Depuis le positivisme d’Auguste Comte, on tend à penser l’humanité comme en progrès perpétuel, s’éloignant de racines barbares pour tendre vers une civilisation sinon parfaite, du moins plus harmonieuse. Depuis le revival années 1980, on se rend compte qu’on ne fait que reproduire éternellement les mêmes trucs. Et de fait, si Internet avait existé au Moyen Age, on pourrait jouer au jeu des 7 différences sur certains aspects de notre société et du monde en général.

Les pirates existent

Boucaniers, flibustiers, vikings : les pirates existent depuis l’Antiquité. 406 incidents de piraterie ont aussi eu lieu en 2009, dont 217 au large de la Somalie (je vous conseille à ce titre le génial film Captain Philips qui narre un assaut super flippant). Mais c’est super cool la piraterie, parce que c’est le premier objet de juridiction universelle et qu’on n’a toujours pas vraiment réussi à en faire une deuxième depuis qui soit respectée elle aussi.

On brûle des sorcières

Comme des épileptiques du côté du fleuve Niger ou des albinos en Tanzanie. L’épilepsie et l’albinisme sont tout simplement considérés pour faire simple comme des maladies du diable. Et le diable, on l’aime pas, mais alors pas du tout. Comme au Moyen Âge, où on brûlait des sorcières, quoi.

La peste existe toujours

Plif plouf : 3 personnes sont touchées par la peste chaque année aux Etats-Unis. Sauf qu’en 2015, elles étaient 11, dont 3 morts. Plif plouf. Ça donne envie de guerroyer. En 1347, c’est quand même la moitié de la population européenne qui y est passée.

Les guerres de religion

Bon, on peut arguer que beaucoup de guerres présentées comme des guerres religieuses sont en réalité politique. Mais globalement, ce que fait l’Etat islamique ressemble vachement aux croisades et les massacres de minorités en Chine ou l’antisémitisme latent dans certains pays européens ne sont pas très éloignés de ce qu’on a connu il y a 1000 ans.

L'esclavage existe encore

Et pas qu’un peu. Il suffit de lire les récits du calvaire vécu par les ouvriers employés par le Qatar pour préparer le pays à la coupe du monde pour s’en convaincre : 6500 morts qui n’ont pas suffi a motiver le boycott de cette aberration humanitaire et écologique. En même temps, quand on y pense, c’est quand même pas avec des mecs payés correctement qu’on aurait construit des églises partout en Amérique du Sud.

Il existe encore aujourd'hui une noblesse

Qu’elle soit républicaine, avec les grades de la légion d’honneur en France, ou corresponde encore à des trucs archaïques, avec les Sir et les lords britanniques, on continue de distribuer des décorations honorifiques qui ne correspondent plus à rien. Mais ça doit être cool de se faire appeler commandeur. Pas vrai, Johnny ?

Il existe encore des seigneurs

Pour votre information, le seigneur anglo-normand de l’île de Sercq est mort il y a quelques années. Sur l’île, les seigneurs continuent de payer un cens au roi d’Angleterre, dont le montant est inchangé depuis le Moyen Age. Là. A 10 bornes de nos cotes.

On fête Noël

C’est à Clovis et plus généralement aux francs que l’on doit la fixation de la date de Noël. On perpétue donc depuis le Haut Moyen-âge une fête qui, pour laïcisée qu’elle soit, perpétue un modèle intrinsèquement religieux de pénitence, de culpabilité et de dinde aux marrons.

Les femmes peuvent encore être corrigées par leur mari

Il a fallu attendre 2013 pour que l’Arabie Saoudite légifère en interdisant les violences conjugales. Sinon, au Soudan et au Yémen, les femmes sont des demi-personnes. C’est presque pire qu’avant. Au X° siècle, en France, certaines femmes parvenaient à s’émanciper totalement. Et ce n’était pas que des nobles.

On s'abreuve de jeux débiles

On ne refait pas tout l’historique des tournois au Moyen Age, lesquels n’amenaient pas forcément, contrairement à ce que l’on raconte souvent, à la mort d’un des protagonistes à grosse lance. Mais force est de constater qu’on perpétue la tradition ; on a simplement télévisé tout ça pour toucher plus de monde. Quand le monde s’arrête pendant 1 mois à l’occasion de la Coupe du monde, de foot on ne peut pas ne pas penser aux pékins attroupés autour d’une arène pour voir des chevaliers se jeter l’un sur l’autre.

En fait, c’est Céline qui avait raison : on ne change pas, on met juste les costumes d’autres que soi. Genre on a arrêté les cottes de maille, quoi.