Vous pensiez qu’on ne pouvait pas tuer un mort ? Disney l’a fait. Il a déterré les cadavres de nos écrivains préférés pour les assassiner froidement à coup de dessins animés. Disney se fout de la culture, et cela se sent. Il envoie les livres en orbite vers d’autres galaxies. Certains personnages sont donc amputés de tout ce qui les rendait intéressants, voire carrément transformés en grosse caricature. Heureusement, on est là pour rétablir la vérité.
Claude Frollo
Dans le roman de Victor Hugo, Frollo est un prêtre intellectuel, philosophe et avide de connaissances. Il élève Quasimodo et il entretient son frère alors que c’est un gros con. Le petit souci c’est que Frollo l’abstinent tombe fou amoureux d’Esmeralda, ce qui lui cause quelques débordements dans la culotte. D’où le drame de cet homme, qui connaît le désir pour la première fois. D’accord, il la fait tuer, mais c’est un personnage complexe loin du psychopathe du Disney. En bref, Disney s’est torché les fesses avec Hugo. Ah, j’oubliais ! Phoebus est juste un gros con qui profite des sentiments d’Esmeralda pour se la faire. Bisous les enfants.
Simba
Vous ne le saviez peut-être pas mais le Roi Lion est inspiré d’Hamlet de Shakespeare. Pour ceux qui ne le sauraient pas, c’est l’un des chefs-d’œuvre de la littérature européenne, rien que ça. Hamlet est un homme torturé, un poil cinglé, avec une grosse gueule de bois de la vie. C’est un des personnages les plus complexes de la littérature. Mais ça, Disney s’en fout. Il préfère les petits lions hippies qui s’en vont gambader dans la savane en chantant « Hakuna Matata ».
Ariel
Dans le conte d’Andersen, la petite sirène n’a rien à voir avec la lessive. C’est une jeune fille qui rêve de liberté et d’humanité. Elle croise un joli prince, et l’envie lui prend de devenir humaine. Pour ça elle doit être aimée de lui. Elle s’en va donc chercher la sorcière de la mer (rien à voir avec cette danseuse poulpeuse d’Ursula) qui lui file une potion pour avoir avoir des jambes. Les jambes lui filent des douleurs de type accouchement, mais en plus si elle n’arrive pas à séduire le prince elle meurt. Sauf qu’il la lâche et la petite sirène claque. Donc si vous voulez, le mariage est plus un problème que l’aboutissement d’un rêve. Pendant ce temps, Disney nous pond une grosse gourdasse aux grands yeux de poissons. Du reste, nous sommes formels, cette couleur de cheveux n’existe pas dans le spectre chromatique.
Hercule
A l’origine, Hercule était sérieusement agité du bocal. Durant une crise de folie, il a légèrement tué toute sa famille (même cette charmante Mégara, paix à son âme). Pour se purifier, parce qu’il avait quand même fait une sacrée boulette, il entame ses fameux travaux. Dans la mythologie et la littérature, Hercule a une symbolique complexe : il est un philosophe, un personnage en quête de soi, un homme qui essaie d’aller au-delà de lui-même. Pas cette espèce de type insipide qui fait guéguerre avec Hadès. Au passage, il aimait tremper sa nouille un peu partout. Il s’est notamment tapé son neveu. Voilà.
Mary Poppins
Eh oui ! Mary Poppins était au départ un livre. Dans l’œuvre originale, Mary Poppins n’est pas exactement une franche déconneuse. Elle a mauvais caractère et la discussion n’est pas vraiment son fort. Tout l’aspect féministe et indépendant de la nounou a été un peu, voire carrément, effacé par Disney. D’ailleurs, le livre est tellement différent du film que Pamela L. Travers, l’auteure, l’a détesté. On l’a bien compris, Disney aime les femmes un peu connes.
Peter Pan
Attention révélation, Peter Pan est un con. Voilà, c’est dit. Disney aime les gentils personnages, parce que Disney aime faire de gentilles histoires toutes mignonnes. Mais le Peter du roman de J. M. Barrie est un garçon égocentrique, angoissé par la mort et le temps et incapable de comprendre les sentiments des autres. Il aussi une fâcheuse tendance à oublier tous ses amis. Même Wendy. C’est un garçon beaucoup plus perturbé que dans le dessin animé, et on ne parle pas de dyslexie ou d’hyperactivité, mais d’un bon gros problème psychologique.
Bonus : Anastasia
OUI ON SAIT C’EST PAS UN DISNEY, et j’irai brûler dans les flammes de l’enfer. D’ailleurs, Anastasia n’est pas inspiré de la littérature mais c’est le genre de film à donner des crises cardiaques à Stéphane Bern. Il faut rétablir la vérité : Anastasia est morte fusillée avec toute sa famille en pleine révolution russe. Elle n’était pas non plus la gentille princesse qui dansait loin des froids de décembre dans son joli palais. A l’époque, la Russie était l’un des pays les plus pauvres d’Europe et ils vivaient plutôt mal l’autoritarisme de papa Nicolas II. On ne sait pas qui a fait ce film, mais il nous a fait une bonne bouillabaisse historique. On ne le félicite pas.
Maintenant, on arrête de regarder des films stupides et on se met à lire.