Le billard, c’est le jeu classique des bars et des pubs. En France, on devrait parler du billard français, mais le problème c’est que, quoi qu’en disent les gens qui estiment que c’est « plus stratégique », le billard français, c’est chiant. On parlera donc du billard américain et du pool, le billard anglais, parce que de toute façon c’est le plus répandu. Et on essaiera de gagner.

Se mettre d'accord sur les règles

Parce qu’il y a presque autant de règles qu’il existe de joueurs de billard. Déjà, il faut voir avec quoi on joue : est-ce que c’est un pool (billes rouges et jaunes) ou un américain (rayées et pleines, billes numérotées) ? Ca ne change pas grand’chose a priori, si ce n’est la taille des billes, mais ça peut changer, car certains ne jouent pas au même jeu selon s’il s’agit de l’un ou de l’autre. Je vous donne en gros mes règles, mais l’essentiel est de se mettre d’accord avec les personnes avec qui l’on joue.

On tire au sort qui casse (il y’a un schéma de placement des billes dans le triangle, mais passons). Le premier qui rentre une bille décide du type de bille qu’il compte jouer : s’il a rentré une jaune, il jouera les jaunes, s’il a rentré une rouge, les rouges, s’il a rentré une rayée (à l’américain), il jouera les rayées et s’il en a rentré une pleine (à l’américain), les pleines. S’il en rentre deux d’un coup de deux catégories différentes, il peut choisir.

Ensuite, tant que le joueur continue à rentrer ses billes, il continue à jouer. S’il rate, il passe la main à l’autre. S’il touche la bille de l’autre en premier, celui-ci bénéficie de deux coups quoi qu’il arrive, même s’il ne rentre pas de bille au premier. S’il rentre la blanche, on replace celle-ci à sa position initiale, sur la ligne ou dans le cercle dessinés sur le tapis. Le joueur doit aller tirer, mais il n’a pas le droit de tirer en arrière : il ne peut jouer que vers l’avant.

Lorsqu’un joueur a fini de rentrer toutes ses billes et qu’il n’y a donc plus qu’une seule couleur sur la table, les deux coups n’existent plus.

Quant à la noire, elle doit être empochée en dernier, après toutes les autres billes de sa couleur. Personnellement, j’annonce la poche où elle doit rentrer. Ensuite, je ne peux plus changer de poche. Si jamais la noire rentre dans la mauvaise poche ou que la blanche entre en même temps que la noire, la partie est gagnée par l’autre.

Bien choisir sa queue

Dans les bars, il y a des dizaines de queues de billard toutes plus merdiques les unes que les autres. Souvent, elles sont tordues, font des échardes, ont leur procédé (le bout) dévissé, sont trop petites, accrochent… Il faut prendre la moins pire. L’ordre des choses importantes à vérifier : le procédé est-il bien droit ? La queue n’est-elle pas trop tordue ? N’est-elle pas trop courte ? Enfin, est-ce qu’elle ne colle pas trop ? Ce dernier point peut être pénible, mais on peut gérer le coup en utilisant la craie le long de la queue pour la faire glisser, comme du calque. Le reste, c’est plus chiant.

Bien positionner sa main

Comme pour les règles, chacun a son truc pour positionner la main qui servira à viser. Certains la font passer au milieu d’un anneau délimité par le pouce et l’index, en suspension au-dessus des autres doigts, mais ce n’est pas le mieux. Le mieux, c’est de mettre sa main comme pour faire un triangle, près de la blanche. Seul le pouce est écarté des autres doigts et forme, avec la métacarpe de l’index, un genre d’angle droit. C’est entre le pouce et la métacarpe que l’on va faire glisser la queue.

Viser en se baissant

Il faut prendre le temps de jouer. Pour calculer un angle, le mieux est de le voir en ligne droite, en ligne directe : il ne faut donc pas hésiter, quitte à ce que tout le monde se foute de votre gueule, à vous accroupir pour mettre votre visage au niveau du tapis et ainsi bien voir à quel endroit la bille doit être touchée pour se diriger dans la bonne direction. Le mieux est même de trouver le positionnement exact dans lequel on doit jouer la bille en s’accroupissant, puis de ne plus bouger les pieds au moment de se positionner. Si au moment de la visée, on a un doute, il ne faut pas bouger la main mais recommencer le processus.

Approcher le plus possible son visage de la queue

Toujours dans la même idée : plus votre visage frôlera la queue, plus il sera proche du tapis et plus vous aurez une vision précise de ce que vous êtes en train de faire, sans déformation de perspective. Si vous jouez le nez en l’air, vous allez faire n’importe quoi.

Au moment de jouer, il faut d’abord viser l’emplacement de la blanche que l’on veut frapper et faire des petits allers-retours de la queue pour positionner cette cible. Ensuite, le regard doit se focaliser sur l’endroit où l’on veut toucher la bille et ne pas le quitter des yeux. On frappera ensuite la blanche pas trop fort. Le billard est petit : la plupart du temps, jouer fort ne sert à rien.

Ne pas tenter l'impossible

Bien sûr, on a envie de se prendre pour Paul Newman et donc jouer des trucs impossibles. Sauter au-dessus d’une boule adverse et rentrer la sienne après une bande du côté opposé de la table tout en en poussant, sur le chemin, une autre qui était mal placée vers une poche afin de pouvoir la rentrer facilement après. Sauf que c’est quasiment impossible et que c’est à cause de petits coups ratés qu’on perd. Il vaut mieux se concentrer sur des choses faciles, que l’on sait faire, et ne pas hésiter à ne rien faire pour faire chier l’autre si on ne sait pas comment se tirer d’une situation inextricable.

Ne pas hésiter à faire chier tout le monde

C’est là tout le côté pervers du truc. Le but, au billard, est d’être le premier à empocher ses billes pour ensuite mettre la noire. Pas d’empocher ses billes. Juste d’être le premier. Imaginez que vous n’ayez rien de très facile à jouer mais que l’adversaire, s’il récupère la main, ait de nombreuses opportunités d’empocher des billes : l’urgent est de le coincer, pas de rentrer une bille hypothétique. Dès lors, on peut viser ce qu’on appelle la position snooker, qui a donné son nom à une variante géante du billard. Le snooker, c’est quand il est impossible de jouer en voie directe sans faire de faute. Exemple : la blanche est coincée entre la bande et une rouge. Et je dois jouer les jaunes. Et je suis dans la merde.

Réussir à mettre l’adversaire dans une telle situation, c’est s’assurer qu’il va commettre une faute et donc se donner les moyens d’avoir deux coups pour s’ouvrir le jeu. Il ne faut donc pas hésiter à faire la petite pute : jouer des coups tout mous juste pour effleurer l’une des ses billes et gêner l’autre, éloigner au maximum la blanche d’un coup facile pour l’autre plutôt que de tenter des choses difficiles.

Eviter au maximum les poches du milieu

Sur les billards que l’on trouve dans les bars, il y a bien souvent des rembourrages en plastique au niveau des poches. Ces rembourrages sont des plaies. Vous jouez trop fort, ça fait bong. Vous visez un tout petit peu à côté, ça fait bong et ça ressort. Quand on est face à la poche du milieu, ça ne pose pas de problème. Mais quand on doit jouer avec des angles et des effets, c’est l’enfer. En gros, voilà l’idée : plutôt que de jouer un coup court qui semble facile mais demande un angle pour empocher une bille au milieu, il vaut mieux tenter le truc un TOUT PETIT peu plus dur sur la poche du fond. Il y a beaucoup plus de chances pour que ça fonctionne ou que, du moins, vous ayez placé votre bille pas trop mal.

Penser au replacement de la blanche

Un peu plus technique, le replacement de la blanche est la vraie clé du billard. Si chaque coup que vous jouez est simplement la confrontation du hasard d’où se trouve la blanche avec le hasard d’où se trouve vos billes, vous avez toutes les chances d’avoir régulièrement des coups durs à jouer. L’avantage de continuer à jouer quand on empoche une bille est que l’on peut décider de la physionomie de la partie en pensant au replacement de la blanche. En gros, voilà ce qu’il faut savoir :

– Si l’on joue la blanche sèchement au milieu, elle devrait s’arrêter après impact avec la bille.

– Si l’on joue la blanche légèrement vers le haut en coulée (la queue accompagne alors le mouvement de la blanche), elle continuera sa course après impact avec la bille.

– Si l’on joue la blanche vers le bas, elle prendra un effet rétro après impact avec la bille. La puissance de cet effet dépendra de l’intensité de l’impact initial de la queue avec la blanche : un coup sec et elle reviendra fort en arrière, un coup en coulée et elle fera doucement une petite machine arrière.

Ne pas trop boire

Parce que quand tu es déglingue, tu fais n’imp’.

Et à la fin, tu peux imiter la pool.