Parce qu’à Topito nous sommes pour bruler les idoles, déboulonner les statues que la gloire a pu leur ériger, rompre avec le consensus mou, cesser de faire couler les robinets d’eau tiède, dézinguer les icones intouchables du monde sclérosé des musiques populaires, piétiner ceux que les honneurs ont gonflés d’une suffisance terne et superfétatoire (yeah, celui là il fallait quand même réussir à le placer)… Bref, vu que nous sommes un peu les Attila de la critique : là où on topite rien ne repousse, et que nous nous caractérisons par une incurable mauvaise foi, on a trouvé 10 raisons de ne pas encadrer les Beatles.

  1. A cause de la barbe d’Harrison, du nez de Ringo, de la coupe de cheveux de Paul et des lunettes de Lennon
    Oui, oui ça attaque le physique et l’apparence.
  2. Parce qu’ils ont quand même écrit un paquet de chansons bien mièvres
    Love me do, Ob la di ob la da, Julia…
  3. Parce qu’ils ont quand même écrit un paquet de chansons bien chiantes
    Revolution 9, tout l’album Yellow submarine…
  4. Parce qu’en bons français que nous sommes, on aime Séville 82, Fignon 89, Mitterrand 74, Le Pen 2002 (heu, pas forcément…)
    Oui, on a l’amour tendre et romantique pour les losers, ceux qui finiront toujours deuxième en ayant donné leur maximum, ceux qui perdent mais avec la beauté du geste, ceux que l’histoire ne retiendra pas, ou moins. Bref aux Beatles, on préfère les Beach boys du génie cramé Brian Wilson, les Byrds conçus comme la réponse américaine aux Fabs et bien évidemment les Stones, moins bons mais tellement plus drôles, plus sauvages, plus rock’n’roll quoi !
  5. Parce qu’on adhère totalement à la thèse mélancolique de Nick Cohn dans « Awopbopaloobop Alopbamboom »
    Le rock (ou la pop, appelez cela comme vous le voulez) doit rester une musique d’adolescents, et avec les Beatles on est très vite passé à de l’art. C’est magnifique, c’est inattaquable, mais cela ressemble à un musée, quelque chose qui est tout sauf rebelle, vif, vulgaire. Ce petit truc un peu bas de plafond, mais qui vous remue les entrailles comme seule savait le faire la petite Isabelle que vous avez connue en 5ème, et pour laquelle votre cœur fondait, malgré ses bagues dentaires, ses tresses et ses jolies joues roses bouffées par l’acné.
  6. Parce que Norwegian Wood est un plagiat éhonté du 4th Time Around de Bob Dylan
    Le Zim ayant eu le malheur de sortir l’original après la copie.
  7. Parce que niveau filles, c’était pas vraiment ça.
    Un a épousé une artiste japonaise probablement douée, mais qui nous a forcés à écouter sur certains albums de son mec, ses vagissements, symbolisant les souffrances de la femme enceinte (un bonheur). Un autre s’est entichée d’une grande gigue blonde, qui vous aurait tué à coup de carottes, si vous aviez osé dire en sa présence, que la viande de bœuf pouvait parfois se révéler savoureuse. Un troisième s’est fait piquer sa femme par Eric Clapton, son meilleur ami (un peu la loose quand même). Et le dernier ? Ah non, le dernier s’est marié avec l’ex-James Bond girl Barbara Bach. Pour le coup, respect.
  8. Parce qu’ils n’ont fait aucun bon concert à partir du 29 aout 1966, ni aucun concert tout court d’ailleurs
    Et un artiste rock sans concert, c’est un peu comme une cuisine de restaurant parisien sans sans-papiers, comme une montée des marches de Sophie Marceau sans sein à l’air, comme un avion sans aile et ce même si vous chantez toute la nuit pour celle qui ne vous a pas cru…
  9. parce qu’ils ont lâché leur premier batteur Pete Best, au prétexte qu’il n’était pas assez bon
    Tout ça pour le remplacer par Ringo (il devait vraiment être mauvais Pete Best quand même). Et c’est pas bien beau de préférer les millions, le luxe, les filles faciles, le succès…à l’amitié (d’un autre côté…)
  10. parce que papa nous serine toujours avec : « Tu sais c’est bien ton groupe là, Muse, ils sont sympathiques, mais c’est pas là-dessus que tu vas rencontrer l’âme sœur. Moi ta mère, je l’ai draguée sur Hey Jude. A l’époque on savait faire des chansons romantiques. Hein Monique ? Tu te rappelles notre premier baiser à la boum du camping de Port la nouvelle en 76 ? C’était pas formidable ? »
    Et Monique (maman donc, en vrai ma mère s’appelle pas Monique, elle s’appelle Marie-Yvonne mais elle trouve cela pas assez moderne et donc elle préfère qu’on l’appelle Monique) d’opiner du chef du fond de sa cuisine, en se remémorant l’œil attendri et les mains fripées par le paic citron, l’heureuse insouciance de sa folle jeunesse.

Et vous, vous en voyez d'autres ?

Top écrit par EBR, topiteur bruleur d'icone.