Il y a plein de bonnes raisons d’aller s’installer en Espagne, mais clairement, celle qui me fait le plus kiffer actuellement, c’est l’adoption par les députés, en février 2023, d’un projet de loi permettant la création d’un congé menstruel pour les personnes atteintes de règles douloureuses. On en a rêvé et ils l’ont fait. Voilà des preuves que suivre l’exemple des bouffeurs de tapas est la meilleure idée qu’on pourrait avoir depuis des décennies.

Ça permettrait de moins en chier, pour commencer

Selon une enquête Ifop de 2020 pour iNTINIMA, une femme sur deux a des règles douloureuses (un taux qui monte à 60% chez les 15-19 ans dont 20% déclarent même avec des règles TRÈS douloureuses). Ça fait un paquet de personnes. Et pourtant, malgré cette souffrance généralisée, très peu d’entreprises proposent des solutions sur place pour lutter contre la douleur : pas d’espace repos, pas de bouillottes, pas de médocs adaptés (voire pas de médocs du tout)… Pire encore dans les collèges et lycées : il n’est pas rare de devoir attendre la fin d’un cours pour aller changer sa serviette, voire son tampon (hyper dangereux pour le syndrome du choc toxique), et certains cours de sport restent obligatoires malgré des douleurs très handicapantes physiquement. Alors croyez-moi qu’un petit congé menstruel pour pouvoir se soigner chez soi et moins douiller, ça serait pas de refus.

Ça briserait enfin le tabou

Rares sont les tafs où l’on parle ouvertement de ses règles et de douleurs menstruelles, où on a des protections hygiéniques gratuites à disposition et où on peut être moins productif parce qu’on est en pleine torture physique et mental. Eh oui car dans plein de boîtes, on fait comme si les règles n’existaient pas en mode si on se cache les yeux et qu’on les ignore très fort, on ne verra pas que les meufs saignent tous les mois. Mais on en a ras la cup d’avoir honte de nos règles, alors foutez-nous un congé menstruel, qu’on normalise ce truc naturel une bonne fois pour toutes.

Ça serait plus juste pour les métiers physiques

C’est assez logique finalement : même si toutes les femmes ont un rapport différent à leurs règles et à leurs douleurs, c’est toujours plus difficile de gérer des crampes de ventre et un utérus qui se désagrège quand on est debout toute la journée ou qu’on doit fournir des efforts physiques réguliers. Si moi j’en chie alors que je suis postiche toute la journée sur ma chaise de bureau à écrire des tops, imaginez un peu ce que vivent les pompières ou encore les agricultrices. En fait, je veux même pas imaginer, j’ai déjà mal rien que d’y penser.

Ça augmenterait la productivité

Laissez-moi vous dire que quand ton utérus s’auto-poignarde à longueur de journées, il y a peu de chances que tu te mettes à quadrupler le chiffre d’affaires de ta boîte. Car comme le montre l’enquête Ipsos dont je vous parlais juste au-dessus, 81 % des femmes disent être victimes de désagréments physiques et psychologiques quand elles ont leurs règles. 80 % des femmes se sentent par exemple plus fatiguées lors de cette période. Tout ce mal-être fait que forcément, on est moins en forme et que par conséquent, on est moins efficaces au taf. Alors, laissez-nous rien qu’une petite journée pour nous reposer et on reviendra comme des petits soleils bosser 47 heures d’affilées.

Ça rendrait les règles un peu moins reloues à vivre

Ce n’est agréable pour personne que de vivre des règles douloureuses au taf sans rien pouvoir y faire : ni pour la personne qui souffre et qui n’a pas d’autres choix que d’attendre en subissant, ni pour les collègues autour qui l’entendent pleurer de douleur toutes les trois minutes et ne savent pas comment l’aider à part en lui achetant des petits chocolats. Et puis même sans avoir mal, c’est toujours plus agréable de rester chez soi à pioncer en pyjama avec des serviettes épaisses comme des couches quand on a ses règles plutôt que de devoir ses taper des réunions à gogo avec Didier le comptable qui veut te parler de tes notes de frais.

Ça éviterait de devoir trouver des excuses dès qu'on a mal

Quand t’as tes règles, mais que tu as trop honte pour montrer que tu souffres (déjà, d’où on a honte sérieux, c’est NATUREEEEEL bordel), tu te retrouves à devoir trouver des mythos pour expliquer ton mal-être. C’est en tout cas ce que font 52 % des 12-18 ans qui disent mieux vivre leurs règles sans avoir à inventer des excuses, d’après, une enquête publiée par l’ONG Victorian Women’s Trust, en 2017. Avoir un congé menstruel nous permettrait aussi de ne pas avoir à développer des tactiques pour éviter de surcharger son agenda et pour pouvoir poser un jour de télétravail. Et puis quand on sait que, d’après cette même étude, 33% des femmes ont déjà été victimes de moqueries vis-à-vis de leurs règles, forcément, ça donne bien envie de rester chez soi.

Il serait temps qu'on ait une société menstrue-friendly

On arrive enfin à avoir des pubs pour des protections menstruelles avec du vrai sang et pas du bain de bouche bleu ridicule. Alors peut-être qu’une fois qu’on aura le congé menstruel, on pourra changer nos serviettes en public et parler de la texture de nos pertes blanches avec nos voisins. J’ai déjà hâte.

Ça évite de se taper des galères sanguinaires dans les toilettes

Si par exemple vous connaissez les joies de la coupe menstruelle, vous avez forcément expérimenté les galères qu’on se paye à la vider dans les toilettes du boulot. Et franchement, c’est pas une vie.

Ça éviterait de faire profiter tout l'open space de ses effluves de culotte de règles un peu trop pleine

Ou de l’odeur de cadavre en décomposition qui émane de ton corps quand t’arrives en fin de cycle. Faites pas les choqué.es, on sait tous de quoi on parle, il est temps d’arrêter de faire semblant.

Ça éviterait de passer nos nerfs sur notre voisin de table qui n'a rien demandé

Oui Didier, je sais que tu n’y peux rien si je pisse du sang une fois par mois et je me tords de douleur à en bouffer un accoudoir de canapé, mais si tu écris encore une fois « Sauf erreur de ma part » dans tes mails, tu vas beaucoup souffrir.

Entre nous, la vraie vérité à savoir sur les règles, c’est que ça nous casse beaucoup trop les couilles, sérieux, comment on arrête ce truc ????? MONTREZ LE BOUTON STOP !

Sources : TV5 Monde, RTL.