Salut mes petites poignées d’humour (c’est un peu comme des poignées d’amour mais c’est plus rigolo), figurez-vous qu’après toutes ces années parties en exploration dans l’univers de la drôlerie, on n’avait encore jamais eu la brillante idée de vous présenter les romans les plus drôles à lire. Mais on parle de romans vraiment drôles. Genre des livres qu’on lit et qui nous font vraiment marrer.
Ce top repose sur les recommandations de la rédac, mais on ne doute pas qu’il existe tout plein d’autres livres hilarants, alors balancez nous vos conseils parce que ça fera de bonnes idées de cadeaux de Noël.
La Conjuration des Imbéciles (John Kennedy Toole)
Il arrive en tête de tous les classements des livres les plus drôles et pour cause, ce roman de J.K. Toole est un chef d’oeuvre d’hilarité mondialement reconnu. Dans une langue volontairement ampoulée, on suit les aventures d’Ignatius, un drôle de type imbuvable et surtout imbu de lui-même (« Décidé à ne fréquenter que mes égaux, je ne fréquente bien évidemment personne puisque je suis sans égal »), asocial, hypocondriaque. Il vit toujours chez sa mère. Il ne parvient pas à garder un job plus de quelques jours tant il est incompétent mais déverse tout son fiel dans la correspondance qu’il mène avec son ex et dans son journal intime.
Petite cocasserie morbide sur l’histoire de ce livre : Toole a cherché en vain à se faire éditer avec ce roman. N’y parvenant pas il a fini par se suicider. C’est sa mère en récupérant le manuscrit qui a poursuivi sa recherche d’éditeur. Ce romancier de génie n’aura donc jamais connu son succès de son vivant. C’est moche.
Ce livre est plein d'araignées (David Wong)
David Wong ça ne vous parle peut-être pas mais sachez que c’est le fondateur du site humoristique Cracked, une sorte de pendant américain de Topito qu’on apprécie comme un cousin outre-Atlantique. Eh bien ce David a eu la bonne idée d’écrire également des romans totalement barrés parmi lesquels je vous cite mon préféré au titre particulièrement aguicheur. Comme annoncé, Dave se trouve attaqué par une araignée géante. Après un combat ultra gore, Dave comprend que le monde est attaqué par ces monstres que seules quelques personnes parviennent à voir de leurs yeux. Les attaques des arachnoïdes créent tout un tas de zombies mutants qui ne manqueront pas de foutre le bordel.
Un livre totalement délirant dont vous pourrez saisir l’ambiance avec le film John Dies at the End adaptation du roman du même titre dont ce livre est la suite. Oui parce que nous on n’a pas envie de commencer par les premiers tomes en fait.
La fin du monde a du retard (J.M. Erre)
Impossible de ne pas citer ce bon vieux J.M. Erre quand on parle de livres drôles puisque cet auteur contemporain (qui officie occasionnellement pour la revue Fluide Glacial) est devenu expert en matière de drôlerie littéraire. On aurait pu vous citer Qui a tué l’homme-hommard ?, Made in China ou encore Le bonheur est au fond du couloir à gauche mais le plus simple c’est que vous lisiez tout ce qui sort de cette incroyable plume.
Ce roman fait le récit d’une course-poursuite de deux patients en hôpital psychiatrique qui ont fui leur établissement. Julius pense qu’un complot mondial menace la survie de l’humanité tandis qu’Alice souffre d’épisodes amnésiques très handicapants. Pas évident dans ces conditions de sauver le monde, mission dont ils sont convaincus d’avoir les clés. Et question plume, on y trouve des passages aussi désopilants que « Comme prévu, l’intelligence et le sang-froid propres à l’être humain s’exprimaient par des cris hystériques, des courses éperdues et beaucoup de zèle dans l’art du piétinement d’autrui. »
Journal d'un scénario (Fabcaro)
Comment pourrait-on oublier Fabcaro ? Depuis quelques années, on ne jure plus que par ce brave homme et son désormais cultissime Zaï Zaï Zaï Zaï (sans compter les nombreuses autres BD hilarantes qu’il a sorties depuis). L’auteur/dessinateur s’est désormais prêté à l’exercice du roman. On lui doit quelques pépites telles que Le Discours, Samouraï ou encore Figurec mais son dernier roman Journal d’un scénario surpasse tout.
Comme son titre l’indique, il est écrit sous la forme d’un journal intime d’un scénariste, Boris, en passe de voir son scénario être porté à l’écran. Malheureusement, les aléas de la production le mènent à faire des terribles compromis sur son projet initial à tel point qu’il le dénature totalement. Mais Boris continue de croire naïvement en ce projet artistique qui, une fois broyé par la machine des investisseurs, deviendra une comédie ultra vulgaire à l’opposé de son projet initial. Et figurez-vous que c’est hilarant, ça tombe bien sinon je ne vois pas pourquoi on en parlerait dans ce top.
Le discours (Fabcaro)
Oui bon écoutez c’est idiot, je sais qu’on vient de vous parler de Fabcaro mais on ne peut pas faire l’impasse sur cet autre roman qui a rencontré un succès phénoménal et a été adapté au cinéma et au théâtre.
Alors qu’il est en plein dîner de famille, Adrien, quarantenaire dépressif, attend la réponse de son ex au texto qu’il vient de lui envoyer. Pas de réponse. Et pourtant les plats défilent. Adrien s’interroge. Pourquoi ce silence ? L’occasion pour lui de se replonger dans les méandres (le plus souvent absurdes) de cette relation et figurez-vous que c’est à se bidonner.
Underdog Samourai (Romain Ternaux)
Romain Ternaux est une plume du genre carrément drôlatique. Après quelques romans comme L’histoire du loser devenu gourou, I am Vampire ou encore Success Story qu’il a co-écrit avec Johan Zarka, ce roman est son dernier ouvrage sorti en 2023 et c’est une petite pépite qui s’inscrit dans le genre de la Bizarro Fiction.
Imaginez un type plutôt du genre gros glandeur sur les bords qui commande un sabre japonais sur le dark web et se trouve avec un faux sabre tout pourri made in China qui se pète au premier à-coup. Il n’en fallait pas moins à notre héros loser pour entreprendre une vendetta en terres nippones contre l’équipe de yakuzas à l’origine de l’arnaque. C’est complètement con et c’est pour ça que c’est complètement hilarant.
Sois clément, bel animal (Benjamin Planchon)
Croyez-le ou non l’histoire de ce roman sorti en 2023 est assez proche de celui de Fabcaro déjà cité plus haut (Journal d’un scénario) et pourtant son traitement n’a rien à voir. En tout cas, il s’agit là encore d’un écrivain confronté à la tragique adaptation de son premier roman sur grand écran (une référence au réel premier roman de Benjamin Planchon Le Domaine des Douves dont on vous recommande aussi la lecture). Pour l’auteur naïf et pétri d’admiration envers le réalisateur en charge du projet, c’est l’occasion de mettre un pied dans un monde outrancier aussi superficiel que loufoque. Un mélange d’étrange et de drôlerie qui ne manque pas d’inventivité. Attention ne confondez pas l’auteur avec Benjamin Plancton, le nom de mon poissonnier qui vend de très bonnes huîtres pas trop laiteuses (possibilité de donner le contact en mp si intéressé).
H2G2, la meilleure trilogie en 5 volumes (Douglas Adams)
Arthur est un Anglais qui ne fait pas grand chose de sa vie à part tenter de défendre sa maison qui doit être détruite pour laisser la place à une autoroute. Mais le jour où la démolition inévitable arrive, son meilleur ami lui avoue qu’il est un extraterrestre et que la planète Terre va être détruite pour… Qu’une autoroute galactique soit construite à la place. Il se retrouve alors projeté dans une aventure dans l’espace complètement absurde où l’on se prend à rire très souvent. « La meilleure trilogie en cinq volumes » qu’on vous conseille évidemment si vous aimez les space opéra et l’humour anglais. D’ailleurs on vous a même donné les meilleures citations de Douglas Adams, ça pourra vous servir de mise en bouche.
Lord of the Ringards (Henry Beard et Douglas Kenney)
Un roman devenu culte dans le genre de la parodie puisqu’il a réussi à travestir l’oeuvre de Tolkien en reprenant l’intrigue du Seigneur des Anneaux sauf qu’ici Sauron devient Salkon et Frodon se transforme en Fripon. Traduction française oblige, on aime beaucoup le titre anglais original Bored of the Rings. Bref c’est un roman parodique bien débile mais qui ne manquera pas de séduire les fans de Tolkien tout en élargissant son univers vers des contrées quelque peu plus humoristiques.
La saga du Bourbon Kid (Anonyme)
Tout commence dans un bar crade de la ville fictive de Santa Montega quand un type patibulaire se met à buter toute la clientèle après avoir bu un verre de bourbon. Une enquête démarre par la police locale alors qu’on découvre peu à peu que la ville serait le repère de vampires et de loups-garous. Une saga qui tape souvent sous la ceinture avec des personnages hauts en couleurs et des scènes de fusillades super violentes, comme si les romans avaient été écrits par Tarantino et Robert Rodriguez. Des zombies, des vampires, des moines super forts en arts martiaux, un sosie d’Elvis tueur à gage et un motard qui travaille pour Dieu en personne vont croiser la route du Bourbon Kid, et c’est bien souvent explosif. En plus l’auteur·ice est une des rares personnalités qui a su maintenir son identité secrète.
Trois hommes dans un bateau (Jerome K. Jerome)
Un classique qui a traversé les décennies puisqu’il a été publié en Angleterre en 1889. Ce roman comique raconte l’histoire de George, Harris, Jérôme et le chien Montmorency qui entreprennent tous les quatre un voyage sur la Tamise. Quoi de plus classique me direz-vous ? L’humour du roman naît des anecdotes et digressions qui sont parsemées tout au long du récit et prennent parfois des allures de réflexions philosophiques aussi déroutantes qu’amusantes.
Orgasme à Moscou (Edgar Hilsenrath)
Grand auteur allemand du XXe siècle Edgar Hilsenrath est surtout connu pour son grand succès littéraire Le Nazi et le Barbier mais on avait envie de vous parler de cet autre roman qui nous a plongé dans l’hilarité la plus totale du début jusqu’à la fin (si vous aimez le genre, on vous recommande aussi Fuck America de la même plume, un titre prometteur).
Celui-ci se passe en pleine guerre froide alors que la fille d’un parrain de la mafia expérimente son premier orgasme au cours d’un voyage dans la capitale Russe. Scandale. Qui est dont ce rabin dissident juif doté de cette extraordinaire capacité à donner des orgasmes ? Il n’en fallait pas plus pour que toute la mafia s’en mêle et tente de mettre la main sur ce héros pénien afin de le marier à l’heureuse élue. Et on y trouve des phrases cocasses comme « Les jets volaient plus vite, les lave-linges lavaient plus blanc, mais la journée avait toujours 24 heures. » Si avec ça vous n’êtes pas convaincu, je me demande bien ce qu’il vous faut de plus.
Anansi Boys (Neil Gaiman)
Charlie Nancy est un comptable discret et sans histoires un peu réservé qui bosse pour une société de spectacle. À la mort de son père qu’il n’a pas vu depuis des années il retourne dans la région de son enfance et rencontre ses anciennes voisines qui lui annoncent que son père était en fait le dieu Anansi, un ancien dieu araignée africain. Charlie comprend alors pourquoi son père était aussi extravagant et prenait un malin plaisir à le ridiculiser assez souvent, ce qui explique pourquoi il a préféré couper les ponts avec lui. Mais il apprend aussi qu’il a un frère : le très séduisant et sûr de lui Mygal, qui a hérité de toute l’assurance de son père et qui risque de venir foutre le bordel dans sa vie. La vie de Charlie bascule de tous les côtés, un roman qui se déroule dans l’univers de « American Gods » mais qui est bien plus comique que son prédécesseur.
De bons présages (Terry Pratchett et Neil Gaiman)
Alors que l’Apocalypse arrive, un ange et un démon qui sont les représentants de Dieu et du Diable sur Terre doivent s’occuper de faire grandir l’antéchrist parmi les humains. Seul petit problème : le gamin a été changé à la maternité par des bonnes soeurs et ils surveillent donc le mauvais enfant pendant plusieurs années. Commence alors une course contre la montre pour empêcher la fin du monde où se mêlent une sorcière et un gang de quatre motards qui pourraient bien être les cavaliers de l’apocalypse. Un bon bouquin absurde adapté en série sur Amazon Prime (et la série vaut le coup).
Le gang de la clé à molette (Edward Abbey)
Si vous êtes du genre à vouloir crever les pneus des SUV ou saboter une site de production Total, ce roman culte devrait finir entre vos mains à un moment ou à un autre. Grand manuel du sabotage industriel, il relate l’histoire de quatre révoltés contre l’industrie destructrice des beaux paysages de l’ouest américain qui décident de rentrer en lutte contre cette machine invisible. Et les voilà partis pour tout foutre en l’air à coups de clés à molette : des ponts, des routes et des voies ferrées en tentant d’échapper aux forces de l’ordre.
Sorte de Thelma et Louise écolo, avec une bonne dose d’humour en rab comme en témoigne ce court extrait : « Page, Arizona : 13 églises, 4 bars. toute ville possédant plus d’églises que de bars est une ville qui a un problème. C’est une ville qui cherche les problèmes. Et ils essaient même de christianiser les Indiens. Comme si les indiens n’étaient pas déjà assez pénibles comme ça. » ou encore « La violence est aussi américaine que la pizza. »
La fin des Coquillettes, un récit de pâtes et d'épées (Klaire fait Grr)
Ça fait depuis bien longtemps qu’on suit les aventures de Klaire fait Grr (on avait déjà adoré son essai menstruel co-écrit avec Louise Mey Chattologie), avec ce nouveau roman elle nous offre un récit d’aventures pas banal où s’entremêlent le temps de cuisson des coquillettes éponymes et patriarcat. C’est drôle et frais, ça se déguste sans fin (mangez pas vraiment le livre en revanche).
Le Chameau Sauvage (Philippe Jaeneda)
Quand le héros d’un roman a la capacité étonnante de provoquer catastrophes sur catastrophes, ça donne forcément lieu à des situations cocasses. C’est le cas de Halvard Sanz, la personne la moins chanceuse sur terre qui malgré toutes les galères qui lui arrivent parvient à adopter une philosophie de l’existence assez inspirante. Et si je ne vous ai pas convaincus, ce court extrait devrait achever le boulot pour moi :
« CONSEILS POUR PARAÎTRE À L’AISE DANS UN ASCENSEUR
Faire l’impatient et tapoter du pied donne l’air ridicule d’un businessman surexcité. D’un autre côté, regarder l’autre dans les yeux, face à face à quelques centimètres, l’inquiète. Quant à vouloir engager la conversation avec lui c’est une erreur : même pour une discussion très banale, le temps de voyage est trop court. »
L'Extraordinaire Voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikea (Romain Puértolas)
Présent dans toutes les listes existantes de romans drôles, on ne pouvait pas faire l’impasse sur cet énorme succès littéraire qui nous raconte l’histoire du voyage le plus low-cost de l’histoire de la low-costerie pour le sans-papier Ajatashatru Lavash Patel. Et comme le titre du roman le spoile déjà, ce fakir va voyager dans une armoire de la marque suédoise en quête d’atterrissage dans un pays libre de droits. Dit comme ça, ça a pas l’air délirant, mais il paraît que ça l’est.
Le Vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire (Jonas Jonasson)
Etonnant comme ce livre partage plein de points communs avec le précedent, à commencer par son titre à rallonge mais aussi le fait qu’il se trouve dans toutes les recommandations de romans drôles à lire tout en étant un succès littéraire mondial. Personnellement je ne l’ai pas lu mais en bonne servitrice, je me dois de vous en parler tout de go.
Allan Karlsson fête son 100e anniversaire en maison de retraite. Sauf qu’il n’a aucune envie de célébrer cet évènement et finit donc par fuir charentaises aux pieds vers d’autres contrées suédoises. Cette cavale nous donne l’occasion de replonger dans le passé de cet artificier de génie, dont l’histoire nous permet de traverser le XXe siècle par le prisme de son parcours personnel.
Wilt, tome 1 : Comment se sortir d'une poupée gonflable et de beaucoup d'autres ennuis encore (Tom Sharpe)
Décidément quelle prolixité dans le choix des titres ! Cela dit, celui-ci met plutôt l’eau à la bouche, non ? « Une chiure d’escargot vous fait l’effet de la cordillère des Andes. » Je ne sais plus à quoi fait référence cette citation dans le roman mais je trouve qu’elle donne bigrement envie.
Ce roman se centre sur un prof de culture G dans un lycée technique qui vit pas très bien le concept de la quarantaine. Ses élèves n’entravent rien à ses cours et sa femme lui mène une vie infernale. Un soir il pète un boulon et franchit l’infranchissable… Je mets des points de suspension pour susciter votre envie de lire la suite, ça marche ?
Fan man (William Kotzwinkle)
Présenté le plus souvent comme un texte pas forcément évident il a pourtant quelque chose entre The Big Lebowski et un clochard céleste de chez Kerouac ce qui en fait un livre hilarant. Nul doute que vous finirez par aimer ce drôle de loser qu’est Horse Badorties comme nous.
Le sexe des femmes (Anne Akrich)
Certes on fait un pas de côté pour vous parler ici plutôt d’un essai que d’un roman, mais il mérite tout de même sa place dans ce top car Anne Akrich y partage avec un ton cruellement drôle ce que beaucoup de femmes pensent et ressentent. Sans pour autant s’ériger en porte-parole, elle évoque des événements traumatiques très éloignés de quelque chose de drôle mais son traitement rend ce livre étrangement délectable.
Guerre et Paix (Tolstoï)
MDR non pas du tout. Ou alors c’est Guerre et Pet.
Et tout plein d'autres livres en vrac qu'on voulait pas oublier
Pourquoi j'ai mangé mon père (Roy Lewis)
Les rillettes de Proust (Thierry Maugenest)
Bien sûr que les poissons ont froid (Fanny Ruwet)
Dès que sa bouche fut pleine (Juliette Oury)
Le guide de survie du jeune papa de notre Laurent Moreau national (oui c'est pas un roman ET ALORS ON FAIT CE QU'ON VEUT EN FAIT)
Il ne vous reste plus qu’à mater les meilleures comédies françaises et vous en saurez un rayon sur tout ce qui est drôlerie.