On vous avait déjà parlé des différences France VS. Japon en illustrations, mais là, on plonge un peu plus dans le sujet avec un thème qui parlera à tout le monde : le love, l’amour, el amooooooreee. Car grâce au magnifique livre Tokyo Crush de Vanessa Montalbano, Française ayant vécu six ans au Japon, on a appris tout un tas de trucs sur comment les Japonais datent, se marient et ken. En voilà donc un petit condensé qui n’aura jamais la prétention de remplacer ce bouquin génial, mais qui vous donnera un très bon aperçu de ce que vous devez commander au prochain Noël.

Tinder au Japon, c'est quelque chose

Les règles strictes de la politesse japonaise s'appliquent aussi à Tinder

Au Japon, pas ou peu d’accroches ringardes ou beaufs comme en France sur les applis de rencontre. Quand on discute avec quelqu’un, on est le plus formel et courtois possible (rares sont donc les petites blagounettes), et on utilise le « keigo », un système de politesse avec un langage codifié à trois niveaux (gare à ceux qui ne s’en servent pas). Et si souvent, on abandonne le « keigo » après les premiers dates ou après le début officiel de la relation, certains couples le gardent pendant des mois jusqu’à la première dispute ou la première relation sexuelle.

Les bios des Japonais sur Tinder sont pleines de codes différents de ceux utilisés en France

Si en France, on a quelques codes pour décrire sa personnalité (420 ou #MMM), on est bien loin de ceux des Japonais. D’après l’expérience de Vanessa Montalbano, plein de personnes sur le Tinder japonais parlent de leurs visages « sucre » (visage rond et traits enfantins), « sel » (visage fin et pâle), « tanuki » (grands yeux et petit nez), ou se décrivent comme « chien » (loyal à l’air gentil) ou « amaenbo » (avec des gros besoins affectifs). Oui, c’est précis.

En plus d’aussi parler de leur corpulence, leur salaire, du lieu où ils habitent ou encore de quelle voiture ils possèdent, de nombreux Japonais se rangent dans des catégories très précises : il y a par exemple X1 pour les divorcés, 3Ko pour les hommes éduqués à hauts revenus (l’homme idéal), « P-katsu » pour ceux qui veulent être aidés financièrement par une femme, ou encore 3G pour décrire un homme avec des qualités inattendues, gentleman et avec de l’autorité.

On peut rechercher différents types de personnes sur Tinder, dont quelqu'un avec qui on veut juste prendre un bain

Même fonctionnement que lorsqu’on décrit sa personnalité : pour expliquer ce qu’ils recherchent sur les app de rencontre, les Japonais utilisent différents codes, dont certains assez … originaux. On cherche par exemple des filles « saba-saba », positives et naturelles, ou encore des « nori ga ii », des meufs partantes pour s’amuser. Mais la précision va plus loin que ça, puisqu’on peut aussi chercher un « sefure », un sex-friend, un « sofure », quelqu’un avec qui on veut juste s’endormir, ou encore un « ofure », un ami avec qui on souhaite prendre un bain. Je vous avais dit que c’était précis.

Les Japonais ont des catégories très précises concernant les professions à éviter

Toujours dans cet esprit de catégorisation, il existe certains métiers à éviter quand on cherche un mec, avec une appellation précise, comme les 3B (musicien dans un groupe, barman et coiffeur) ou encore les 3S (masseur, pompier et entraîneur sportif). Certaines qualités sont aussi définies comme à bannir : c’est le cas des 3K (insensible et strict, sale et dangereux). Pas forcément très surprise par la dernière catégorie, mais c’est pas moi qui fais les règles, vous me direz.

Au Japon, on se réfère au groupe sanguin lorsqu'on veut filtrer les rencontres

C’est un peu leurs signes astro à eux et la plupart l’affiche fièrement sur son profil. Les O sont des leaders dynamiques, optimistes et confiants. Les A sont des travailleurs organisés et diplomates tandis que les B sont des extravertis, francs et égoïstes. Les AB sont, eux, des rêveurs incompris, d’après ce qu’explique Vanessa Montalbano. Mais, ce critère est un problème parce que cela engendre parfois du « burahara », la discrimination par le sang, ce qui n’est vraiment pas cool sur l’échelle de la coolitude.

Les Japonais et le date, une grande histoire de codes

Au Japon, le soin apporté à l'organisation du date et le côté gentleman veulent dire beaucoup

Si vous voulez avoir une chance de ramener quelqu’un chez vous, mais surtout d’avoir un deuxième date au Japon, il y a des formes à mettre un peu partout. Choisir un bon resto qui fasse assez date entre les deux lieux de résidence, demander quelles sont les préférences de la personne que vous visez, choisir la pire place à table, ou encore aller payer en faisant mine d’aller aux toilettes.

Et même après le date, la galanterie doit persister, puisque les hommes japonais portent les sacs des femmes lorsqu’ils sont trop lourds, marchent du côté des voitures dans la rue, se positionnent en bas dans un escalator en cas de chute, et ouvrent les paquets de bonbons avant de garder l’emballage pour le jeter eux-mêmes à la poubelle. Beaucoup trop bien élevés.

Certains gestes anodins peuvent avoir une grande importance

On parle d’ « ai ai gasa » pour parler de ces gestes qui, ailleurs, ne veulent pas dire grand-chose, mais qui, au Japon, peuvent être vus comme une invitation à aller plus loin. C’est notamment le cas lorsqu’on propose à quelqu’un de partager son parapluie ou de boire dans le même verre que le sien (vu comme un baiser indirect, chaleuuuuur). De même, accepter d’aller diner à deux, de se retrouver en tête-à-tête en voiture ou au karaoké peut être vu comme un signe de consentement (alors qu’on sait tous que sans oui, c’est non).

L'alcool et la bouffe prennent beaucoup de place dans les relations amoureuses au Japon

Sur Tinder, plein de profils japonais précisent ce qu’ils aiment bouffer, voire qu’ils adorent manger en marchant (« tabearuki »). Ce qui n’est pas très étonnant quand on sait que la société japonaise accorde de l’importance aux hommes qui font eux-mêmes leur bento pour manger le midi au bureau. Pour certains, c’est le signe qu’il s’agit d’une personne organisée qui accepte de participer aux tâches ménagères, alors que pour d’autres, cela signifie qu’elle est radine, rigide, sans ambition et jalouse.

L’alcool est aussi omniprésent dans le dating au Japon. Bon nombre de Japonais veulent avoir une « compatibilité alcoolique » avec leur partenaire, car le petit verre à la main à chaque occasion est extrêmement fréquent au Japon, d’autant plus que pour beaucoup, il est un vrai moyen de paraître plus cool. L’auteure raconte d’ailleurs que certaines Japonaises se maquillent en cours de soirée pour paraître pompette dans le simple but d’avoir une bonne excuse si elles doivent se justifier d’avoir eu une aventure, chose qui n’est pas très bien vue au Japon.

Il faut passer par une demande officielle avant d'être vraiment en couple

Globalement, au Japon, on n’est pas en couple tant que l’un des deux membres n’a pas fait la demande d’officialisation de la relation, le « kokuhaku », qui permet par la même occasion d’avouer ses sentiments. Cela concerne aussi bien les enfants et ados que les adultes, et ça peut être exactement comme ce que l’on voit dans les films romantiques : des déclas enflammées sur une table dans un self bondé ou au milieu d’une patinoire un soir d’hiver. Cringe ou mims, je vous laisse choisir.

Les gens vont très souvent ken dans des love hotels au Japon

Comme beaucoup de Japonais vivent chez leurs parents jusqu’au mariage (pas facile pour ken discrètement), la plupart des gens, en couple ou pas, vont dans des « love hotels » qu’on trouve méga facilement un peu partout au Japon. Leur particularité est qu’ils ont souvent des thèmes assez excentriques (genre Jurassic Park ou croisière sur un paquebot), mais surtout qu’on peut y trouver un anonymat certain. Ces établissements proposent tous les produits d’hygiène nécessaires pour que vous n’ayez rien à ramener de chez vous, des produits pour lentilles de contact, en passant par les savons sans odeur pour ne pas se faire cramer. Trop malin putain.

À la Saint-Valentin, ce sont les femmes qui offrent des chocolats

Et pas n’importe lesquels puisque chaque chocolat a sa signification : il y a les « tomo choco », ceux qu’on offre à ses amis ; les « giri choco », ceux qu’on offre à ses collègues ; et les « honmei choco », ceux faits maison qu’on offre à son crush.

Lors du White Day, un mois plus tard, les hommes doivent rendre la pareille aux femmes en leur offrant un cadeau blanc, de trois fois la valeur de ce qu’ils ont reçu (galère, faut être bon en maths). Noël au Japon pourrait aussi être vu comme une seconde Saint-Valentin (beaucoup de demandes en mariage se font d’ailleurs ce jour-là) puisque les couples vont dîner dehors avant de s’offrir des cadeaux. Mieux vaut donc avoir un date durant cette soirée !

Le ghosting est très utilisé comme technique pour rompre

C’est en tout cas ce que révèle Vanessa Montalbano, malheureusement victime de cette technique de gros sagouin. Beaucoup de Japonais préfèreraient disparaître petit à petit jusqu’à s’effacer complètement plutôt que d’avoir une confrontation et une dispute frontale. Clairement, on valide pas du tout cette technique.

Les Japonais sont plutôt team mariage

La "chasse au mari" est très répandue au Japon

Le mariage est encore une institution au Japon, même si de plus en plus de jeunes se détournent de cette union (un peu comme en France, vous me direz). Mais l’idée qu’il faut se trouver un mari le plus tôt possible est tellement ancrée dans l’esprit des Japonaises que beaucoup se prêtent au jeu du « konkatsu », la chasse au mari. Cela passe d’abord par des émissions, des livres, des magazines, qui donnent entre autres des conseils sur quelle tenue porter pour montrer qu’on est sérieuse dans sa recherche, mais aussi sur la façon de parler. Certaines femmes, appelées « burikko », parlent volontairement de façon très aiguë en se nommant à la troisième personne pour paraître très mignonne aux yeux de la gente masculine. Chacun son kink après tout.

Il existe des écoles pour apprendre à être une bonne épouse

Ces établissement ont des programmes sur plusieurs mois coûtant des milliers d’euros (oui, oui…), pour apprendre l’art du thé, savoir cuisiner, connaître les bonnes manières en soirée ou pouvoir s’habiller seule en kimono, avec pour seul but d’être bonne à marier. Il existe aussi des agences de conseils appelées « kekkon sodansho » qui, en plus d’un coaching, offrent des services d’enquête sur la famille du futur partenaire.

Les Japonaises peuvent également trouver un mari dans les « omiai », des soirées pour célibataires qui répondent parfois à des critères très précis sur l’âge ou sur la profession des participants. Ça ressemble un peu à des rallyes pour adultes, oui.

Il existe deux types de tromperie "officielles" au Japon

En cas de divorce, les histoires de tromperie peuvent coûter très cher au Japon, car ils existent deux types d’adultères aux yeux de la loi. La première catégorie de relation extra-conjugale est appelée « furin » et désigne les histoires sans lendemain, et donc sans sentiments (louer les services de quelqu’un entre dans cette catégorie, puisqu’il s’agit donc d’un service et non pas de sentiments, trop pratique le fameux « se faire sucer c’est pas tromper »). La deuxième catégorie, celle des histoires d’amour parallèles sur le long terme, sont appelées « uwaki ». Vous vous en doutez, une compensation plus élevée sera demandée par une victime « d’uwaki » en cas de séparation.

Et qui dit argent dit tentatives de tricher : si de nombreux couples font appel à des agences de détectives pour trouver des preuves de tromperie, il existe également des agences professionnelles de rupture appelées « wakare-saseya » qui se chargent de créer des fausses preuves. Grosse ambiance à la villa.

Les trentenaires célibataires ne sont pas très bien vus, contrairement aux divorcés

Le pays traîne l’idée que les gens ont un genre de pic de popularité, appelée « moteki », après lequel on n’est plus vraiment bon à rien, et certainement pas à marier. C’est d’ailleurs ce que raconte Vanessa Montalbano dans son bouquin : après 30 ans, les hommes célibataires non-divorcés, c’est chelou, donc ils ont forcément un problème et il faut s’en méfier. Même chose pour les femmes : dans les années 80, au Japon, on appelait « Gâteau de Noël » ou « kurisumasu keki » les meufs de plus de 25 ans non mariées, car tout le monde sait qu’après le 25 décembre, les restes de Noël sont de moins en moins bons (charmant).

A contrario, les personnes divorcées sont, depuis quelque temps, mieux vues que les personnes célibataires, car l’on considère qu’elles ont plus de maturité, d’expérience au vu des épreuves passées.

Niveau cul, ça y va

Il y a des agences de tourisme de cul dans la rue pour vous aider à trouver votre bonheur

Eh oui, ça fait partie des trucs qui ne sont pas si bien que ça au Japon. Ces enseignes appelées « muryo annaijo », qu’on voit un peu partout en tant que touristes sans trop savoir ce que cela représente, sont en fait des offices de tourisme du sexe qui sont là pour vous créer un programme sur-mesure entre différents établissements de plaisir pour adultes. Petite dégustation de sushis sur le corps d’une femme nue dans un dîner « nyotaimori » ; visite de « couple kissaten », sorte de café échangiste ouvert la journée ; sortie dans un « oppai club » où les serveuses se baladent seins nus et où les clients peuvent toucher… Y en a pour tous les goûts (même les plus mauvais).

On peut sortir avec des hommes de compagnie et louer un petit-ami

Au Japon, il est facile de trouver sur les app de rencontre des « thérapeutes sexuels », soit des petits amis qu’on « loue », qui sont en fait juste des mecs que l’on paye pour passer une nuit (ou plus) en leur compagnie et qui sont aussi là pour répondre aux fantasmes des clientes. L’inverse existe aussi avec des femmes. On les différencie des « hosts », ces « hommes de compagnie » que l’on trouve dans des clubs et des bars et qui sont payés pour divertir les femmes présentes et boire un verre en leur compagnie, tout en les incitant à consommer un maximum sur place. Techniquement, les hosts ne sont pas censés coucher avec les clientes, mais la réalité, est bien différente.

On peut acheter des sextoys dans des bistrots japonais

Eh oui, il existerait un « menu secret » disponible dans certains « izakayas », les bars à vins ou bistrots japonais, qui permettrait d’acheter sur place des tengas, des sextoys pour hommes méga populaires, du masturbateur aux œufs. Santé !

Le marché des accessoires portés est grave en vogue au Japon (et c'est hyper dérangeant)

On va pas se mentir, en France aussi on a un espèce de marché souterrain de petites culottes sales et de chaussettes puantes post-séance de sport. Mais au Japon, c’est plus insidieux que ça : il existe des forums sur lesquels s’organisent des vraies chasses à la culotte sale, où il arrive parfois que l’homme qui trouve la « récompense » le premier doive carrément retirer la culotte de la femme qui la porte (avec son consentement, je précise). Il existe aussi des « burusera », des boutiques assez horribles puisque le concept repose sur le fétichisme des écolières et que des ados viennent y vendre leurs sacs de cours, leurs chaussettes, leurs vêtements et parfois aussi leurs sous-vêtements, pour se faire un peu de thune. En 2022, il y avait même tout un marché de vente de masques chirurgicaux d’étudiantes usagés. C’est le Covid qui était content.

Ce fétichisme des trucs portés va tellement loin qu’on conseille aux femmes de ne pas habiter en rez-de-chaussée et de ne surtout pas faire sécher leurs sous-vêtements dehors, ou alors d’acheter plusieurs tee-shirts et sous-vêtements masculins pour faire croire que l’on vit avec un homme. Quel pur plaisir !

Eh bah sur ce, qui vient s’enfiler des ramens en buvant de la Asahi avec moi ? Nan, personne ?