S’il n’y a pas eu QUE des mauvaises nouvelles en 2018 pour les femmes (l’Irlande catholique a par exemple massivement voté en faveur du droit à l’avortement et celles-ci ont conquis un certain nombre de droits en Arabie Saoudite), il y en a eu quand même pas mal. Entre tournant autoritaire et retour aux bonnes vieilles valeurs rances du traditionalisme religieux, espoirs déçus par les conservatismes et déclarations scandaleuses de dirigeants, elles ont vu leurs droits reculer dans pas mal de pays.

En Pologne

La Pologne disposait d’une des politiques les plus restrictives d’Europe en matière d’accès à l’avortement. Et toute l’année, le gouvernement conservateur n’a cessé de brandir la menace de durcir encore cette loi. En gros, l’avortement n’est autorisé en Pologne que dans trois cas : si la grossesse met en danger la vie de la mère, si l’enfant a des malformations graves ou si la grossesse est survenue à la suite d’un viol. Et c’est le deuxième cas de figure que le gouvernement souhaite faire sauter, alors même qu’il représente 95% des avortements pratiqués dans le pays (décidément) le plus malchanceux du monde. Les commissions éthiques ont donné leur feu vert pour la réforme, qui pour l’heure reste en stand bye.

En Argentine

Le combat pour la légalisation de l’IVG court depuis des décennies en Argentine. En juin dernier, après des mois et des mois de débat, le parlement argentin avait validé de justesse la légalisation de l’avortement qui constitue un vrai problème de société, les femmes ayant recours à des avortements clandestins en masse quand la politique nataliste accroît la pauvreté dans les zones les plus sensibles. Mais moins d’un mois plus tard, le 9 août 2018, les sénateurs, majoritairement vieux et conservateurs, ont rejeté la législation. Tout est à recommencer, encore.

Aux Philippines, Duterte est de pire en pire

Duterte a mis en place un régime ultra-totalitaire et ultra-violent. Logiquement, une partie des militants d’opposition, menacés et interdits, a monté une guérilla, notamment maoïste. La réponse de Duterte ? « Tirer dans le vagin des femmes qui ont pris les armes plutôt que de les tuer. »

La Hongrie ou comment revenir sur 40 ans de marche vers l'égalité

Orban n’est pas seulement un amoureux des arts et des étrangers. Il est aussi un grand philosophe du rapport entre les hommes et les femmes. Son gouvernement a ainsi encadré une réforme de l’éducation qui est passée par la refonte des manuels scolaires. Dans le manuel de SVT, les élèves apprennent donc désormais que « les hommes et les femmes n’ont pas les mêmes capacités intellectuelles et physiques » ; dans ceux de morale (une matière nouvellement obligatoire), il est expliqué que faire l’amour hors mariage, c’est mal, ou que « Les femmes sont bonnes pour la cuisine : leur rôle c’est de s’occuper de la maison et de faire des enfants ». Super. Bonheur.

L'Italie, un enfer pour les femmes qui souhaitent avorter

En Italie, l’avortement est légal, mais le virage conservateur de l’opinion et son émanation directe en la personne de Salvini a eu un corollaire affreux : selon les rapports d’Amnesty International, 70% des gynécologues refusent de pratiquer l’avortement au nom de leur clause de conscience. Un retour en arrière de 50 ans.

Le Brésil

Inutile de refaire la litanie d’horreurs prononcées par Bolsonaro pendant sa campagne et depuis son élection. En soi, qu’un mec comme ça soit élu malgré de telles déclarations est un recul pour les femmes. Mais avant même son élection, en août, la Cour Suprême brésilienne a été saisie de la question de la légalité de l’avortement, jusqu’alors restreint aux cas de figure habituels (menace pour la vie de la mère, malformation ou grossesse liée à un viol). Et il va de soi que Bolsonaro envisage d’interdire tout bonnement l’IVG une fois bien installé aux manettes.

L'Iowa

En 2018, l’Iowa a durci sa législation en matière d’accès à l’avortement, réduisant à 6 semaines la limite pour avoir accès à l’IVG. Un temps ultra-court quand on sait que les femmes n’apprennetn généralement pas leur grossesse avant la troisième ou la quatrième semaine et qui fait de cet Etat le plus restrictif du territoire américain en la matière.

La Californie

L’Etat californien a été débouté par la Cour suprême américaine quant à l’information obligatoire à prodiguer aux femmes par les centres anti-IVG. La Cour a estimé que cette obligation était anti-constitutionnelle. Si le droit à l’avortement n’est pas remis en cause en Californie, l’information accessible aux femmes n’en sera qu’amoindrie et cette décision ressemble à un premier pas vers plus de restrictions encore.

Vivement 2019.