Quand on est l’agence centrale de renseignement américain, il y a de quoi susciter moult fantasmes. Si le nombres de théories du complot autour de la CIA est long comme le bras, il y a déjà de quoi se mettre sous la dent des anecdotes qui sont 100 % vraies et franchement hallucinantes.

Quand le chef du contre-espionnage américain est le meilleur pote... d’un agent double soviétique

James Jesus Angleton était un agent moyen quand sa route a croisé celle de Kim Philby, un agent du renseignement anglais de bonne famille, ayant étudié à Cambridge et pouvant prétendre aux plus hautes responsabilités au sein du MI6. C’est en effet Philby qui est chargé de former le jeune homme aux techniques du contre-espionnage. Les deux hommes sympathisent et, grâce à cet appui, Angleton prend du galon jusqu’à devenir chef du contre-espionnage de l’agence. Une fonction qu’il prend à cœur, trop à cœur : totalement paranoïaque, Angleton débusque des taupes inexistantes et paralyse le service. C’est peut-être parce qu’à cette époque, il déjeune régulièrement avec son vieil ami, Kim Philby, qui lui transmet quelques informations de choix, en toute amitié. Sauf que Philby, on l’apprendra bientôt, est en réalité un agent soviétique, engagé dans le camp de l’Est par idéologie.

Oupsie.

Crédits photo (Domaine Public) : unknown employee of US federal government

L’échec de la Baie des cochons ? Une affaire d’auto-intoxication américaine

L’administration Kennedy était à ce point opposée à la révolution cubaine qu’elle était persuadée que les Cubains eux-mêmes vivaient cette révolution comme une spoliation. Mal renseignée par les Cubains exilés aux Etats-Unis et à l’heure où la réforme agraire profitait aux paysans cubains, les agents de la CIA ont monté une opération totalement foireuse pour essayer de reprendre l’île à Castro. Le débarquement de la Baie des cochons est un modèle d’échec : réalisé par des exilés cubains mal formés, il comptait sur la destruction de la flotte aérienne cubaine alors même que celle-ci était encore vaillante et, surtout, sur le soutien des populations. Or, le lieu choisi pour le débarquement était une zone rurale où les paysans étaient favorables au régime castriste. Bref, les Américains s’étaient auto-convaincus qu’ils agiraient en libérateurs et ont donc particulièrement mal préparé leur intervention.

Crédits photo (CC BY-SA 3.0) : Yelles

Quand un agent français de la CIA a failli entrer au gouvernement

En 1993, Henri Plagnol, un haut fonctionnaire français, doit entrer au gouvernement. Sauf qu’il est convoqué par la DST qui l’empêche de prendre son poste : il est en effet soupçonné d’entretenir des liens étroits avec la CIA, qui l’a contacté l’air de rien lors d’un cocktail en envoyant un de ses agents sous couverture, une dame âgée. Plagnol se défend et la DST s’assure de son innocence avant de monter un coup assez génial : elle fait de Plagnol un agent français chargé d’intoxiquer la centrale américaine en vue de la négociation d’un traité transatlantique, afin d’obtenir des conditions plus favorables des Américains sur les produits culturels français. Bref, la CIA pensait avoir placé un agent en devenir dans un ministère et s’est retrouvée intoxiquée de l’intérieur. Avant que l’affaire ne soit rendue publique par le gouvernement Balladur à des fins politiques.

Crédits photo (CC BY-SA 3.0) : Tetro

La CIA a envisagé un plan de largage de préservatifs sur les pays soviétiques

Ce plan n’a pas été exécuté, mais il faut reconnaître qu’il était particulièrement stupide : au milieu des années 1960, la branche de propagande de la CIA a réellement pensé à envoyer des avions larguer des capotes « grande taille » sur les pays du bloc soviétique pour laisser entendre aux Russes que les Américains en avaient une plus grosse qu’eux. La géopolitique, c’est quelque chose.

Il était question d’équiper un chat et de le former à l’espionnage

Dans les années 1960 et afin d’infiltrer le renseignement russe sans risquer de perdre un agent, la CIA a formé un chat à l’espionnage. En lui apprenant des routines de déplacement et en l’équipant de matériel high tech (caméra et micro), les Américains pensaient sérieusement pouvoir obtenir des renseignements précieux sans être soupçonnés. L’opération a coûté 20 millions de dollars. Le chat, lâché à Moscou, s’est fait écraser par une voiture au bout de deux minutes de mission. Oups.

Ce contenu n'existe plus

Il n'a pas souffert, promis

La CIA a essayé 638 fois de se débarrasser de Fidel Castro

Ça paraît absurde, mais c’est réel. 638 plans ont été imaginés et pas un seul n’a marché : il a été question de cigare piégé, de poison dans ses chaussures lorsqu’il se trouvait à l’hôtel, d’empoisonnement, de bombes explosant trop tard… Vous pouvez retrouver tout le détail de ces tentatives avortées ici.

Crédits photo (Domaine Public) : Unknown (Mondadori Publishers)

Les petits manuels de la CIA

La CIA est une entreprise comme une autre et elle investit logiquement dans la formation de ses agents. Et quoi de mieux, pour former les nouveaux arrivants aux protocoles maison, que de leur fournir un manuel ? L’existence de ces manuels est connue depuis des lustres, mais certaines notices plus récentes ont été publiées par Wikileaks. Toujours est-il qu’on peut y apprendre, au choix : à passer des contrôles en aéroport (il faut bien présenter et ne pas acheter son billet la veille en liquide), à saboter une entreprise de l’intérieur ou, moins drôle, à pratiquer la torture morale et physique pour obtenir des informations pendant les interrogatoires – voire à maquiller un meurtre en suicide.

Quand Manuel Noriega était informateur de la CIA

On ne peut pas dire que le dictateur et trafiquant de drogue panaméen Manuel Noriega était un mec en or. En réalité, c’est sa confiance en lui qui l’a perdu. Recruté alors qu’il était en école militaire par les services américains, Noriega a bénéficié de l’aide américaine pour gravir les échelons et devenir le chef du gouvernement panaméen en titre ou de facto. Le seul hic, c’est que son implication grandissante dans le trafic de drogue a fini par lui attirer des reproches de ses employeurs américains. Las : loin de prendre en compte l’avis des Américains, Noriega a décidé de faire volte-face et de s’opposer à eux à partir de 1987… Tic tac ; moins de trois ans plus tard, il était déposé et arrêté.

Crédits photo (Domaine Public) : U.S. Marshals Service in Miami, Florida

La CIA, le LSD et le projet MK-ULTRA

Le Graal du renseignement, c’est le sérum de vérité. Bien sûr, il n’existe pas, mais les services secrets continuent de le chercher. Or, dans les années 1960, les Américains ont bien cru le tenir quand ils ont été en possession du LSD. Pour tester le produit, la CIA et d’autres administrations se sont alors lancées dans un projet absolument officieux intitulé le projet MK-ULTRA : il s’agissait de tester les effets de la drogue sur des cobayes humains de tout âge sans avoir leur accord préalable. La substance a même été testée sur des scouts ! Sauf que le LSD n’était pas le sérum recherché et que les anciens militaires qui y avaient touché ont contribué à diffuser son existence dans le milieu des jeunes, générant ainsi la vague hippie des années 60 et 70.

Quand la CIA produit du porno

Décidée à décrédibiliser le président indonésien Soekarno qu’elle suspectait d’entretenir des relations un peu trop proches avec les Soviétiques, la CIA a eu l’idée de produire un film porno mettant en scène un de ses sosies dominé par une femme, avec pour objectif de le diffuser massivement sur le sol indonésien pour ternir l’image du leader. Et ils ont vraiment produit le film jusqu’au bout, même si l’opération de diffusion a été avortée.

La même idée avait été évoquée pour détruire la réputation de Saddam Hussein en faisant leaker un porno gay faisant la part belle à un sosie.