à ce jour qui puisse se vanter, depuis sa tombe, d'avoir été adapté en manga (Lupin III), puis en anime (Edgar de la Cambriole en VF) et même en long-métrage par Myasaki himself.
  9. Gustave Aimard (1818-1883)
    Très célèbre en son temps, ce passionné de l'Ouest américain est passé depuis à la trappe. Un comble pour l'auteur des Trappeurs de l'Arkansas. (le jeu de mot, c'est cadeau).
  10. Michel Zévaco (1860-1918)
    Ce journaliste anarchiste s'est aussi essayé au feuilleton. Si de nos jours, sa saga de cape et d'épée, Les Pardaillan, n'est plus vraiment lue, elle a suscité quelques adaptations dans les 60's, ainsi que cette relecture surprenante mais non dénuée d'intérêt.