Quand un détenu s’évade, il a peu de chances de s’en tirer. 90% des personnes en cavale sont chopées dans les 6 mois après leur évasion. Les autres ont généralement gagné un territoire étranger où ils se planquent pour ne jamais être retrouvés. Mais il y a des exceptions et certains évadés réussissent à échapper longtemps, très longtemps aux autorités, sans forcément s’expatrier.

56 ans de cavale pour un homme de 71 ans

En 2015, Frank Freshwaters a été arrêté aux Etats-Unis, après 56 ans de cavale. Dans les années 50, il avait renversé volontairement un piéton dans l’Ohio et s’était échappé lors d’un transfert d’établissement pénitentiaire. Après avoir changé de nom, Freshwaters a travaillé comme chauffeur de camion puis pris sa retraite en Floride. Confondu par ses empreintes digitales, il a affirmé « n’avoir pas vu cet homme depuis très longtemps » lorsque les enquêteurs lui ont présenté une photo de lui à l’âge de son arrestation. C’est plutôt classe.

48 ans de cavale

Le 16 mai 2016, la police débarque dans la cuisine de Robert Stackowitz. A 71 ans, il a commis une erreur en révélant sa véritable identité à la sécurité sociale. C’est que Stackowitz est un évadé en cavale. Incarcéré en 1968 pour vol à main armée et condamné à 18 ans de prison en 1966, Stackowitz s’était évadé en 1968 et a totalement reconstruit sa vie. 50 ans d’une vie rangée à enchaîner les petits boulots avec une femme qui ignorait tout de son passé. Atteint d’un cancer et sans histoire depuis son évasion, il espère que sa peine sera commuée.

Abderhamane Gueboub, 42 ans de cavale mais toujours pas chopé

Condamné par contumace en 1987 pour un double meurtre survenu 10 ans plus tôt, Abderhamane Gueboub est en cavale depuis plus de 42 ans. Probablement âgé de 66 ans aujourd’hui, il n’a jamais été retrouvé. Son cas constitue la cavale la plus longue des annales judiciaires françaises.

Le fugitif américain chopé au Portugal après 41 ans de cavale

En 1962, George Wright, âgé de 19 ans, assassine Walter Patterson alors qu’il est en train de cambrioler sa station-service. Mais Wright ne tarde pas à s’évader, dès le mois d’août 1970. Il rejoint l’Armée de libération des noirs et détourne un avion vers Alger. Depuis, Wright vivait en Europe après un long séjour en Guinée-Bissau. Il a été trahi par ses empreintes en 2011 et s’est opposé à son extradition.

36 ans de cavale pour l'échappé américain

Encore un qui s’est fait choper une fois devenu septuagénaire. En 1977, Michael Morrow s’était évadé de sa prison californienne où il purgeait une condamnation à perpétuité pour un vol à main armée. Il aura fallu pas mal de recoupements aux autorités pour faire le lien entre Morrow et Carl Frank Wilson, la nouvelle identité sous laquelle il coulait des jours paisibles en Arkansas.

L'ancien leader de l'ETA : 16 ans de cavale

Arrêté en Haute-Savoie en mai 2019, Josu Ternera était recherché par les polices espagnole et française depuis 2002 : à l’époque, alors qu’il était député régional, il avait été cité à comparaître pour un attentat de l’ETA perpétré en 1987 qui avait fait 11 morts. Il souffre désormais d’un cancer de l’estomac et n’en a plus pour longtemps.

Jean-Claude Pautot : 15 ans à se cacher

En 1982, Pautot scie les barreaux de sa cellule. Figure du grand banditisme, il peut compter sur ses amis (après tout, il est bien nommé), pour l’aider à se planquer. Pendant 15 ans, il échappe à la police mais fera une connerie en revenant sur le territoire français pour voir sa femme et sa fille. La police le cueillera en douceur.

Spaggiari : sans armes ni haine ni violence, mais avec l'OAS

L’auteur du « casse du siècle » avait plus d’une connexion à l’extrême-droite et cela l’a bien aidé quand il s’est agi de fuir la police. Quelques mois après avoir été arrêté pour avoir perpétré le casse de Nice, surnommé le casse du siècle par la presse, Spaggiari, qui se fait passer pour le cerveau du coup mais dont le rôle réel est aujourd’hui discuté, s’évade avec l’aide de ses amis de l’OAS. En 1977, il s’enfuit en Amérique du Sud où il restera jusqu’à sa mort, avec pignon sur rue, imperméable aux demandes d’extradition suite à sa condamnation par contumace à la prison à perpétuité. Il meurt en cavale, en 1989.

Jean Guy : une figure de la French Connection qui décide de se rendre

Figure tutélaire du trafic de drogue à Marseille, Jean Guy, 80 ans, s’est rendu aux flics en 2018 après 12 ans passés à se planquer depuis son évasion d’un hôpital psychiatrique où il avait été placé après une tentative de suicide. Il avait été condamné à 15 ans de prison supplémentaires en 2007 par contumace.

7 ans de cavale pour un braqueur

David Gras était l’un des braqueurs les plus recherchés d’Europe depuis qu’il avait tué un homme lors du braquage d’un transport de fond à Orly, en 2011. Condamné à 25 ans de prison ferme par contumace, Gras s’est rendu de lui-même aux autorités en août 2018, sans doute fatigué de la clandestinité.

Le mieux, pour faire une cavale, c’est d’avoir un cheval.