Tu préfères qu’on parle de toi comme d’un « habitué », un « fidèle » ou un « excellent client ». Malheureusement, on te désigne le plus souvent comme un « pilier de comptoir », un « pochard faisant partie des meubles » ou un vulgaire « poivrot ». Dans le fond, c’est affaire de point de vue. En tout cas, ce que personne ne remet en cause, c’est ta loyauté à ce bistrot, ton attachement à ce zinc, ta fidélité à cet estaminet. Ce qui est sûr c’est que tu y passes un certain temps dans ce rade. Voire un temps certain. La preuve, en 10 points.

En entrant, tu files directement vers le comptoir

Pas pour commander. Pour serrer la louche du taulier. Que tu tutoies. Et que tu appelles par son prénom. Si t’allais t’asseoir en salle, le patron te demanderait ce qui ne va pas.

La plupart du temps, tu ne passes pas commande

Après ton petit salut rituel, tu t’installes, et tu attends. Très peu de temps : le patron en personne te sers, sans même demander « comme d’habitude ? » tant ça paraît évident.

Tu n'as pas besoin d'être accompagné pour y aller

Tu peux très bien t’y rendre seul, quelle que soit l’heure du jour, ou de la nuit. Bah quoi ? Quand on passe du temps à la maison, on n’a pas besoin d’être forcément accompagné, non ?

Tu as ta place attitrée

Et contrairement aux « Friends », la tienne, tu ne l’as pas obtenue en consommant des muffins ou des cafés latte… La plupart du temps, c’est au comptoir que tu te postes, cela va sans dire. Les vrais savent.

Tu connais le numéro des tables

Les coulisses n’ont aucun secret pour toi. « Paulo, y’a déjà du monde à la 13, je m’installe à la 5 avec Oliv’. Tu nous sers 2 Jameson ? »

Quand tes potes te cherchent, c'est là qu'ils vont

« Mec, tu répondais pas sur ton portable, du coup je suis passé à tout hasard. Vu qu’il est 15h, je me suis dit que je te trouverais ici… »

Certains clients pensent que tu y bosses

Une fois un mec t’a même passé une commande. Bon… il se trouve que tu sais te servir de la pompe à bière et que tu connais les tarifs des consommations, donc t’as assuré, mais quand même…

Tu te fais rincer par le taulier

Et Dieu sait que pour se faire rincer dans un troquet, de nos jours, il faut pratiquement y dormir…

Tu restes après la fermeture

Surtout par solidarité pour l’équipe qui remet le bar en ordre après la tempête. Un peu par alcoolisme aussi, il faut bien l’avouer.

Tu as la main sur la programmation musicale

C’est quand même la moindre des choses, y’a la moitié de tes CD derrière le bar.

Tu as déjà reçu des colis à cette adresse

Le livreur a quand même plus de chance de trouver là que chez toi aux heures de bureau…

L'assise de TON tabouret épouse à la perfection la forme de tes fesses

Comme qui dirait « thermoformée’, au fil du temps. Faut dire qu’en arrivant, tu étais rasé de frais, et que tu arbores maintenant une barbe qui ferait pâlir d’envie les ZZ Top au grand complet. Plus inquiétant encore, il y a un peu de lichen qui commence à pousser, le long de ta jambe. Ouais, c’est le seul inconvénient de ce troquet…il est exposé plein nord.

Et n’oubliez pas, avant de juger hâtivement : un alcoolique c’est juste une personne que vous détestez, et qui boit autant que vous…

Source : toute ressemblance avec une personne ayant existé est absolument fortuite. Evidemment.