Dire qu’un endroit touristique est hanté est un peu devenu un ressort commun pour vendre des tickets aux visiteurs courageux qui veulent se faire une petite frayeur. Entre légendes, arnaques, faits avérés et exagérations certains endroits sont devenus avec le temps des symboles du genre, et aujourd’hui on va s’intéresser à l’un d’entre eux : le fort de Bhangarh, surnommé « la ville des fantômes » ou « l’endroit le plus hanté d’Inde », rien que ça.

Une ville magnifique

À l’origine, le fort de Bhangarh a été construit au 17ème siècle par Bhagwant Das, Raja de l’état de Jaipur (équivalent de monarque en Inde) comme résidence pour son fils Man Singh I. Situé au Rajastan, plus précisément dans le district d’Alwar, le fort était surtout à la base une ville magnifique nichée au pied de montagnes et collines. Mais tout ça c’était avant qu’une malédiction frappe l’endroit et ne pousse ses habitants à se tirer vite fait en désertant les lieux inexplicablement, ou à se faire massacrer totalement, l’histoire diffère selon les légendes.

Crédits photo (CC BY-SA 4.0) : Chainwit.

Un site archéologique bien conservé

Architecturalement, le fort est composé de quatre grandes portes faisant office d’entrées pointant vers la direction de quatre villes : la porte de Dehli (Inde), la porte de Lahore (Pakistan), la porte d’Ajmer (Inde) et la porte de Phulbari (Bangladesh). On y trouve plusieurs temples érigés à proximité de chaque porte, tous en l’honneur de différentes divinités (Hanuman, Gopinath, Someshwar, Ganesh, Keshav Rai, Mangla Devi…), un palais royal, un grand bazar (le marché principal de la ville), plusieurs habitations et autres constructions diverses.

Crédits photo (CC BY-SA 4.0) : Chainwit.

Les différentes légendes : La malédiction de l'ermite

Qui dit lieu hanté dit forcément légende sordide, et deux grosses légendes entourent le fort de Bhangarh qui pourraient « expliquer » le fait que c’est super flippant et qu’il ne faut vraiment pas y aller.

La première est celle de Guru Balu Nath, un ascète, un genre d’ermite qui cherche la perfection du corps et de l’esprit par l’isolement et la méditation. On dit qu’avant de faire construire le fort, Bhagwant Das aurait demandé à Guru Balu Nath sa permission, car il vivait dans ce secteur. Celui-ci lui aurait accordé le droit de construction à une seule condition : jamais le fort ne devrait faire d’ombre à sa maison, sans quoi il se vengerait. Vous voyez venir le truc ? Après des travaux d’agrandissement, le fort a effectivement plongé la maison de l’ermite dans l’ombre et celui-ci est venu se venger en jetant une malédiction sur les lieux : tous les toits des bâtiments s’écrouleraient et ne pourraient jamais être construits à nouveau. Il devait avoir une embrouille avec les couvreurs le Guru.

Crédits photo (CC BY-SA 4.0) : Chainwit.

Les différentes légendes : La princesse de Bhangarh

Une autre explication pour la malédiction du fort raconte l’histoire de Ratnavati, la princesse de Bhangarh dont on dit qu’elle était d’une beauté incroyable, un genre de Kim Kardashian de l’époque vu qu’apparemment c’est les standards d’aujourd’hui. Un sorcier serait tombé complètement sous son charme et aurait eu la bonne idée de jeter un sort sur une huile de massage pour la rendre amoureuse. Mais la princesse ayant eu vent de son plan à la con aurait jeté l’huile de massage maudite sur un gros rocher des environs. Quelque temps plus tard, le gros rocher aurait roulé jusqu’à écraser le sorcier qui, dans son dernier souffle, aurait maudit la ville. L’année d’après, le monarque du fort perdait la guerre et toute son armée se serait fait massacrer sur le champ de bataille, laissant la ville en proie aux ennemis qui auraient également tué toute la population. On dit que la princesse est pour sa part condamnée à errer dans les ruines la nuit et qu’on peut l’entendre se lamenter et sangloter, parce que ça ne se passe visiblement jamais bien quand une femme refuser les avances d’un sorcier, Disney nous aura au moins appris ça.

Crédits photo (CC BY-SA 4.0) : Chainwit.

L'explication la plus probable : l'abandon de la ville pour une autre

La raison qui semble la plus crédible à la désertion du fort serait qu’après la mort du monarque Chatr Singh, les habitants se soient divisés : certains ont tout simplement décidé d’aller dans une ville voisine construite par Ajab Singh et le reste a décidé de continuer de vivre à Bhangarh. Mais quelques années plus tard une vague de famine a frappé la ville, ce qui aurait logiquement poussé les rares habitants restants à quitter une bonne fois pour toute le fort en quête d’un autre logement. Ça fait moins flipper et c’est moins spectaculaire, mais ça reste plus probable.

Crédits photo (CC BY-SA 4.0) : Chainwit.

Des témoignages d'activités paranormales

Plusieurs locaux et visiteurs décrivent des sensations étranges sur les lieux et ce même la journée. L’impression d’être suivi, sentiment d’anxiété et de stress, vision de fantômes, bruits étranges, oppression et autres sensations de présences maléfiques sont assez communes. Une bande d’enfants locaux aurait tenté de passer la nuit dans les lieux malgré l’interdiction de leurs familles et ils auraient entendu les pleurs d’une femme, ce qui les aurait poussés à prendre la fuite. En arrivant chez leurs parents, ils auraient tous décrit le même sentiment : en fuyant la ville, ils ont eu l’impression de voir tous les murs s’écrouler, comme si les lieux s’effondraient en tentant de les aspirer. Sympa, hein ?

Crédits photo (CC BY-SA 4.0) : Chainwit.

De nombreux suicides dans l'enceinte du fort

Mais ce ne sont pas uniquement des légendes qui entourent le lieu, de vraies morts ont eu lieu dans les environs. On compte déjà plusieurs suicides dans l’enceinte du fort, mais ce genre d’endroits avec une « aura maléfique » pouvant attirer des gens voulant mettre fin à leur jour, c’est toujours un beau raccourci d’y trouver un rapport avec une malédiction. Ça fait clairement penser à la forêt des suicides au Japon.

Crédits photo (CC BY-SA 3.0) : Himanshu Yogi

Des disparitions et accidents variés

Plusieurs histoires de disparitions entourent le lieu puisqu’on dit que la plupart des gens ayant tenté d’y passer la nuit ont tout simplement disparu pour ne jamais être retrouvés. L’histoire la plus connue est celle de trois hommes qui ont voulu y rester toute une nuit quand l’un d’eux a trébuché dans un puits. Blessé, ses deux compagnons ont réussi à l’en faire sortir et à le ramener à leur voiture pour l’emmener en urgence à l’hôpital, sauf que sur la route, ils ont eu un accident de voiture et sont tous morts sur le coup. Ce qui peut aussi s’expliquer par le fait qu’en roulant vite à cause de la panique, on peut faire n’importe quoi au volant.

Crédits photo (CC BY-SA 4.0) : Chainwit.

"Personne n'entre dans l'enceinte du fort à la nuit tombée"

Avec tous ces accidents, suicides, histoires de fantômes, bruits étranges et visions cauchemardesques, le gouvernement a tout simplement décidé de fermer l’enceinte du fort à la nuit tombée. Il est donc désormais interdit de se rendre dans le lieu la nuit et la présence dans les ruines après le coucher du soleil est prohibée pour éviter des accidents stupides. D’autre part, les touristes étrangers doivent parfois obtenir un permis spécial pour visiter le fort, trop d’accidents et surtout d’irrespect des lieux ayant été observés par ces derniers. Les touristes c’est quand même souvent des gros cons en même temps.

Crédits photo (CC BY-SA 4.0) : Chainwit.

La ville sans toits

Malédiction ou non, un fait assez étrange entoure quand même les ruines de la ville : plus aucune habitation n’a de toit. On dit qu’à chaque fois qu’un habitant a tenté de reconstruire son toit il se serait écroulé, causant d’ailleurs plusieurs morts au passage. Ce qui est assez étonnant c’est qu’au contraire des habitations de villageois, la plupart des temples dédiés aux divinités ont encore leurs toits qui tiennent après plusieurs siècles, et ça c’est quand même chelou.

Crédits photo (CC BY-SA 3.0) : Himanshu Yogi

Et si vous préférez les fantômes bien de chez nous allez voir les lieux les plus hantés de France, y’a de belles balades dans le coin.

Source : The hindu, Times of India, Thomas Cook, Wikipedia, Travel leisure.