Salut ça va ? Alors ça avance ? Les projets ? T’en es où ? Ça va ? Et la famille ? Ouais, ça avance ? T’as des nouvelles ? Ouais ? Ah c’est bien. Ça va alors. C’est bien. Ouais. Alors ? Des projets ? Et le voyage ? Ça va ? Ça avance ? T’as des nouvelles ? Les projets ? La famille ? Toujours chez Topito ? Ça va ? Ça avance ?

Pire que les pires manières de demander comme ça va, les pires manières d’y répondre.

Et toi ?

Une habile manière d’éviter la question en y répondant par une autre question à laquelle il y a de fortes chances que votre interlocuteur réponde par « ça va, et toi ? » auquel cas vous n’aurez d’autre choix que de répondre à la question et donc vous serez gros Jean comme devant.

Quand l’utiliser ? Quand on n’a pas DU TOUT envie de répondre à cette question de merde.

Ça va, ça va

Répondre « ça va » à « ça va ? », c’est laisser entendre à son interlocuteur que oui : ça va. Répondre « ça va, ça va », c’est au contraire ajouter une aura de mystère dans sa réponse et donc à sa vie. Est-ce que ça va deux fois bien ou est-ce que ce deuxième « ça va » n’aurait pas plutôt vocation à amoindrir le caractère triomphant du premier, laissant entendre qu’en fait ça va pas si fort ?

Quand l’utiliser ? Quand on a l’âme mystérieuse.

Tout doux

Tu es fort et tu es un guerrier mais au fond de toi les abîmes du temps se déchirent, laissant entrevoir tes fêlures. Pas facile d’être une personne parfaite. Plutôt que de te répandre sur tes questionnements intimes, tu préfères botter en touche. Ça va tout doux. On ne te posera plus jamais la question.

Quand l’utiliser ? Quand ça va tout doux.

"Oui" aspiré

De deux choses l’une : soit tu ne sais pas bien utiliser la respiration et tu n’as toujours pas compris que le langage s’utilisait plutôt en expirant et dans ce cas tu es complètement con. Soit tu essaies de te donner un genre un peu dégingandé, un peu dandy, un peu dans le lâcher prise et dans ce cas tu saoules tout le monde.

Quand l’utiliser ? Quand tu rencontres George Clooney pour la première fois (ou si on t’amène à l’hôpital en urgence pour une embolie pulmonaire).

Comme un lundi !

Alors toi on ne te la fait pas. Toi, tu n’es pas près de baisser les bras. Dès le lundi matin, la pêche. La pêche tout le temps, toute la journée. Tu as une gnaque d’enfer et la connivence te connaît. Tu sais bien que tout le monde t’adore et voudrait passer du temps avec toi, mais tu n’as pas quatre mains, désolé ! Voili voilou, quoi.

Quand l’utiliser ? De préférence le lundi.

J't'en pose des questions ?

En voilà un qui n’aime pas être interrompu dans sa routine. En voilà un qui n’a pas spécialement envie qu’on la lui fasse à l’envers et encore moins qu’on lui parle pour ne rien dire. Straight to the point, c’est ta devise. Et puis les impôts, et l’URSSAF au cul, et puis la petite avec sa bronchite qu’arrête pas de tousser, et ta femme qui te fait chier, le voisin qu’a encore taillé la haie à 8 heures du mat’ dimanche, sans compter le garagiste qui te prends 500 balles pour réviser l’embrayage… Non, là, faut pas te chercher.

Quand l’utiliser ? Quand tu as vraiment une vie de merde.

Tu fais bien de poser la question parce que...

Pour toi, le contact humain est au coeur même de tous les échanges, de tous les métiers. Tu as un coeur d’or sous ta carapace et tu aimes à te définir comme quelqu’un d’entier. Parler de tes selles ne te fait pas peur, de même que d’évoquer la vasectomie subie par ton mari l’an dernier. C’est simple, tu es nature et ton plus beau rôle, c’est celui de mère. Tu es chiant comme la mort.

Quand l’utiliser ? Plutôt jamais de préférence.

Non

Uppercut franc direct. Ce n’est pas le moment de te poser des questions. Si tu avais cherché un début d’attention, tu aurais laissé traîner le suspense, tu aurais dit « pas trop, non… » et les points de suspension auraient eu valeur d’invitation. Mais merde, là, tu veux juste écouter Slipknot tranquille sans répondre aux questions stupides de tes connards de contemporains.

Quand l’utiliser ? Quand tu entres en chimio.

Ça veut dire quoi "aller" ?

Philosophe, tu as cette fâcheuse manie d’interroger les réalités pour mieux te les approprier. Es-tu totalement partie prenante de ce monde ou te considères-tu comme un peu extérieur, en observation participante ? Pourquoi s’adonner à des contraintes sociales alors même qu’il n’est guère question d’autre chose que d’être plutôt que d’avoir ? Pourquoi se soucier du bonheur, du malheur, émotions temporaires qui nous éloignent d’une mort inéluctable ?

Quand l’utiliser ? A une réunion de sceptiques anonymes.

Ça va, ça vient, comme la queue du chien

Tu es un fanfaron incorrigible. Et tu n’as jamais eu de chien.

Quand l’utiliser ? JAMAIS.

Ça va, vous ?