Rome, ce n’était pas que des débiles en toge qui jouaient à faire la guerre en buvant du mauvais vin. Ce n’était pas qu’un truc qu’on nous enseigne à l’école pour nous expliquer que la démocratie, c’est vieux. C’était aussi un lieu où les gens vivaient et ne s’appréciaient pas spécialement. Pour autant, un manque d’appréciation ne débouchait pas systématiquement sur un assassinat en scred et il était courant, à propos d’un cheval qui aurait coupé la route ou d’un type qui n’aurait pas dit merci, que l’insulte fleurisse. Quitte à devoir subir des cours de latin, autant en tirer le meilleur. Voici la fine fleur du juron romain.

Sane coleus es

Tu es un vrai couillon.

L’insulte était courante à Rome. Exemple (traduit):

– Tu vois, Lucius, j’ai du nez, et je pense que ce César n’a aucune chance de revenir en général Imperator.

Sane coleus es, Caïus.

Abi pedicatum

Va te faire foutre.

Encore un mot très répandu dans la rome antique. Exemple :

– Putain, Claudia, tu veux pas arrêter de bouffer du raisin toute la journée ? Tu commences à ressembler à une énorme grappe de raisin toi-même.

Abi pedicatum, Claudius. Tu t’es vu, en plus, avec ta toge trop petite ?

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Il est parti à la ferme des liens cassés pour prendre des petites vacances, il est avec tous ses copains, ne t'inquiète pas.

Tu mortus es

Tu es une charogne.

Le mot a été retrouvé tel quel, tagué sur un mur à Pompéi. On ne peut qu’imaginer les circonstances.

Petit matin, Pompéi : « Je vais faire une bonne blague à Claudius » pensa Caïus, in petto, tandis qu’il gravait ces mots, Tu mortus es, sur le mur de sa maison.

Deux heures plus tard, le corps figé dans les cendres de Claudius devait lui donner raison.

In cruce figaris

Va te faire crucifier !

De même, un écrit de ce genre a été retrouvé gravé sur un mur à Pompéi.

Exemple :

– Aimez-vous les uns les autres et je multiplierai les pains !

In cruce figaris, connard !

Terrae tuber

Tête de truffe.

Vu dans le Satiricon de Petrone. Sans doute plus rare d’utilisation : encore fallait-il avoir des truffes sous la main pour faire la comparaison.

Exemple :

– Tu veux ma photo ?

– Oui, pour la mettre dans mon album de singe, terrae tuber.

Lumbrice

Ver de terre.

L’insulte apparaît chez Plaute. Exemple d’utilisation courante.

– Si tu continues à mettre un fond d’écran de Cicéron sur ma pierre de travail, je vais aller le dire au centurion.

– Oh non ! Pas le centurion !

Lumbrice ! Tu t’écrases comme une merde devant le pouvoir.

Spurca saliva

Salive écœurante.

Cette insulte apparaît chez Catulle. Elle ne s’employait que rarement.

– Dis, Petrona, tu veux pas me faire un Gauloise Kiss ? C’est avec la langue.

– Lave-toi les dents, d’abord, Spurca saliva.

Irrumator

Enfoiré, fellateur, suceur de bites.

On voit aussi ce mot chez Catulle. Exemple :

– Et c’est avec une immense tristesse que nous disons au revoir à notre chef bien aimé Caïus Maximus, à qui l’on souhaite le meilleur pour sa nouvelle aventure du côté de la Macédoine.

– Pfff, quel irrumator ce Julius…

Legirupa

Violeur de lois.

C’est Plaute, très à cheval sur la norme, qui se sert de cette insulte pas si courante. Exemple :

– Balkanus, vous n’êtes qu’un legirupa de première !

– Oui, mais vous n’avez pas de preuve.

Caepa cirrata

Oignon frisé.

Une insulte potagère que l’on doit à Petrone. Exemple en situation :

– Tu la trouves comment ma nouvelle coupe afro ? C’est cool pour danser le discus, non ?

– Tu ressembles à une Caepa cirrata.

Maintenant, si vous avez de mauvaises notes en latin, vous savez quoi répondre à Madame Potier.

Source : Ecrivain public