Si de nos jours beaucoup de gens fustigent les syndicats et les grévistes en gueulant parce qu’ils perdent vingt minutes dans les transports en commun, il est utile de faire un petit rappel de tous ces acquis sociaux historiques obtenus par les syndicalistes. Parce que c’est principalement grâce au combat et aux convictions de gens motivés qu’on peut jouir de pas mal de droit au travail.

1864 : le droit de grève

La grève n’a pas toujours été légale. Elle a été autorisée par le député Émile Olivier sous Napoléon (quand je dis « sous Napoléon » n’allez pas imaginer des trucs, c’est une façon de parler). C’est en 1864 que le droit de grève est passé et le truc drôle c’est qu’il parait que des gens ont fait grève contre cette loi, parce qu’ils étaient cons.

1884 : la loi autorisant les syndicats

Si tous les acquis sociaux ne partent pas forcément d’un mouvement syndicaliste, il est important de parler de cette fameuse loi Waldeck-Rousseau, du nom de Pierre Waldeck-Rousseau qui était ministre de l’intérieur et a participé à créer la loi autorisant la création de syndicats pour faire valoir les droits des travailleurs. Ensuite il a écrit le code de la route, comme ça, un soir de cuite.

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1906 : Le congrès d'Amiens qui pose les piliers du syndicalisme à la française

Si jamais vous vous demandiez ce qu’il se passe à Amiens, eh bien il se passe ça : en 1906 ont été posés les véritables bases du syndicalisme en rendant obligatoire un repos de 24 heures par semaine ainsi que la reconnaissance de la lutte des classes. Si vous passez par Amiens il faut également goûter les macarons, mais rien à voir avec les syndicats.

1910 : la loi sur les retraites ouvrières et paysannes

Il y a 112 ans a été votée la loi qui permettait la retraite à 65 ans des paysans et des ouvriers avec le versement d’une pension retraite pour les travailleurs ayant touché un salaire situé en dessous d’un certain palier. Bon après si on en croit notre gouvernement actuel à l’époque les gens mourraient généralement à 14 ans donc ils ne profitaient pas de leur retraite.

1918 : création des allocations familiales

C’est l’homme d’affaires Émile Marcesche qui était également président de la chambre du commerce du Morbihan qui a lancé la première caisse d’allocations familiales. C’est en voyant des femmes trier le charbon pendant la première guerre mondiale qu’il a décidé de créer une allocation destinée aux mères de famille et a fait accepter son idée par tous les autres patrons du Morbihan.

1919 : les journées de 8 heures

C’est précisément en 1919 qu’est mise en place la journée de travail de 8 heures et la semaine de 48 heures par le gouvernement Clémenceau. Oui parce qu’à l’époque on bossait toujours six jours par semaine. Pour la petite histoire c’est l’Anglais Robert Owen qui avait lancé l’idée près d’un siècle plus tôt en 1817 en demandant « huit heures de travail, huit heures de loisirs et huit heures de sommeil ». Un homme que je n’ai pas connu mais qui visiblement ne disait pas que des conneries.

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1928 : création de l'assurance maladie

Avant 1928 on allait pelleter du charbon même si on s’était coupé la main la veille afin de pouvoir se payer ses soins, ce qui n’était pas forcément très pratique. On a donc décidé de créer l’assurance maladie, une belle invention qui a mis du temps à se mettre en place (ça se compte en nombreuses années), mais la première loi sur le sujet date de 1928.

1936 : deux semaines de congés payés

Avant 1936, les gens étaient très très boulot, ils ne vivaient que pour ça, la plupart en mourraient même. Mais on a décidé de leur donner 15 jours de congés payés à partir de cette année parce que finalement c’est bien aussi de se reposer et de faire d’autres trucs que travailler. Une fois de plus, c’est aux syndicats qu’on doit ça. Il faudra attendre 20 ans pour que les Français obtiennent une troisième semaine.

1936 : les folles mesures du Front Populaire

Il s’en est passé des choses en 1936 avec l’élection du Front Populaire aux législatives, et si vous pensiez que les deux semaines de congés payés était la seule victoire vous allez bien avaler votre tasse de thé de travers. Cette année marque aussi la création des conventions collectives, une revalorisation des salaires de près de 30%, la semaine de 40h sans perte de salaire… Bref, que des bonnes choses qu’on a appelé les accords de Matignon et dans lesquels il y a encore plein de belles avancées.

1941 : le salaire minimum

On ne va pas dire qu’avant 1941 on payait les gens comme on voulait mais c’était pas loin de la vérité. Avec l’arrivée du salaire minimum en 1941 on a surtout été en mesure d’empêcher quelques enfoirés de patrons qui payaient une misère les courageux ouvriers qui faisaient tourner le pays. Oui, cette phrase est de gauche.

1942 : la médecine du travail

C’est sous Pétain que la médecine du travail a été finalement rendue obligatoire pour les entreprises qui comptaient plus de 50 salariés. Pour le coup ça s’est vraiment fait sous Pétain, le mec a insisté pour qu’on signe le petit papier alors qu’il était assis dessus. En 42 il ne tournait vraiment plus très rond le maréchal.

1945 : la sécurité sociale et la création des CE

En 1945 on n’a pas seulement gagné la guerre, on a gagné la sécurité sociale et les comités d’entreprise. D’autres belles victoires certes, mais on va pas se mentir, la victoire des Alliés a un peu volé l’actu à ce moment-là.

1958 : L'assurance chômage

L’assurance chômage est arrivée dans notre monde la même année que Sharon Stone, mais d’après mes recherches les deux évènements ne sont pas liés. Quoi qu’il en soit c’était une belle victoire pour les travailleurs et le signe d’un avenir radieux contre la précarité. Je parle de l’assurance chômage là, pas de Sharon Stone.

1998 : la semaine de 35 heures

Ça semble si proche, et pourtant c’est bien en 1998 que la semaine de 35 heures a été mise en place et c’est une belle victoire. Sinon j’ai oublié de vous dire mais c’est grâce aux syndicats qu’on a eu droit également à trois nouvelles semaines de congés payés (en 1956, 1969 et 1982).

2023 : la semaine de trois jours

Nan je déconne. Parce qu’avec ce gouvernement ça risque d’être compliqué de passer une mesure sociale comme ça, on va plutôt se faire sermonner par des gens qui bossent moins que nous, sont payés trois fois plus, ont plein de privilèges et détournent du pognon parce qu’ils estiment qu’on ne travaille pas assez pour les payer.

Sinon je vous conseille d’aller voir les lois qui ont changé en 2021 et les aides auxquelles vous avez peut-être droit. Soulevez-vous, camarades.

Sources : CGT, Wikipédia, BFMTV, Twitter.