Sur l’échelle des trucs les plus vicieux, l’empoisonnement se place très haut. Déjà que tuer quelqu’un, c’est pas hyper gentil, empoisonner ses ennemis ajoute à ça une dose de lâcheté bien dégueulasse. Pourtant, c’est un procédé régulièrement utilisé, surtout dans les assassinats et tentatives d’assassinats politiques, puisqu’il est bien plus compliqué de retrouver l’auteur d’un empoisonnement que de choper un mec qui vient directement poignarder sa victime. Rien que sur les dernières décennies, on a pas mal d’empoisonnements politiques bien sales.

Alexeï Navalny, l'opposant politique à Vladimir Poutine

Il y a quelques jours, Alexeï Navalny, opposant russe anti-corruption, a été empoisonné. Les autorités russes ont démenti l’information, affirmant par le biais de médecins que l’homme n’avait pas été empoisonné. Le pays a ensuite voulu empêcher le transfert de Navalny pour un hôpital allemand, mais il a finalement pu être emmené à Berlin où des médecins (non corrompus, cette fois-ci) ont bien révélé l’action d’un poison neurotoxique sur l’opposant russe. Aujourd’hui, Navalny est dans un état stable, mais il pourrait garder des séquelles de la tentative d’assassinat. Bien sûr, Poutine ne sera jamais vraiment inquiété, mais personne n’est dupe.

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Crédits photo (CC BY-SA 4.0) : Evgeny Feldman

Sergueï Skripal, l'ex agent-double

Sergueï Skripal a eu une carrière d’agent double pour le compte du MI6, le service de renseignement britannique. Fin 2004, il s’était fait choper par les Russes puis emprisonner avant d’être libéré en 2010, échangé contre des espions russes. L’histoire aurait pu s’arrêter là, mais en 2018, lui et sa fille Ioulia ont été retrouvés inanimés dans le centre de Salisbury en Angleterre, intoxiqués par un agent neurotoxique soviétique puissant. Skripal et sa fille ont passé près de 2 mois à l’hôpital mais n’ont pas succombé au poison. Le Royaume-Uni a accusé la Russie, qui a accusé en retour les Britanniques, puis l’affaire s’est tassée. Là, on vous a fait la version courte, mais l’histoire est pleine d’accusations et de démentis entre les deux camps, sur fond de propagande pas bien jolie.

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Piotr Verzilov, le membre des Pussy Riots

Quelques mois après l’affaire Skripal, alors que les tensions entre la Russie et l’occident étaient encore très fortes, c’est un membre du groupe féministe contestataire des Pussy Riots qui a été victime d’un empoisonnement. Piotr Verzilov, qui avait entre autre fait irruption sur la pelouse d’un match de la Coupe du monde en Russie, a été hospitalisé en septembre 2018. Il avait perdu la vue et était dans l’incapacité de marcher ou de parler. Tout ça rappelle les symptômes provoqués par plusieurs types de poisons, et beaucoup ont accusé la Russie d’avoir voulu l’intimider ou l’assassiner. Une semaine après son hospitalisation, Verzilov était hors de danger, mais l’expérience a dû être traumatisante. Apparemment, les Russes n’aiment pas qu’on interrompe des matches de foot.

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Crédits photo (CC BY 2.0) : Evgeniy Isaev from Moscow, Russia

Alexandre Litvinenko, l'ex agent russe

Alexandre Valtérovitch Litvinenko a été pendant des années un agent au service de la Russie avant d’être retourné par les services secrets britanniques autour de 2003. Autrement dit, il a changé de camp. Comme si ça ne suffisait pas, Litvinenko s’était opposé depuis 2000 à Poutine, qu’il accusait de ne pas lutter contre la corruption. Bref, le mec était devenu un ennemi des autorités russes. Le 1er novembre 2006, il boit un thé dans un hôtel londonien en compagnie de deux hommes d’affaire, Andreï Lougovoï et Dmitri Kovtoun, des anciens du KGB. Durant les jours qui suivent, il est pris de maux de ventre et de vomissements. A l’hôpital, son état empire, il perd ses cheveux et ses organes se détériorent rapidement. Il meurt le 23 novembre. On finit par découvrir ce qui l’a empoisonné : du polonium-210, une substance radioactive très toxique, qui a été versée dans son thé. L’avantage des trucs radioactifs, c’est qu’ils laissent des traces, et on a pu mesurer des taux élevés de radioactivité dans l’hôtel londonien, puis dans le resto où se sont rendus Andreï Lougovoï et Dmitri Kovtoun après avoir vu Litvinenko, puis dans le lavabo de la chambre de Kovtoun, et encore à l’Emirates Stadium où Logovoï et Kovtoun étaient allés voir un match d’Arsenal contre le CSK Moscou. En gros, on a facilement trouvé qui avait empoisonné Litvinenko. On a même découvert que 2 semaines avant son assassinat, Litvinenko avait échappé à une première tentative d’empoisonnement par les deux mêmes hommes d’affaire. Ce jour-là, il n’avait pas touché au café qu’on lui avait servi, ce qui lui avait sauvé la vie. La justice britannique a voulu ouvrir un procès contre les deux assassins, mais la Russie n’a jamais accepté de les extrader. Pire, Lougovoï est finalement devenu député et a été décoré par Poutine pour services rendus à la nation. Une histoire qui ne finit pas si bien.

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Viktor Iouchtchenko, le président ukrainien

En 2004, Viktor Iouchtchenko est candidat à l’élection présidentielle contre son principal opposant, le Premier ministre Viktor Ianoukovytch. Le 6 septembre 2004, après un dîner avec le chef des services secrets ukrainiens, Iouchtchenko tombe malade. Il reste deux semaines à l’hôpital, et son visage est fortement marqué : il a de sévères problèmes de peau, en plus de tout un tas d’autres complications. Le parquet ukrainien conclura qu’il s’agissait d’une fièvre due à un virus, mais des laboratoires étrangers plus indépendants trouveront une grande quantité de dioxine, un agent chimique toxique, dans l’organisme de Iouchtchenko. L’homme politique a finalement remporté l’élection contre Ianoukovytch dont la campagne avait été payée par… la Russie. Qui donc aurait préféré que Iouchtchenko se retire de l’élection pour problèmes de santé ? On se le demande.

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Crédits photo (Domaine Public) : Olaffpomona

Georgi Markov, dissident victime du parapluie bulgare

Georgi Markov était un écrivain bulgare. Dans le contexte de la Guerre Froide, le président bulgare Todor Jivkov lui avait demandé de servir la propagande communiste du pays. Markov a préféré s’enfuir et rejoindre Londres en 1971. Là-bas, il a beaucoup critiqué le régime communiste, ce qui a commencé à fortement agacer les Bulgares. Ils ont tenté par deux fois de l’assassiner, sans succès, mais en 1978, ils ont réussi leur coup avec l’aide du KGB. Alors que Georgi Markov attendait le bus à Londres, un homme lui a donné un coup de parapluie dans la jambe avant de s’excuser et de partir. Le soir-même, Markov a commencé à avoir de la fièvre. Il est mort trois jours plus tard sans qu’on ne puisse rien faire. En fait, la pointe du parapluie avait permis de lui injecter une capsule de ricine, un poison 6000 fois plus puissant que le cyanure pour lequel il n’existait aucun remède. L’URSS n’aimait pas qu’on critique sa team.

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Kim Jong-Nam, le demi-frère de Kim Jong-Un

Allez, on change un peu de coupable avec cette histoire récente qui concerne la Corée du Nord. Kim Jong-Nam, c’était le fils de Kim Jong-Il (le papa de Kim Jong-Un) et de sa maîtresse, donc le demi-frère de l’actuel dirigeant de la Corée du Nord. Il avait fui le pays et collaboré avec la CIA et était donc devenu un grand ennemi de Pyongyang, qui lui a fait payer très cher. Le 13 février, alors qu’il était à l’aéroport de Kuala-Lumpur en Malaisie, deux femmes croyant participer à une émission de caméra cachée l’aspergent d’un liquide avant de s’enfuir. Ce liquide, c’était du VX (prononcez « Vé ix », et pas « quinze »), un agent neurotoxique parmi les plus puissants au monde. Kim Jong-Nam est allé se plaindre à la sécurité, mais il est mort moins de 20 minutes plus tard. Ce n’était pas la première fois qu’on tentait de l’assassiner, et il avait supplié son demi-frère de l’épargner, mais il faut croire que Kim Jong-Un ne pardonne pas facilement.

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Engagez un goûteur et mettez une combi, c’est plus sûr.

Si ça vous branche, on a aussi les tops des poisons les plus difficiles à détecter, les poisons les plus douloureux, et les objets empoisonnés. Un beau programme.

Image de Une : capture d’écran BFM TV.