Il y a des périodes de l’histoire de l’humanité qui n’en finissent pas de passionner les gens : la conquête de l’ouest avec les cowboys, la révolution française avec les sans-culottes, la Grèce antique avec ses philosophes ou encore l’âge d’or de la piraterie dans les Caraïbes. Aujourd’hui nous allons parler de ce dernier point en abordant (je vous préviens, on va plus user le champ lexical de la piraterie dans ce top que les fonds marins par l’industrie du pétrole) les plus célèbres pirates au monde. Alors tout le monde sur le pont, pas de temps à perdre.
Bartholomew Roberts : le roi des pillards (1682-1722)
Celui qu’on appelait aussi « Black Bart » et dont le pavillon le représentait en train de trinquer avec la mort (les drapeaux c’était un peu leur miniature insta à l’époque, fallait que ça claque) était à la base un simple gentilhomme britannique travaillant sur un navire négrier. Il a embrassé la voie des pirates en étant déjà bien âgé (aux alentours de 37 ans) en devenant le capitaine d’une flotte de plus en plus importante. Extrêmement prolifique, on lui attribue le pillage de près de 400 navires et de nombreuses batailles.
Mais Roberts diffère de nombreux pirates de son temps : il ne buvait presque jamais et se montrait toujours sobre, il était contre le viol et la maltraitance des prisonniers (on appelle ça la torture également), il savait écrire parfaitement, était très présentable (accoutrement, rasage et manières irréprochables) et a participé à la révision de l’écriture de ce qu’on appelle aujourd’hui le code des pirates. Il était en son temps le plus célèbre pirate vivant et c’est la classe.
Benjamin Hornigold : le traître (1680-1719)
Hornigold est aujourd’hui célèbre pour sa courte carrière de pirate cependant mouvementée. Après avoir été corsaire au service royal anglais il s’est tourné vers la piraterie avec son équipage aux alentours de 1713. Il ne sera pirate que pendant cinq ou six ans pendant lesquels il s’est attaqué uniquement aux navires français et espagnols, refusant catégoriquement de s’attaquer aux bâtiments anglais, ce qui a d’ailleurs provoqué une mutinerie au sein de son équipage et sa chute.
Avant cela, Hornigold était non seulement respecté par les autres pirates et son équipage, mais également par ses prisonniers car il refusait qu’on les exécute. Voleur mais pas nécessairement tueur, il fut également le mentor de deux futurs pirates influents que sont Edward Teach (Barbe Noire) et Samuel Bellamy. Vers la fin de sa carrière, Hornigold a accepté le pardon royal et est deveny chasseur de pirate, d’où sa réputation d’opportuniste. On pense qu’il serait mort capturé par des pirates revanchards après en avoir arrêté et fait pendre un certain nombre. Le principe de l’arroseur arrosé quoi.
Charles Vane : le redoutable (1680-1721)
Charles Vane est probablement l’un des pirates les plus instables, violents et explosifs de l’histoire. Il a commencé sa carrière sous les ordres et au sein de l’équipage de Henry Jennings en réalisant le pillage violent d’un navire espagnol qui transportait de l’or. Sa nouvelle renommée l’a alors poussé à prendre le large avec sa propre flotte, devenant avec le temps l’un des membres les plus craints de Nassau (capitale non officielle des pirates, un genre de Dubaï de l’époque pour les instagrameurs).
Ami avec Barbe Noire, il a fait parler de lui dans plusieurs batailles, n’hésitant pas à propulser une frégate sur une flotte ennemie ou à capturer les navires les plus imposants voguant sur les mers (une frégate française nommée « Le Phoenix » deviendra un temps son bateau attitré). Deux théories circulent sur la fin de Vane, suite à une mutinerie de son équipage car il ne voulait pas s’attaquer à un navire français, certains disent que l’équipage lui aurait laissé un petit bateau et qu’il aurait fait naufrage avant d’être capturé et pendu. Pour d’autres, son équipage l’aurait « maroonné », soit abandonné seul sur une île déserte avec un pistolet chargé d’une unique balle pour se suicider, ce qui est un joli coup de pute. Dans les deux cas, un membre de son équipage l’aura poussé sur le côté du navire avant d’en prendre le contrôle et son nom est John Rackham.
John Rackham : le romantique (1682-1720)
John Rackham qu’on appelle généralement Jack ou encore Calico Jack (en référence à ses vêtements de coton colorés) était un pirate dont la seule ambition était de vivre heureux et les poches pleines de pognon avec la femme qu’il aimait (un plan quand même franchement coolos). Il a rencontré une femme mariée du nom d’Anne Bonny avec qui il a commencé sur terre une relation extra-conjugale (du moins pour la dame). Quand le cocu de Bonny a réalisé ce qui se tramait entre eux, les deux amoureux ont volé un bateau et pris la mer, Jack étant déjà à ce moment un pirate aguerri dont le pavillon reste probablement le plus connu de toute la piraterie.
C’est à partir de ce moment que la véritable carrière de Jack a commencé, indissociable de celle de sa compagne qui se travestissait sur le bateau car les femmes y étaient interdites. Peu de temps après, c’est une nouvelle femme qui est arrivée sur son navire, Mary Read, qui a d’ailleurs entretenu une relation avec Anne Bonny en délaissant Jack. Sans cesse moqué par Bonny et pourchassé par les chasseurs de pirates, Calico Jack a finalement été capturé alors qu’il avait proposé au Gouverneur des Bahamas de rendre les armes si Bonny et Read étaient épargnées (le beau geste romantique). Malheureusement pour lui, son amour n’était pas complètement réciproque, Bonny lui ayant écrit avant son exécution « si tu avais combattu comme un homme, tu ne mourrais pas comme un chien. » Sympa.
Anne Bonny (1687-1782) et Mary Read (1690-1721) : les rebelles
Ce célèbre couple de femmes pirates est devenu iconique pour plusieurs raisons, la principale étant qu’à l’époque où les femmes étaient interdites sur les bateaux pirates, ces deux-là étaient respectées et craintes par leurs pairs. Commençant toutes deux à se travestir en homme et changer leurs noms (Adam Bonny et Mark Read), c’est lorsque Read était arrivée sur le navire de Calico Jack que leur relation a commencé. Si le trio a eu des hauts et beaucoup de bas, il est à l’origine de nombreuses captures et pillages, de meurtres et de crimes variés.
La relation des deux femmes a évolué jusqu’au point où elles ont commencé à s’afficher ensemble sans se travestir davantage, s’habillant tour à tour en homme ou en femme. Elles ont finalement été capturées avec l’équipage de Calico Jack et emprisonnées mais pas pendues comme les pirates masculins car elles auraient « plaidé leurs ventres » pendant le procès (prétextant être enceintes quoi). Read a succombé à la fièvre jaune en prison et Bonny a été graciée sans qu’on ait de certitude ni sur la raison de sa grâce ni sur le reste de sa vie.
Samuel Bellamy : le Prince des pirates (1696-1717)
Bellamy dit « Black Sam » reste aujourd’hui l’un des pirates les plus légendaires de l’âge d’or de la piraterie des Caraïbes et ce, malgré une carrière longue de seulement un an. Celui qu’on disait généreux et élégant a réalisé sa première capture en attaquant un navire négrier transportant une douzaine d’esclaves ainsi que diverses richesses (ivoire et or). Libérant les esclaves sur le champ, on raconte qu’ils ont tous décidé de rejoindre son équipage aux nationalités multiples.
Son surnom de Prince des pirates lui vient tout autant de son élégance (un long manteau de velours rouge), de sa clémence, de sa générosité sans pareille mais également de la confiance qui régnait sur son navire : les trésors étaient entreposés sans surveillance, mais personne n’osait voler quelqu’un de si bon avec son équipage. Son navire, le Whydah, s’est échoué en 1717 et Black Sam a disparu dans le naufrage, même si plusieurs légendes attestent qu’on l’aurait revu plus tard voguer dans les Caraïbes. C’est le plus stylé de tous, le Zidane des pirates.
Henry Morgan : le père des pirates (1635-1688)
Le capitaine Henry Morgan, qui avait donné son nom à une boisson (alcoolisée) est l’un des pirates les plus influents de l’histoire. Il est celui qui a d’ailleurs créé les premières lignes du « code des pirates » dont Bartholomew Roberts a poursuivi l’écriture. Violent, sanguinaire et sans pitié, Morgan a joué sur plusieurs tableaux, corsaire et pirate jusqu’à devenir gouverneur de la Jamaïque.
Reconnu pour avoir coulé beaucoup de navires (dont ceux qu’il occupait, changeant de bateau assez souvent), Morgan a pillé de nombreuses années des fortunes considérables et est devenu le plus riche planteur de l’île de la Jamaïque après sa reconversion. La retraite chez les pirates était assez rare, c’est quand même bien joué de sa part.
Henry Avery : l'injuste (1659-1699)
On connait ce pirate sous plusieurs noms : Henry Avery, Henry Every, John Avary ou encore Benjamin Bridgeman, ce qui témoigne de l’incertitude qui règne encore autour de cet homme dont on n’est ni certain de la date de naissance ni de celle de sa mort. Sa vie entière est alimentée de légendes et de suppositions. On pense qu’il aurait commencé sa carrière dans la Royal Navy avant de devenir trafiquant d’esclaves.
Ensuite il se serait tourné vers la piraterie qu’il aurait marqué de son empreinte indélébile d’abord en tant que membre d’équipage puis en tant que capitaine après une mutinerie. Il est l’auteur de ce qui reste probablement le plus gros braquage de l’histoire de la piraterie après l’attaque du navire indien Ganj-i-Sawai, dont les richesses représentent le plus gros trésor jamais pillé à l’époque. Véritable enflure, Avery torturait ses prisonniers et n’hésitait pas à trahir ses pairs, bref une bonne saloperie.
Edward Teach : le spectaculaire (1680-1718)
Edward Teach est probablement le pirate le plus célèbre de tous les temps, celui qu’on appelle également Barbe Noire. Il a commencé sa carrière de pirate sous le commandement de Hornigold et s’est vite fait un nom, multipliant les prises et les faits d’armes comme la capture de son emblématique navire, un bateau nantais baptisé « La concorde » qu’il a renommé le « Queen Ann’s revenge ». Barbe Noire est souvent entouré de beaucoup de légendes et de fantasmes, mais il n’était pas forcément le plus violent ni le plus sanguinaire des pirates, il jouait sur un tableau beaucoup plus intelligent : la persuasion par l’intimidation.
Plus sa réputation grandissait, plus Teach en faisait bon usage, profitant de la peur qu’il insufflait sur les mers pour ne même plus avoir à se battre pour gagner une bataille. Il jouait sur le spectaculaire en plaçant des mèches à canon dans sa longue barbe qu’il enflammait avant d’aborder un navire : de la fumée noire entourait alors son visage et effrayait ses victimes qui le décrivaient ensuite comme le diable. Il a été tué dans une dernière bataille contre le commandant Robert Maynard (à ne pas confondre avec Robert Ménard, tout aussi antipathique) et on a compté sur son corps près de cinq impacts de balles et plus de vingt coupures d’épées. Coriace le bonhomme.
Avouez que ça donne envie de tout plaquer pour aller choper le scorbut au soleil. Vous pouvez aller voir les authentiques pirates qui ont inspiré One Piece et les femmes pirates les plus badass de l’histoire !
Source littéraire : Historia : Pirates, la terreur des Caraïbes (2013)