Il ne vous aura pas échappé qu’il existe une différence notable entre un produit présenté dans une publicité et ce même produit une fois que vous cherchez à l’acquérir. On se retrouve de manière générale avec une sorte d’avatar triste de ce que l’on a vu à la télé ou sur les affiches, un double maléfique et tout terne que l’on mangera ou utilisera quand même parce que maintenant que c’est acheté on n’a plus trop le choix. Mais pour parvenir à ce résultat, il y a toute une logistique que l’on ne soupçonne pas quand on est un simple consommateur qui a le sentiment de se faire enfler.

Photographe de bouffe, c'est tout un métier

La photographie culinaire, c’est l’art de mettre en scène un truc pour qu’il ait l’air six fois meilleur que quand tu ouvriras la boîte. Pour autant, les industriels n’ont pas le droit de prendre d’autres ingrédients que ceux, réels, que tu mangeras (suggestion de présentation, certes, mais pas « gros fake sa mère »), du coup le but, c’est d’abord de bien montrer tous les ingrédients en les disposant de manière visible (pensez aux photos des Big Mac). En revanche, pour le côté brillant et appétissant, on peut rajouter un peu d’eau ou de lubrifiant et surtout traiter la photo sur Photoshop pour en faire ressortir les contrastes. Une petite arnaque marketing bien pensée.

La mousse du café est faite avec un filtre d'aquarium

Vous voyez la pub pour café où le café a une mousse de dingue ? Parfois, cette mousse est réalisée en utilisant du détergent ou de la lessive, mais la plupart du temps, les réalisateurs évitent ce genre de procédés parce que l’acteur du spot risque de devoir boire le café mousseux. Dans ce cas, on fabrique la mousse avec du café instantané passé dans un filtre d’aquarium et une seringue pour ordonner les bulles.

L'eau qui bout ne bout jamais

Dans les pubs pour les pâtes, un mec fait systématiquement bouillir de l’eau pendant que des gens derrière lui parlent en italien. Mais outre le fait que l’eau réduirait au fur et à mesure des prises, si l’eau bouillait vraiment, on se retrouverait avec une atmosphère vaporeuse qui rendrait difficile la captation des images par la caméra. En réalité, les casseroles qui bouillent sont donc des casseroles reliées à des tubes qui délivrent de l’air comprimé en masse pour créer un effet « eau qui bout ».

Le gaz qui s'échappe d'une bouteille ? C'est du déo

Parce que ce gaz rappelle à la fois les bonnes bulles de la boisson et laisse entendre qu’elle est bien fraîche, c’est un élément essentiel de la pub. Alors généralement, on utilise du déo en spray ou alors de la glace synthétique pour donner cet effet fresh is so fresh.

Les cheveux qui ondulent sont en fait manipulés par des humains

Vous l’aurez deviné, les mannequins qui parlent face caméra en avançant dans la rue cadrés en plan américain, les cheveux au vent vous vantant les mérites de tel shampoing ou après-shampoing sont en réalité filmés devant fond vert. Et de part et d’autres de ces mannequins se trouvent des assistants entièrement vêtus de vert qui agitent lesdits cheveux pour donner cette impression de liberté du cheveu parce qu’on fait ce qu’on veut avec ses cheveux et que la beauté est avant tout un état d’esprit.

Les animaux sont remplacés par des doublures pendant les essais

Ok, si vous avez un chat ou un chien, vous savez très bien que c’est absolument impossible de lui demander de faire un truc et de le voir s’exécuter, à moins d’avoir une chance de ouf ou un animal de cirque. Donc maintenant imaginez que le temps passé à essayer d’obtenir ce que vous voulez de l’animal vous coûte de l’argent : vous laisseriez béton aussitôt. Ce n’est pas le cas des réalisateurs de pubs qui empruntent une voie médiane : les animaux utilisés sont fournis par des agences spécialisées et, pour économiser du temps et de l’argent, les essais avant prise se font avec des peluches. Ce n’est qu’une fois la scène tournée pour de vrai que MONSIEUR CHAT daigne sortir de sa loge.

Les chats qui courent courent en fait vers leur boîte

Les chats ne sont pas à l’aise à l’aise sur un plateau de tournage et ils n’ont qu’une envie, c’est de courir vers un endroit qu’ils connaissent et dont l’odeur leur est familière. Quand vous voyez un chat se précipiter vers un bol de croquettes ou de pâté, ce n’est donc pas vers ledit bol qu’ils se précipitent, mais vers leur cagette familière placée juste derrière le bol. Parce que sinon, le chat se contenterait de se foutre sur le dos et de pisser partout, on le sait bien.

Quasiment toutes les voitures sont en fait une seule et même voiture

Dans n’importe quelle pub pour bagnole où vous voyez des gens sentir la liberté de la route en appuyant sur le champignon en plein milieu du désert, vous voyez sans le savoir la même voiture : la Blackbird, une création de The Mill qui est en fait un modèle unique de voiture à même de prendre numériquement n’importe quelle forme de modèle. Tout est transformable : les châssis peuvent être modifiés pour correspondre à la largeur et la longueur du modèle, la hauteur, la rigidité, les amortissements, le moteur… Ensuite, c’est l’ordinateur qui entre en jeu pour fignoler les détails et modéliser l’intérieur.

Tous les bains sont fake

« J’ai la peau douce dans mon bain de mousse » tout ça tout ça. Mais ces filles à moitié à poil qui se prélassent dans la mousse ne sont en réalité ni dans un bain, ni dans la mousse pour la bonne et simple raison qu’un bain, ça refroidit vite, et une journée de tournage c’est loin. Sans compter que la peau fripée, ça ne passe pas super à l’image. En gros, l’actrice est filmée à hauteur d’épaule et le reste de son corps est recouvert de film plastique avant d’être plongé dans une genre de mousse. Quant à la mousse réelle que l’on voit, c’est simplement le produit d’une machine à mousse comme on en voit le jeudi soir à l’Excalibur, en grande banlieue de Barentin.

Certaines pubs de bouffe sont réalisées à l'aide de robots

Steve Giralt est un spécialiste des effets spéciaux new-yorkais dont la spécialité est de produire des spots alimentaires sans effet spéciaux. Pour y parvenir, il utilise tout un tas de robots qui permettent de composer les burgers en lévitation ou encore de servir des boissons dans des verres inclinés avec des glaçons qui éclaboussent… Le tout avec une image parfaite : c’est que les robots sont programmés en amont pour disposer les ingrédients de manière appétissante avec en plus une captation à 2000 images par seconde permettant de retranscrire tous les détails. Encore une preuve que les robots vont dominer le monde.

Et c’est comme ça qu’on obtient les meilleures pubs des années 2010.

Sources : Brightside, Maxitendance