Il existe des endroits plus flippants que d’autres dans le monde, par exemple le temple maudit de Bhangarh ou le dernier étage de la maison de ma tante qui est super creepy parce qu’on a l’impression d’y entendre des bruits de pets en permanence alors que personne n’y habite. Aujourd’hui on va parler du champ de gaz naturel de Derweze au Turkménistan, qu’on appelle aussi la porte des Enfers, un nom pas forcément très engageant.

La plus grande réserve de gaz au monde ?

Le champ de gaz de Derweze est un cratère situé dans le désert de Karakoum et un gisement d’hydrocarbures tout ce qu’il y a de plus naturel comme on peut en trouver à pas mal d’endroits du monde. Jusqu’ici pas de quoi faire un top vous allez me dire, sauf que c’est l’un des six plus gros gisements du monde découvert à ce jour et qu’on ne peut même pas en récupérer le gaz à cause d’une grosse connerie faite par l’homme.

C'est à cause d'un accident provoqué par l'humain que le cratère a été créé

C’est en 1971 que les soviétiques ont découvert ce gisement en pensant qu’il s’agissait potentiellement d’un nouveau stock de pétrole à vider. Ils ont donc installé une grosse pompe pour aller piller les ressources, mais le poids de la machine a fait s’effondrer la roche et tomber la pompe dans le vide, créant au passage un imposant cratère. Sauf qu’en ouvrant le sol, d’importantes quantités de méthane ont commencé à s’évaporer en continu, ce qui peut devenir évidemment toxique pour les locaux qui habitent pas loin du site, et ça c’est jamais un bon critère quand on cherche à s’installer dans le périmètre.

Crédits photo (CC BY-SA 2.0) : flydime

Les scientifiques n'avaient pas d'autres solutions que de mettre le feu au gaz

Comme il s’évaporait des doses importantes de méthane depuis le cratère, il était impossible de récupérer le gaz pour en faire des réserves, c’était donc un bon échec. Mais comme ils ne pouvaient pas se tirer comme ça et laisser la population dans la merde, les soviétiques ont fait évaluer la situation à des scientifiques qui ont décidé que la seule façon de mettre fin à tout ce bordel était d’y mettre le feu. On va faire la vanne tout de suite avant qu’elle ne nous empêche tous de continuer : oui, c’était un peu comme enflammer un gros pet de la planète Terre.

"Quelques semaines de combustion tout au plus"

Les scientifiques ont donc décidé de foutre le feu à ces évaporations de méthane pour les empêcher de se répandre dans l’air, à l’époque on estime le temps de combustion à quelques semaines, après quoi la plupart du gaz devrait avoir brûlé et les flammes s’éteindre d’elles même. C’était en 1971, nous sommes en 2023 et ça brûle encore à plein régime cinquante-deux ans plus tard. Y’a eu une erreur de calcul.

Crédits photo (CC BY-SA 2.0) : Tormod Sandtorv

On a déjà tenté une exploration du cratère

C’est en 2013 qu’on a fait descendre dans le cratère en feu un aventurier canadien avec une tenue ignifugée et des équipements d’escalade en kevlar. L’idée était d’aller étudier l’intérieur pour voir ce qu’il s’y trouvait et récupérer des prélèvements. On a d’ailleurs découvert plusieurs micro-organismes dans la terre qu’il avait prélevé, comme quoi la vie trouve toujours son chemin comme disait le mec de Jurassic Park.

C'est la population locale qui a rebaptisé le secteur "la porte de l'enfer"

Et en même temps quand vous avez un trou de la taille d’un terrain de foot duquel sort un gaz mortel et qui brûle continuellement depuis plus de cinquante ans à côté de chez vous ça peut sembler assez logique de rebaptiser le truc avec un nom pas forcément positif.

Crédits photo (CC BY-SA 2.0) : Tormod Sandtorv

Des milliers d'araignées s'y jettent chaque nuit pour crever

La nuit on peut observer des centaines et des centaines d’araignées sortir du sable et s’avancer jusqu’au précipice avant de se lancer dans les flammes pour y mourir. Ce n’est pas forcément un suicide collectif d’araignées, du moins ce n’est pas prouvé, mais vous avez le droit d’y croire. En réalité les scientifiques pensent que ces pauvres créatures sont simplement attirées par la lueur qui s’échappe du cratère et se retrouvent brulées sans vraiment le vouloir. C’est triste.

On cherche toujours un moyen d'éteindre le feu

En cinquante ans autant vous dire qu’un paquet de théories ont été élaborées et étudiées pour éteindre la flamme éternelle et stopper l’évacuation de gaz. Essayer d’éteindre les flammes n’empêchera pas le gaz de monter, le reboucher avec de la terre non plus. On a même pensé à jeter une bombe nucléaire dedans, vu que c’est une solution qu’on a déjà tenté de faire en Ouzbékistan mais c’est pas super, dans le sens ou ça relâche des trucs encore pires dans l’air.

Crédits photo (CC BY 4.0) : Bjørn Christian Tørrissen

Il y a une mine d'or à l'intérieur (enfin de gaz)

Si on part du principe que le gaz est une énergie qui vaut beaucoup d’argent autant vous dire qu’à l’intérieur du gouffre se trouve un paquet de pognon, sauf qu’entre les flammes et le méthane qui s’en échappent il n’y a aucun moyen de le récupérer. Est-ce que les hommes d’affaires devront accepter que ce butin reste inatteignable et devront y renoncer à tout jamais ? Oui. Est-ce qu’ils y arriveront ? Non, probablement pas.

On y enregistre l'une des températures les plus élevées au monde

Si cela semble assez logique qu’il fasse super chaud à côté d’un cratère enflammé en plein désert, on réalise assez mal à quel point la température du cratère est brûlante. Si on part du principe que la température de l’air la plus élevée jamais enregistrée sur terre est celle de la vallée de la mort en 1913 et qui s’élevait à 56,7°, sachez que la plus élevée mesurée dans la fosse était de 370°. Ouais, une crème solaire ne sera pas suffisante.

Crédits photo (CC BY 3.0) : flydime

Et si vous aimez la nature vous pouvez aller voir les phénomènes naturels les plus rares expliqués, et si vous aimez VRAIMENT la nature, préservez la.

Sources : The Travel, Teche Blog, Geology, Whistling Hound.