« T’inquiètes, ça porte bonheur ! », vous répète machinalement votre pote à chaque fois que vous écrasez gracieusement une crotte de chien, ou qu’une coccinelle décide de vous tourner autour pendant des heures. Mais d’où est-ce que ça vient, ces croyances ? Depuis quand ? Depuis quel événement ? On essaie de faire le point ! Joyeux vendredi 13.

Le trèfle à 4 feuilles

S’il est trouvé PAR HASARD (et non pas en ratissant 12 hectares de terre au peigne fin), le trèfle à 4 feuilles porte chance. Les hypothèses d’origines à cette superstition sont plurielles.

Du côté des chrétiens, chacune des quatre feuilles a une signification positive : l’espérance, la foi, la charité et la chance. La légende raconte également qu’Eve en aurait trouvé un dans le jardin d’Eden, après en avoir été chassée, afin de se rappeler la merveilleuse vie qu’elle aurait pu avoir, mais qu’elle a définitivement perdue. AMBIANCE.

Dans la version païenne, les feuilles représentent la renommée, la richesse, l’amour et la santé.

Enfin, selon la version la plus cartésienne, le trèfle à quatre feuilles porte-bonheur puisqu’on aurait seulement 1/10 000 chance d’en trouver un.

Crédits photo (CC BY-SA 3.0) : Phyzome under the GFDL.

Le fer à cheval

Encore une fois, une superstition = de nombreuses hypothèses quant à son origine. L’une des plus célèbres reste celle de Dunstan, maréchal-ferrant, qui aurait causé du mal au diable. L’histoire est la suivante : un beau jour, il reçoit la visite d’un bonhomme un peu original, qui possède des sabots à la place des pieds, et qui lui demande de les lui ferrer (normal). Rapidement, il l’identifie comme étant Satan, et décide de s’exécuter, en prenant soin de rendre les fers-à-cheval particulièrement douloureux et insupportables. Satan le supplie alors de l’en débarrasser. Il lui fait jurer de ne plus jamais s’approcher d’un fer-à-cheval, sinon quoi il lui laissera ces objets de tortures férocement accrochés. Satan jure, et le fer-à-cheval devient alors un signe que le mal se tient loin.

Dans la tradition celtique, on pense que les fées et esprits malfaisants ne supportent pas le contact du fer. Résultat, fer à cheval = mauvais esprits à distance.

Bref, les hypothèses vont bon train. La seule chose qu’on peut vous confirmer, c’est que trimballer un fer-à-cheval dans votre sac à main vous causera plus une scoliose qu’autre chose. Chacun sa notion du bonheur, après tout.

Crédits photo (CC BY-SA 3.0) : Termi~commonswiki

La chouette

Au Japon, « chouette » se dit « fukurô », synonyme même de « repousser le malheur »/ »attirer le bonheur ». La chouette, c’est chouette, mais les statuettes de chouettes posées sur la commode de l’entrée en déco, c’est quand même vachement moche. Soyons honnêtes.

La coccinelle

En France, on les surnomme « bête à bon dieu », en Allemagne, on dit « glueckskaefer », ce qui signifie littéralement « punaises de la chance ». Ce statut de bête plutôt sympa remonte au Xe siècle. Alors qu’un homme était (injustement) condamné à mort pour un meurtre, une coccinelle le sauva. Le jour de l’exécution, une coccinelle se posa à plusieurs reprises sur le cou du condamné, quand le bourreau devait lui trancher la tête. Dès qu’elle était chassée, elle revenait se poser immédiatement au même endroit. Le roi Robert II y vit alors une intervention divine, et pris la décision de gracier l’homme. Quelques jours après, le vrai meurtrier fut retrouvé ! Depuis cette histoire, la coccinelle est considérée comme un porte-bonheur (tu m’étonnes).

Crédits photo (Domaine Public) : Original téléversé par Greudin sur Wikipédia français.

Marcher dans une crotte de chien (mais avec le pied gauche)

Dans les faits, marcher dans une crotte, c’est chiant (littéralement). Mais y’a toujours un relou pour vous dire « mais ça vaaaaa, ça porte chance ! ». Cette idée de caca porte-bonheur vient du XIXe. À l’époque, on se rend au théâtre en calèche. Les parkings sont donc pleins de chevaux, et de leurs excréments. Les spectateurs marchent allègrement dedans, puis pourrissent le sol de la salle de spectacle. Résultat : plus ça fouette le caca de cheval, plus il y a de monde dans la salle, plus c’est une bonne nouvelle ! Pour ce qui est du pied gauche, c’est parce que la gauche est le symbole de la trahison. En le plongeant dans une bonne bouse, on humilie le mal. C’est très symbolique. Émouvant, non?

La patte de lapin

Depuis le monde celtique, la patte de lapin est un porte-bonheur international. À l’époque, on attribuait au lapin la capacité à creuser très profond dans le sol. Si profond qu’on pensait qu’ils étaient capables d’entrer en contact avec le monde des esprits. La patte de lapin permettait ainsi d’éloigner les mauvais esprits. Ça reste ultra-glauque comme grigri.

Le chiffre 7

Le chiffre 7 est associé à la chance dans de nombreuses cultures. Pour les Grecs, il était LE nombre parfait, puisque la somme des côtés d’un triangle (3) et celle des côtés d’un carré (4) était égale à 7. Or, pour eux, ces deux formes étaient parfaites. Plus généralement, le nombre 7 se retrouve dans plusieurs aspects de la vie quotidienne : les 7 jours de la semaine, les 7 couleurs de l’arc-en-ciel, et surtout : le jeu des 7 familles.

Le Nazar Boncuk

Le « Nazar Boncuk » vient de Turquie. Il représente « le mauvais œil » ou le regard envieux et jaloux d’autrui, et de cette manière, il fait rempart contre eux. La croyance en ce « mauvais œil » est notamment citée dans l’Ancien Testament, mais aussi dans le Coran, et fait donc écho au sein des trois grands monothéismes. Du côté judéo-chrétien, on peut notamment lire “C’est du dedans, du cœur des hommes, que sortent mauvaises pensées, fornications, vols, meurtres, adultères, cupidité, méchancetés, fraude, impudicité, œil mauvais, injures, orgueil, folie” (Marc 7. 21, 22). Le symbole de l’œil est même plus ancien que ça : dans l’Egypte antique, l’œil d’Horus était peint sur les tombes pour porter chance aux âmes des défunts.

Crédits photo (CC BY-SA 3.0) : FocalPoint

Jeter une pièce dans la fontaine de trévi

Nombreux sont les touristes qui balancent une pièce dans la fontaine de Trévi, en lui faisant dos (en 2016 on avait repêché 1,4 million d’euros de tunasses balancées ainsi dans la flotte). Rome étant considérée comme « la ville éternelle », ce geste était autrefois associé au paiement d’un tribut pour l’accès à la vie éternelle.

Même son de cloche (plus ou moins) du côté de la mythologie grecque : l’Achéron, fleuve qui sépare le monde des vivants de celui des morts, est le fleuve des enfers. Pour que leurs proches gagnent le paradis, les familles de défunts n’hésitaient pas à « payer Charon » (le passeur d’âmes). D’après les croyances, ne pas payer cette dette condamnait le défunt à 100 années d’errance sur les rives du Styx. Bref, au lieu de jeter votre argent par les fenêtres, jetez le à la flotte !

Crédits photo (Domaine Public) : Joris

L'attrape-rêves

Symbole préféré des festivals bohème chic, l’attrape-rêves est aussi et surtout une amulette millénaire ! C’est le peuple des Ojibwe, groupe d’indigènes d’Amérique du Nord. Au départ, ils les fabriquent pour protéger les nourrissons des mauvais esprits, qui se présenteraient sous forme de cauchemar. Ils croyaient d’ailleurs que, pendant notre sommeil, nous étions plus susceptibles d’être touchés par des énergies négatives. S’ils ont cette apparence, c’est parce qu’ils font référence à Asibikaashi, la « femme araignée », Déesse protectrice des enfants.

Et vous, c’est quoi votre petit grigri ?

Source : Femme actuelle