Quand on est enseignant, en plus de gérer les enfants, il faut savoir gérer les parents : rester courtois en toute circonstance, ne pas froisser leur susceptibilité à fleur de peau, se montrer disponible et à l’écoute. Chers parents, sachez quand même que certaines choses que vous nous dites nous restent bien en travers de la gorge.

"Mathéo est malade, mais il voulait à tout prix venir à l’école…"

Sauf que quand on voit le teint blafard de Mathéo, on comprend que c’est surtout la maman/le papa qui voulait vraiment qu’il vienne, parce que le jeudi on cagnotte double sur la carte Super U et que ça va bientôt être les soldes.

"… enfin, si ça ne va vraiment pas appelez-moi, je ne travaille pas aujourd’hui."

Donc le parent aurait pu garder son fils à la maison, mais c’est vrai qu’il est mieux en classe que bien au chaud dans son lit, et puis être absent pendant une leçon sur l’imparfait ça peut te bousiller une scolarité.

"Vous pouvez surveiller qu’elle ne se traîne pas par terre dans la cour ? Parce que ça fait deux fois qu’elle rentre avec ses collants filés."

Dans l’imaginaire collectif, la récré c’est la pause des enseignants, alors il faut bien les occuper un peu pour ne pas qu’ils s’ennuient… sauf qu’en vrai c’est la pause des enfants, et les enfants ont besoin de se traîner par terre pour décompresser, donc en gros les empêcher de se rouler par terre ça équivaudrait à interdire à un fumeur de s’en griller une pendant sa pause café.

"Il a bien mangé à la cantine ?"

C’est important de se poser les vraies questions ; on m’aurait demandé s’il avait réussi son contrôle de maths que ça m’aurait paru louche.

"Je peux vous parler une minute ?"

On aura beau arriver une heure en avance le matin, repartir une heure après la fin des cours le soir, rester manger à l’école le midi… il y aura toujours des parents qui préféreront nous interpeller sur le pas de la porte juste avant le début de la classe au lieu de prendre rendez-vous pour parler au calme.

"Emma m’a dit que Lilou lui avait volé deux Petshop hier, vous pourriez régler ça dans la journée ?"

En fait j’avais plutôt prévu d’aborder la multiplication à deux chiffres, le présent des verbes du deuxième groupe et le cycle de vie des végétaux mais vous avez raison, il y a des priorités dans la vie.

"Ma fille sera absente la semaine prochaine car on part au ski, vous pourriez lui préparer le travail qu’elle va rater ?"

Au risque de briser un mythe, les enseignants ne refont pas exactement les mêmes cours d’une année sur l’autre et n’ont pas tout le travail scolaire de l’année préparé à l’avance. Je risque d’en décevoir beaucoup mais tant pis, soyons francs : souvent, on ne sait pas la veille ce qu’on va donner comme exercices le lendemain. Triste réalité.

"Je lui ai mis deux goûters, mais il faut surveiller qu’il mange la compote le matin et le gâteau l’après-midi."

Dit comme ça ça a l’air facile à retenir et à appliquer, mais quand on a 32 élèves qui ont tous un régime alimentaire différent, ça se complique.

"Je ne comprends pas, à la maison il y arrive."

La mauvaise fois légendaire des parents qui t’affirment, en te regardant bien droit dans les yeux, qu’à la maison il connaissait ses tables de multiplications par cœur alors qu’en classe il utilise ses doigts pour faire 2×4… bien souvent, tu comprends mieux certains comportements d’élèves après avoir fait la connaissance de leurs parents.

"Ma fille a encore attrapé des poux ; cette fois il faudrait que vous sévissiez."

Vous avez parfaitement raison : je vais priver la petite pouilleuse de récré, ça lui servira de leçon pour les fois à venir… non mais !

Alala les parents, parfois vous méritez des croches-pattes dans les escaliers, mais avec respect et amour hein.

Si tu as envie d’offrir un cadeau à ta maîtresse, c’est ici.

Si tu as envie d’offrir un cadeau à tes parents, c’est ici.

Si tu as envie d’offrir un cadeau à moi, non merci.