Première au monde en 1918, dans l'ombre des colosses américains (ou autrefois soviétiques) depuis 1945, l'industrie aéronautique française continue à faire preuve d'une belle vitalité. Retour sur 10 prototypes qui démontrent qu'en France, on n'a peut-être pas de dollars (ou bientôt de yuan) mais on a des idées :

  1. Leduc 022
    Une silhouette à la Star Wars pour cet avion révolutionnaire conçu et réalisé presque à lui tout seul par René Leduc, un très grand ingénieur "père" d'un moteur de type nouveau, le statoréacteur. Capable de Mach 2 sur le papier, son fuselage cylindrique désastreux sur le plan aérodynamique l'empêchera en fait de passer le mur du son. Un an d'essais avant l'arrêt du programme fin 1957 et une place d'honneur au Musée de l'Air du Bourget.
    Crédits photo (CC BY-SA 2.5) : Deep silence (Mikaël Restoux)
  2. Nord 1500 Griffon
    Le grand rival des Leduc avec une démarche opposée : étude aérodynamique aboutie et statoréacteur primitif. Des performances sensationnelles : Mach 2,19, record du monde de vitesse sur 100 km et le prestigieux Collier Trophy pour André Turcat en 1959. L'Armée de l'Air n'a pas donné suite car le stato était difficile à mettre au point et un redoutable concurrent plus simple de conception pointait son nez effilé. And the winner is...
    Crédits photo (CC BY 2.5) : Mikaël Restoux
  3. Dassault Mirage I
    Au début, on pouvait en rire : il lui fallait une fusée d'appoint pour monter en altitude là où le Leduc et le Griffon grimpaient aussi vite qu'un Rafale. L'Armée de l'Air a quand même misé dessus, pariant sur les progrès très rapides des turboréacteurs à l'époque. Bien vu : il n'a suffi que de cinq ans pour transformer le frêle moustique en dragon vengeur. Demandez donc aux pilotes de Mig de la guerre des Six Jours ce qu'ils en pensent...
  4. Sud-Ouest SO.9000/9050 Trident
    L'intercepteur dans sa plus simple expression : deux petits réacteurs pour tourner en rond en attendant l'ennemi, trois fusées pour monter rapidos en dézinguer quelques-uns à coups de roquettes, et on rentre à la base fissa. Bien pour les amateurs de Messerschmitt 163, pas assez polyvalent pour l'aviation multirôle d'aujourd'hui. Retour à la case 3.
    Crédits photo (CC BY-SA 2.5) : Deep silence (Mikaël Restoux)
  5. Snecma C-450 Coléoptère
    Les savants fous au nom diabolique, ça n'existe pas que dans James Bond. Voici donc l'ingénieur von Zborowski, prise de guerre française (joli coup), et son chasseur à décollage vertical et aile annulaire. Question stabilité, ça vaut l'assiette en équilibre sur un bâton... Quelques envols verticaux en 1959, un crash avec blessure grave à la première transition en vol horizontal et le vilain bourdon se tait pour toujours.
  6. Sud-Ouest SO.6000 Triton
    Rien moins que le premier avion à réaction français, conçu en secret sous l'Occupation par le grandissime Lucien Servanty (futur père du Concorde) et réalisé à la Libération pour un premier vol en 1946. Cinq prototypes en tout qui ont remis l'industrie française sur les rails du progrès. Évidemment, si le PDG avait vu l'avion avant de le baptiser, il l'aurait peut-être nommé Crapaud...
    Crédits photo (CC BY 2.5) : Michel Teiten http://www.mablehome.com
  7. Sud-Est SE-5000 Baroudeur
    Prévoyant la destruction de ses bases en cas d'invasion soviétique, l'OTAN commande en 1953 un chasseur léger capable d'opérer depuis un terrain en herbe. Décollage sur chariot largable, atterrissage sur patins, médaille de l'originalité pour le Baroudeur même si c'est le plus classique Fiat G.91 qui remporte un concours paraît-il joué d'avance.
  8. Dassault Balzac
    Encore un projet de décollage vertical, sur base de Mirage III cette fois. Une usine à gaz au propre comme au figuré : un moteur pour le vol horizontal, huit (!) pour le vertical. Premier vol fin 1962 ; trois ans, deux crashes et deux morts plus tard, on arrête les frais. Finalement, une bonne vieille piste en béton, c'est pas si mal.
  9. Dassault Mirage G
    Le candidat français à l'aile à géométrie variable, lubie de l'aviation militaire des années 60 (F-111, Mig 23...). Un biréacteur racé et puissant, le plus rapide (Mach 2,34) construit en Europe de l'Ouest aujourd'hui encore. Une sorte de F-14 français, sans crosse d'appontage mais avec des coûts de production bien américains. L'Armée de l'Air fait les calculs en 1972 et se rabat sagement sur l'excellent Mirage F1.
    Crédits photo : Hohum
  10. Dassault Mirage 4000
    Dans la foulée du Mirage 2000, le constructeur développe sur ses fonds propres un impressionnant "Super Mirage" biréacteur, concurrent crédible du F-15 américain. Les clients potentiels à l'exportation (Irak, Arabie saoudite) ne sont pas intéressés, l'Armée de l'Air non plus et Dassault arrête les frais au milieu des années 80. Si ça vous rappelle un autre avion de combat commençant par R, vous n'êtes pas le seul.
    Crédits photo (CC BY 2.5) : Michel Teiten http://www.mablehome.com
  11. Bonus à hélice : Bloch MB.157
    Avant de s'appeler Dassault, Marcl Bloch sort le très quelconque MB.151 juste à temps pour la bataille de France. Avec un nouveau moteur arrivé (comme tant d'autres) un peu trop tard, celui-ci devient une redoutable machine, au niveau d'un Messerschmitt 109 F ou des premiers Mustang. Les Allemands l'essaient à fond en 1942 puis démontent l'unique prototype. Comme le disait Wellington, il n'y a rien de plus affreux qu'une guerre gagnée, si ce n'est une guerre perdue.

Et vous, fous les feriez monter dans quoi, Tanguy et Laverdure ?