En France, on compte 150.000 SDF, ce qui est quand même un chiffre énorme. Dans le monde, on n’a pas de chiffre précis, mais on sait qu’il ne fait qu’augmenter : environ +50% en dix ans. Face au problème, les villes ont une réponse claire : elles s’échinent à dégager les SDF par tous les moyens, via des dispositifs de mobilier urbain, des lois, ou pire encore. Un truc sympa et bon esprit.

Avec ces picots pour éviter que les gens ne puissent s'allonger

Et toutes autre sortes de choses, comme des bancs à accoudoir, des pics qui sortent de terre, des plots, des grillages ou même des cactus. Vous pouvez trouver tout ça ici.

En interdisant les douches publiques

A Paris, il existe encore des bains-douches. Mais de nombreuses villes ont totalement prohibé l’accès à des zones où l’on peut pratiquer ses ablutions minimales. Toilettes publiques minutées, interdictions de se baigner dans les fontaines ou les points d’eau, restrictions en tout genre.

Crédits photo (CC BY-SA 4.0) : François GOGLINS

En interdisant la manche

De nombreuses villes, en France et dans le monde interdisent de facto la mendicité. Si, de fait, les flics n’interviennent que très peu pour faire respecter la loi, vous voyez un peu l’ambiance. Le métro de New York a ainsi organisé une grande campagne pour dire aux usager de ne pas donner d’argent aux sans-abri, de même qu’à Orlando, il est tout simplement interdit de demander de l’argent à une « audience captive », le terme étant suffisamment vague pour donner lieu à tous les excès. En 2011, Marseille a pris un arrêté interdisant la mendicité dans son centre, de même que le maire de Nogent prohibait le fait de fouiller les poubelles dans sa ville. Sympa.

En détruisant les camps où ils s'installent

On le voit dans toutes les villes. A Paris, les scènes d’évacuation des camps de réfugiés l’année passée étaient très choquantes, mais Paris n’est pas la seule ville concernée : en Californie, des raids massifs sont organisés pour détruire les camps de SDF. Tout est saisi et détruit, le tentes comme les téléphones portables. Déjà que les mecs sont dans la merde, si on leur détruit tout ce qu’ils ont… Bien sûr, les associations se mobilisent.

En interdisant de dormir dans la rue

En France, les législations sont locales en la matière, mais il existe des villes, comme Nice, ou même dormir dans sa voiture est interdit. Par ailleurs, dans de nombreuses villes, en Amérique ou en Amérique du Sud, il est totalement interdit de dormir dans la rue. Si vous voulez ne serait-ce que faire la sieste au soleil sur un banc, vous vous exposez à un réveil brutal par une ronde policière. C’est aussi le cas en Italie. Ces actions sont soi-disant prises pour l’ordre public et dans l’idée que les SDF ont accès à des abris : sauf que les capacités d’accueil de ces abris sont souvent dépassées et que les SDF n’y sont pas toujours bien traités.

En installant des bancs hyper inconfortables

C’est du connu, reconnu, rereconnu. Ca a commencé dans le métro, avec la suppression des bancs au profit de bancs assis-débout ou de chaises en plastique. Désormais, à Stalingrad, il y a même des sortes de bancs en diagonale absolument dégueulasses posés sur toutes les étendues planes. Comme ça, on est sûr que personne ne s’allonge. C’est lamentable. Et les bancs publics ne sont pas en reste, avec la pose d’accoudoir en plein milieu et des choix urbanistiques rétifs à tout confort (assises trop courtes et dossiers inclinés pour gêner un éventuel dormeur).

Casse-clochard

En installant des bancs payants

Dans la province de Shandong, en Chine, des bancs d’un nouveau type ont été installés : pour les utiliser, il faut glisser une pièce dans une fente : au bout d’un quart d’heure, il faut recommencer, sans quoi une alarme se déclenche avant que des pics ne sortent de l’assise du banc pour dissuader les personnes de rester. Ce qui est marrant, c’est que le concept a été inventé par un artiste pour dénoncer les pratiques avant d’être récupéré par les pouvoirs publics.

En rendant les poubelles inaccessibles

On le disait, à Nogent, il est interdit de fouiller les poubelles. Mais plutôt que de s’emmerder à prendre des arrêtés municipaux, il est aussi possible de tout simplement installer des poubelles auxquelles on ne peut pas accéder, un peu comme les poubelles à verre. Des poubelles où il est facile de déposer quelque chose, mais impossible de le récupérer. C’est ce que font de nombreuses villes américaines.

Crédits photo (CC0 1.0) : Foerster

Le coup du spray anti-SDF

En 2007, le maire d’Argenteuil avait demandé à ses équipes de police municipale de vaporiser du malodore, un répulsif dégueulasse, sur les zones où les SDF s’installent afin de les dissuader de rester. Les agents ont refusé et l’affaire a fait grand bruit. Mais l’idée est quand même dingue : on vaporise un répulsif sur des gens, par ailleurs dangereux pour la santé, comme si les SDF étaient un fléau agricole. On dirait la première scène de Z, quand il est question du mildiou.

Par des lois empêchant de distribuer de la nourriture

Depuis 2011, en Floride, il est tout simplement interdit de distribuer de la bouffe à plus de 25 personnes. Cool et pratique pour les associations. C’est sûr que si les mecs ne peuvent ni dormir, ni manger, ils ne risquent pas de survivre longtemps ; or, pour se débarrasser d’un problème, tuer les gens qui causent le problème c’est toujours une technique efficace. C’est terrifiant.

Ouais, c’est pas la joie tout ça.

Sources : Ranker, Libération