Rendons gloire aux congés payés, qui permettent aux classes populaires de partir en vacances depuis 1936. Enfin presque. Si vous faites partie des gens qui veulent voyager ailleurs que dans la zone industrielle de Charleville-Mézières, vous n'avez pas 36 solutions : le vol low-cost. Comment ne pas se laisser tenter par des vols allez-retour à 12 euros? Il faut tout de même savoir à quoi s'attendre parce que crevard-e, plus qu'un choix, c'est surtout un art de vivre. Voici donc les réjouissantes particularités des vols Ryan... des vols pas chers du tout.

  1. L'accès un peu compliqué (un tout petit peu)
    Il vous a déjà fallu prendre le train puis le métro puis le bus pour parvenir jusqu'au Tarmac. Vous êtes déjà jet-laggé-e avant même d'avoir quitté le territoire. Enfin, c'est le moment de grimper dans l'avion. Oui, "grimper". Vu l'état du coucou, on s'attend presque à voir une échelle de corde. En fait d'escalier, vous avez droit à un espèce d’échafaudage tremblant comme un pépé parkinsonien, auquel il manque une marche sur deux et sur lequel tout le monde se rue sauvagement, faisant dangereusement osciller le frêle édifice. Vous n'avez même pas encore mis un pied dans la machine que vous avez déjà un aperçu de l'enfer.
  2. Le contrôle je-m'en-foutiste
    Du moment que vous vous pointez en tongs, vous pouvez faire passer un M16 démonté dans votre trousse de toilette et le chargeur dans votre doudou. Les contrôleurs vous grondent un peu quand ils trouvent du métal dans votre sac-on vous a pourtant dit de laisser la scie à la maison! mais vous laissent gentiment passer si vous promettez de ne plus recommencer. Ils sont cependant intransigeants sur la quantité de liquide et vous sucrent votre déodorant si vous dépassez les 30 ml. Pas grave, vous avez planqué le crack dans vos chaussettes.
  3. Le dilemme des bagages "surbookés"
    Pour gratter des ronds, vous avez pris un seul et unique bagage, considéré comme bagage à main. Vous vous trimballez donc un sac de sport de 25 kilos en bandoulière, et vous êtes pressé-e de vous débarrasser de votre fardeau en le tassant dans l'espace prévu à cet effet. Sauf que tout le monde a eu la même idée que vous, et que les soutes doivent avoir approximativement la largeur d'une boîte à chaussures. De grandes chaussures, soit, mais pour faire rentrer 15 sacs et valises pleins à craquer, ça risque de faire un peu juste. Surtout que pour éviter de payer le surplus de poids autorisé, certain-e-s n'ont pas hésité à se remplir les poches de chaussettes ou à enfiler trois pull-over, qu'ils s'empressent de ranger dans leurs valises une fois qu'ils sont dans l'avion. La foire d'empoigne peut commencer.
  4. L'anarchie généralisée
    L'anarchie, sur la terre ferme, c'est un beau principe. Dans les airs, et surtout dans l'espace restreint d'une carlingue, c'est affreux. Comme il n'y a pas d'attribution de place, les voyageurs recourent à la loi de la jungle: ils remplissent les soutes avec leurs bagages pleins à craquer grâce à des techniques ancestrales de compression, puis se jettent sur la place en dessous, ou, pour les moins chanceux, la plus proche. Et c'est comme ça que vous passez deux heures en compagnie d'enfants qui sautent partout, les parents étant 4 rangées plus loin et ayant omis de mettre leurs monstres sous sédatif avant le vol. La Cour des Miracles en altitude.
  5. Le personnel mal fringué
    Point n'est question de stigmatiser les employé-e-s des vols low-cost. Ils sont très sympathiques. Et il leur en faut du courage pour pousser un chariot au milieu d'un zoo humain où s'ébattent joyeusement des ribambelles de gosses. Comme si ce n'était pas assez pénible pour eux, ils ne bénéficient pas de l'uniforme prestigieux de leurs collègues de compagnies un peu moins merdiques accessibles, celui qui fait les beaux jours des pornos "monde du travail". Non, les hôtesses et stewarts de compagnies charter à prix très bas ne dépareilleraient pas à la caisse du Gifi ou du Carrouf en bas de chez vous. Et c'est ce qui fait tout le charme des compagnies vraiment pas chères: on a l'impression d'acheter son sandwich au Lidl du coin.
  6. Le commandant de bord rigolo (une fois que vous avez atterri)
    Bizarrement, quand vous vous apercevez que le commandant de bord du SAV d'Omar et Fred existe VRAIMENT et que c'est lui qui pilote le gros navion, ça vous fait beaucoup moins rire. Vous ne pouvez même plus fuir, ils ont retiré l'échelle de corde.
  7. La Mort Imminente
    Rien que le décollage vous donne l'impression de frayer avec la grande Faucheuse. Évitez de rester près des fenêtres: certes les ailes ont été solidement réparées, mais avec du Chatterton. Vous qui ignoriez Dieu ou quelconque notion approchante jusqu'ici, c'est le moment de lui faire coucou. Et éventuellement de négocier. Jamais Paris-Madrid ne vous a semblé aussi long.
  8. La bouffe "classe-éco" payante
    Vol low-cost, bouffe low-cost. Ce qui n'est pas un problème en soi, parce que si vous avez échoué sur ce vol, c'est que vous êtes pauvre, et il est grotesque d'avoir des goûts de luxe quand on est pauvre. En revanche ça fait bizarre de voir l'hôtesse ou le steward et son beau gilet de caissier-ère vous montrer une feuille avec le vaste choix de 4 sandwichs variés proposé par la compagnie. De toute façon, le commandant de bord vous a coupé l'appétit quand il a dit "arrivée prévue heu...si on arrive...". Vous êtes trop occupé-e à prier pour vous préoccuper des choses terrestres.
  9. Les commodités de l'enfer
    On vous a fait croire, quand vous étiez petit-e, qu'il ne fallait pas utiliser les toilettes d'un avion sous peine d'être aspiré-e. En fait, sur les vols low-cost, c'est vrai. L'avantage, c'est que vous pourrez liquider ni vu ni connu les gosses qui vous pourrissent la vie depuis le décollage.
  10. Le confort est-allemand
    Des sièges de Lada en pilou, des accoudoirs (pour quoi faire des accoudoirs?), une tablette qui vous rentre dans le bide une fois dépliée, (mais on vous déconseille de la déplier, les conseils de sécurité datant de l'époque où cet avion était encore un bus, sont collés dessus), décidément, c'est royal. Manquent tout de même des tabourets en bois scotchés au sol et des poules vivantes pour parachever l'effet.

Eurolines, c'est pas si mal finalement. Et vous, les low cost ça vous le fait ?

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