Nul n’est infaillible, et pas même les ingénieurs. Quand il s’agit de développer des systèmes ultra complexes faisant intervenir un nombre incalculable de paramètres, que l’on parle de ponts, de systèmes de défense ou de sondes orbitales, une erreur de calcul peut s’avérer fatale, sur le plan financier et humain. Mais les catastrophes ont l’avantage de faire avancer les systèmes de calcul et d’améliorer la connaissance sur ce qui peut se faire ou non. Ca leur fait une belle jambe, aux morts, vous me direz.

La désintégration des avions Comet à cause de leurs fenêtres

Dans les années 50, les jets Comet de Havilland étaient les leaders d’un marché en expansion. Jusqu’à ce que deux Comet se désintègrent sans raison en 1954, occasionnant la mort de 56 personnes. En réalité, la raison était très apparente, transparente, même, puisque la désintégration des avions est directement lié à la forme carrée de leurs fenêtres. En ingénierie, les angles droits sont des points de concentration de la pression qui menacent de céder quand celle-ci augmente. Or, carré = 4 angles droits.

C’est la raison pour laquelle, depuis l’épisode des Comet, les fenêtres des avions sont ovales. Et ne cassent pas. Merci les mecs pour le sacrifice.

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Il n'a pas souffert, promis

Les pistes d'atterrissage toute droites

Aux prémices de l’aviation civile, le design des pistes d’atterrissage était assez logiquement tout droit. Les avions qui atterrissaient fonçaient tête baissée vers le lieu où les avions en attente de décollage faisaient ce qu’ils savaient faire de mieux, à savoir attendre, et le moindre problème de timing créait ce qu’on appelle du BOUM.

Jusqu’au jour où l’on a décidé que les avions atterriraient non plus tout droit, mais avec un léger angle d’environ 9 degrés. Cette innovation intervint en 1952, soit assez tardivement. De cette manière, un avion qui ne parviendrait pas à s’arrêter pourrait décoller à nouveau au bout de la piste et recommencer la manœuvre.

L'effondrement du Hyatt Regency à cause de poutres mal foutues

Le Hyatt Regency de Kansas City était tellement classe que son hall se présentait comme une série d’étages superposés donnant les uns sur les autres sans murs les ceinturant, dans une perspective Art déco des plus classi-classes. Sauf que lesdits étages se sont tout simplement effondrés. La faute à un choix hasardeux de système pour les poutres porteuses. Au départ, une seule poutre était censée supporter deux travées superposées. Mais un petit malin a proposé de remplacer la poutre gigantesque, difficile à trimbaler et à installer, par deux poutres successives, une à chaque étage. Sauf que ce système a fait que les écrous censés supporter chacun leur étage se sont retrouvés à supporter chacun les deux étages. Patatras. BOUM. 114 morts, 216 blessés et 140 millions de dollars de dommages et intérêts.

L'incendie du Cocoanut Groove à Boston et les charnières de portes mal foutues

Le Cocoanut Groove était la boîte de nuit la plus cool de Boston dans les années 30 et 40. Jusqu’à ce qu’un incendie, en 1942, y tue 492 personnes, soit un chiffre en soi supérieur aux capacités d’accueil du lieu, mais bon.

En gros, voilà ce qui s’est passé : un type a craqué une allumette pour y voir plus clair, et les décorations tropicales ont fait Pfffffrrrrrrriiiiiiiccccch à toute vitesse. Incendie ; a priori, tout le monde ne devrait pas mourir. Sauf que les portes ne se poussaient pas, de l’intérieur, elles se tiraient. Tout le monde a couru vers les portes qui ne pouvaient plus s’ouvrir. 300 personnes auraient pu être sauvées si le débilou qui avait installé les portes avait changé les charnières de sens.

La rigidité exceptionnelle du Tacoma Narrows Bridge

Fleuron de l’ingénierie américaine, exemple de beauté et de puissance, le Tacoma Narrows Bridge s’est effondré comme une merde parce qu’il était trop solide. Sa structure ne laissait pas passer le vent, contrairement à TOUS les ponts suspendus du monde au travers desquels on peut largement voir. C’est ça de faire de la gonflette.

L'hélice monodirectionnelle du Titanic

Parmi la multitude d’explications fournies pour expliquer le naufrage du Titanic, une est particulièrement débile. Le navire disposait de trois hélices, une de chaque côté, et une centrale, régie par des systèmes différents. Pour faire simple, l’hélice centrale reposait sur un moteur à vapeur, un dispositif bien pratique, sauf qu’il ne permet pas de faire tourner l’hélice dans l’autre sens. Donc, quand il a été question d’éviter un iceberg, les hélices latérales ont changé de sens, mais l’hélice centrale s’est juste arrêtée, abandonnant son poste en laissant tout le travail aux autres. On connaît la suite. L’iceberg n’a pas été évité.

Le système métrique et la sonde Mars Orbiter

L’équipe chargée de développer les propulseurs de la sonde Mars Orbiter était située en Angleterre et travaillait donc en pouces. C’était tellement évident, que personne ne songea à en avertir les équipes de la NASA qui, quand elles paramétrèrent les systèmes informatiques, ne procédèrent à aucune conversion. Et bye-bye la sonde.

Le système antimissile Patriot et le temps de réaction différé

En 1991, pendant la guerre du Golfe, 28 soldats américains furent tués et 100 autres blessés par un missile irakien du genre de ceux que les systèmes antimissiles arrêtent en mâchant un chewing-gum et en jouant à la belote. Pourquoi cette défaillance ? A cause d’un problème de paramétrage et de conversion entre le temps réel et le temps calculé par l’ordinateur, en binaire. L’erreur était infime : 0,34 secondes. Sauf que pour intercepter un missile qui se déplace à 1676 m/s, un tiers de seconde de retard, ça fait 500 mètres de différence. Raté.

L'explosion d'Ariane 5 et le différenciel de vitesse

Le 4 juin 1996, la fusée Ariane 5, fraîchement lancée à la conquête de l’espace, explose : la raison en est simple. Il s’agit d’une erreur de calcul de l’ordinateur central de la fusée concernant sa vitesse. Les modes de calcul en bit et réels n’avaient pas été bien paramétrés. De ce fait, la fusée déclencha son système de destruction par sécurité. 40 secondes. 1 milliards de dollars.

Le pont de Québec

En 1907, le pont de Québec s’effondre avant même son inauguration, en raison d’un calcul sous-estimé du poids d’an cantilever destiné à supporter la structure du pont. 75 ouvriers meurent immédiatement. Là où l’histoire devient amusante, c’est que les ingénieurs québécois récupèrent les débris du pont et se fabriquent des bagues avec. Depuis cette époque, les professionnels du génie civil canadien ont pris l’habitude de porter des anneaux en commémoration de cet accident de façon à éviter d’autres erreurs de calcul fatales.

La science, c’est quelque chose.

Sources : Cracked, Genie des maths