Ces derniers jours, une drôle de hantise s’est emparée de Lille : les Lillois tombent malades les uns après les autres et sont persuadés qu’une nouvelle maladie a posé ses valises dans la ville. Maladie qu’ils ont baptisée avec originalité : « maladie de Lille ». Mais à bien y regarder, tous les malades ont juste les symptômes d’une angine, maladie tout à fait courante à cette période de l’année. On peut donc sans trop se mouiller dire qu’il n’y a pas vraiment d’épidémie de « maladie de Lille » en ce moment. De toute façon, en tant que Lillois, je la connais moi, la VRAIE maladie de Lille. Et ses symptômes sont bien pires que ceux d’une angine…

Une envie irrépressible de boire de la bière

Les patients atteints de la maladie de Lille peuvent descendre des litres et des litres de bière, comme si leur vie en dépendait. Pour ça, ils se rejoignent dans des bâtiments appelés « bars » qui diffusent de la musique à fort volume pour les apaiser et leur fournissent de la bière administrée sous forme de pintes. Ce symptôme peut être très impressionnant vu de l’extérieur, mais les Lillois finissent par vivre avec. C’est leur quotidien.

Une prononciation altérée des voyelles

La manière la plus simple de reconnaître une personne souffrant de la maladie de Lille est de l’écouter parler. Généralement, les pauvres ne peuvent plus prononcer les voyelles normalement et leurs « a » se transforment en « ô » très désagréables à l’oreille. Rassurez-vous, eux n’en souffrent pas, sauf lorsqu’il s’agit de passer des entretiens d’embauche.

L'utilisation d'expressions étranges

« Petit pain », « wassingue », « j’te dis quoi » ou encore « ducasse » sont autant d’expressions qu’on n’entend qu’à Lille, ou plutôt dans la bouche de patients atteints de la maladie de Lille. C’est le signal d’un stade avancé de cette affection, et, une fois cette limite franchie, les chances de guérison diminuent fatalement. Si vous entendez un ami, un proche ou une connaissance s’exclamer qu’il « drache bien aujourd’hui », n’hésitez pas une seule seconde : il s’agit d’une urgence médicale.

Un comportement violent à l'encontre de personnes habillées en rouge et jaune

Comme le mythe qui voudrait que les taureaux soient énervés par la couleur rouge, c’est l’association du rouge et du jaune qui peut pousser les personnes atteintes de la maladie de Lille à faire preuve de violence physique mais aussi verbale. Ainsi, les malades s’écrient souvent « Lens, Lens, on t’encule » de manière répétée, et ce jusqu’à disparition du rouge et jaune de leur champ de vision. Les plus grands chercheurs de la planète cherchent encore aujourd’hui à comprendre cette attitude étrange.

Une obsession pour les frites

A un stade tardif de la maladie, les individus rejettent toute forme de nourriture autre que les frites. Matin, midi et soir, ils veulent se nourrir de frites, si bien que des petits malins ont décidé de profiter de cette épidémie pour se faire de l’argent sur leur dos en ouvrant des « baraques à frites ». Ces sortes de food-trucks ne servent que des frites accompagnées de viandes grasses et bénéficient, grâce aux malades, d’une grande popularité. Une situation d’un cynisme inégalable.

Une résistance étonnante au froid

Aussi étonnant que cela puisse paraître, une personne atteinte de la maladie de Lille n’éprouvera aucune difficulté à se balader dans la rue uniquement vêtue d’un pantalon, de chaussures et d’un t-shirt alors que la température extérieure atteint péniblement les 15°C. N’importe quel autre humain soumis à de telles températures sans équipement adapté tomberait immédiatement dans un état d’hypothermie létal, mais pas les malades de Lille. Forcément, cette capacité acquise avec la maladie intéresse fortement l’armée qui, dit-on, mènerait des expériences en secret sur des Lillois. C’est terrible.

Une excitation déraisonnable à l'approche du premier week-end de septembre

À chaque rentrée scolaire, et plus particulièrement au moment du premier week-end de septembre, les sujets testés positifs à la maladie de Lille présentent des signes d’agitation sévère. Ils veulent à tout prix sortir de chez eux, danser et boire dans la rue avec des milliers d’autres malades. Étonnamment, ce phénomène coïncide toujours avec la Braderie de Lille. Pourquoi ? Nous l’ignorons encore.

Une perte de goût inquiétante

Si nous avons déjà évoqué des habitudes alimentaires étranges telles qu’une surconsommation de frites et de bière, il y a un autre symptôme lié à la nourriture qui inquiète encore plus : une tolérance au maroilles. En effet, les nordistes touchés par la maladie de Lille semblent apprécier ce fromage et survivre à son ingestion, ce qui est normalement physiologiquement impossible. Un mystère de plus pour la science.

Une gentillesse supérieure à la moyenne

La maladie de Lille a aussi ses avantages, et les Lillois, qui présentent quasiment tous des symptômes, semblent bénéficier d’un excès de gentillesse et de bienveillance par rapport aux sujets sains. Les Lillois sont sympa. C’est pour cette raison que, malgré le fléau que la maladie de Lille représente, personne n’a encore jamais cherché de remède. On s’y fait finalement.

Maintenant, vous savez ce qu’il vous reste à faire si vous voulez vous intégrer à Lille : choper cette maladie imaginaire.