A peine 2 % de la population est HPI. Et pourtant, à en croire les jeunes parents on dirait que 99 % des enfants sont HPI. Alors soit il y a une couille dans le potage, soit il y a une couille dans le potage. Dans un cas comme dans l’autre, c’est une soupe qu’on ne veut plus boire (pas convaincue par ce choix de métaphore filée mais si ça peut vous rassurer je ne suis absolument pas HPI). Mais comment donc ces jeunes parents sont-ils amenés à penser que leur enfant est HPI ? On a fouillé et essayer de vous trouver quelques explications dignes de ce nom.

Ils sont riches

Il y a quelques temps un article du média l’ADN agitait la toile avec ce titre un peu provoc « Non votre enfant n’est pas HPI vous êtes juste riche ». Et pour cause, sur le plan sociologique il montre comment ce diagnostic s’inscrit dans une forme de lutte des classes. Les gens riches étant plus nombreux à faire passer des tests à leurs enfants (à 500 balles le test, TU M’ETONNES)

Leurs enfants sont des garçons

Non pas que les garçons soient plus surdoués que les filles, mais tout simplement parce qu’on a davantage tendance à faire tester son enfant quand c’est un garçon que quand c’est une fille alors forcément ça biaise le résultat.

Ils pensent qu'un enfant qui s'ennuie en cours = un enfant trop intelligent pour les cours

La faute à un livre (entre autre) sorti en 2008 qui a malheureusement très bien marché Trop intelligent pour être heureux (vendu à 450 000 exemplaires) de Jeanne Siaud-Facchin. Psychologue spécialisée dans le développement personnel elle a par la suite pas mal été critiquée pour les idées reçues qu’elle y véhicule sur les HPI à commencer par celle-ci : le rapport de causalité entre souffrance et intelligence. Voilà comment des tas de parents se sont mis à penser que leur enfant déprimé en cours ou juste qui se fait ièch était forcément surdoué. Ça se saurait si tous les enfants qui s’ennuient en cours étaient des génies.

On a de moins en moins confiance envers l'école

Paradoxalement c’est dans les années 70 dans un contexte de démocratisation de l’école que s’est cristallisé l’intérêt pour la surdouance. En gros, plus les élèves ont accès à un même savoir unique, plus on a eu envie de déceler la singularité de nos chérubins. C’est pas moi qui le dit c’est Wilfried Lignier auteur de La petite noblesse de l’intelligence : une sociologie des enfants surdoués.

En plus de ça, la défiance envers l’école couplé au manque de moyens des enseignants laisse de plus en plus de place au pouvoir des parents. Ils veulent ce qu’il y a de mieux pour leur enfant (et en fin de compte c’est assez normal) et vont donc demander à ce que l’enseignement soit adapté à lui et non l’inverse.

Ils pensent qu'un enfant qui a appris par coeur les chiffres jusqu'à 10 et l'alphabet avant le CP est forcément plus intelligent que tout le monde

Beaucoup de parents entraînent leurs enfants à jouer au singe savant avant le CP en leur faisant apprendre des trucs par coeur. Grand bien leur fasse mais si le mioche récite très bien la leçon ça montre juste qu’il est capable d’apprendre un truc par coeur mais pas qu’il en comprend l’utilité ou peut le mettre en application dans un autre contexte.

Leur enfant est caractériel et pète les couilles à tout le monde

Eh oui. Je sais que ça semble surprenant mais c’est pourtant souvent le cas. Les parents d’un enfant super chiant, vont avoir une fâcheuse tendance à déclarer que leur enfant est sans doute inadapté à son environnement (et de inadapté à surdoué il n’y a qu’un pas, un pas qui prend la forme d’un test en clinique). Très pratique pour ne pas avoir à éduquer son gosse tout en laissant croire que s’il est con c’est parce qu’il est plus intelligent que tout le monde.

Il n'est encore qu'un enfant

On remarque que les parents pensent souvent que leur enfant est HPI jusqu’à ce qu’il devienne ado. Car comme tous les ados, il est con et moche et ne reflète plus du tout les fantasmes de surdouance espérés jusque là depuis sa plus tendre enfance.

Tout le monde peut se reconnaître dans les signes distinctifs des HPI

Si j’en crois ce site (le premier proposé lors de ma requête Google), l’enfant HPI se reconnait aux critères suivants :

– il s’ennuie

– il cause pas trop mal

– il est curieux

– la dyssynchronie = il est très maladroit dans certaines tâches et très bon dans d’autres.

– il a un sens de la justice

– il a de l’humour

– il galère à l’école

– il galère avec les gens

J’ai pas d’enfant mais selon ces critères, même mon chat se révèle HPI. Autant dire que c’est facile de diagnostiquer soi-même ses enfants.

Ils se fient à leur propre diagnostic ou à des tests en ligne

Là encore les parents ne font pas toujours l’effort de faire un diagnostic sérieux (et pour cause, ça coûte une couillasse) or il va sans dire que les tests en ligne sont tous foireux et n’offrent aucune réponse valable. Pire ! Les tests effectués en clinique méritent eux aussi d’être questionnés, les résultats peuvent dépendre de pas mal de paramètres comme le stress de l’enfant, son état émotionnel au moment du test etc.

La série HPI a rendu la France HPI-addict

Merci Audrey Fleurot quoi. Avec ces conneries le fantasme autour des HPI est plus fort que jamais.

Allez, va donc passer notre test de Q.I. et on en reparlera.

Sources : Society « Merci QI ? » (septembre/octobre 2022), le podcast Méta de Choc « Contes et légendes de l’intelligence », Slate « Pour en finir avec les fantasmes autour du HPI »