Quand on nous parle de mystères résolus grâce à l’ADN, on pense évidemment d’abord aux affaires criminelles et autres trucs du genre. Et c’est vrai que c’est bien pratique l’ADN pour révéler que c’est Monique qui a poignardé Bernard il y a 16 ans au barbecue chez les Dupont. Mais l’ADN peut résoudre des mystères bien plus vieux encore. Des mystères qui datent d’il y a plusieurs dizaines de milliers d’années. Des mystères qui concernent l’espèce humaine toute entière. Et ça c’est encore plus classe.

Les Africains de l'Ouest ont des gènes issus d'une espèce inconnue

On vous avait déjà parlé des autres espèces humaines qui avaient vécu sur Terre avant ou en même temps que l’homo sapiens, comme les hommes de Neandertal et hommes de Denisova. Ces espèces-là, on les a découvertes grâce à des fossiles qu’on a étudiés. Mais des recherches sur les populations actuelles d’Afrique de l’Ouest ont montré que les gens de cette région ont une partie de leur ADN (de 2% à 19%) qui proviendrait d’une autre espèce humaine qui aurait vécu sur Terre mais dont on n’a pour l’instant trouvé aucune trace sous forme de fossile. Les homo sapiens auraient croisé la route de cette autre espèce il y a environ 50000 ans et se seraient mélangés (si vous voyez ce que je veux dire) avec elle. Reste plus qu’à continuer des fouilles pour éventuellement trouver les restes d’un ancêtre inconnu un de ces quatre. Ça serait cool.

Les Amérindiens ont des origines Australiennes et Asiatiques

Grâce à l’ADN, on a pu prouver que les Australiens partageaient une ascendance commune avec les amérindiens d’Amazonie d’aujourd’hui. Mais non, les premiers hommes d’Australie ne se sont pas tapé le chemin à la nage jusqu’en Amérique du Sud. En fait, il y a fort longtemps (genre bien avant Michel Drucker), des populations d’Australie sont remontées vers l’Asie et se sont mêlées aux populations locales. Leurs descendants sont ensuite arrivés en Amérique du Nord sur la côte Pacifique puis sont redescendus jusqu’en Amazonie. C’est pour ça que des populations d’Amazonie ont aujourd’hui de l’ADN en commun avec les aborigènes d’Australie. Ça fait un sacré voyage.

Les Africains ont plus de gènes néandertaliens qu'on ne le croyait

On avait souvent tendance à raconter que nos ancêtres étaient des Africains qui ont migré vers l’Europe et l’Asie et se sont mélangés avec des hommes de Neandertal. Du coup, on disait que les Européens et Asiatiques avaient beaucoup de gènes en commun avec Neandertal, mais pas forcément les Africains restés en Afrique. Sauf que, ces dernières années, les scientifiques se sont rendu compte qu’ils avaient sous-estimé le nombre d’allers-retours qu’auraient fait nos ancêtres entre Europe, Asie et Afrique. Du coup, on s’est aperçu que les populations africaines actuelles avaient elles aussi des gènes néandertaliens. Moins que les Européens et Asiatiques, mais quand même.

Les Tibétains, Philippins et Papous ont des gènes de Dénisoviens

L’homme de Denisova, on ne l’a découvert qu’au début des années 2010 grâce à une phalange et deux dents retrouvés dans une grotte sibérienne. Jusqu’à il y a peu, on n’en savait pas plus sur cette espèce proche de Neandertal. C’était le gros mystère. Mais, en 2019, on a pu étudier un fragment de mâchoire retrouvé en altitude au Tibet dans les années 1980 et jamais analysé depuis. C’est là qu’on a découvert que les Dénisoviens avaient réussi à se pointer jusqu’au plateau tibétain avant de se mélanger avec l’homo sapiens. En parallèle, on a aussi découvert que les habitants des Philippines et de la Papouasie avaient des gènes en commun avec les Dénisoviens (jusqu’à 5%), preuve supplémentaire que cette espèce mystérieuse s’est bien répandue en Asie du Sud Est. On en apprendra probablement plus dans les prochaines années vu que tout ça est hyper récent, et c’est hyper excitant. Enfin, pour peu qu’on soit curieux de savoir qui étaient nos lointains ancêtres. Mais si vous êtes arrivés jusqu’ici, j’imagine bien que ça vous intéresse.

On a eu des preuves selon lesquelles les premiers Européens et les Néandertaliens se mélangeaient souvent

Jusqu’à très récemment, on savait juste qu’on avait des gènes en commun avec Neandertal et qu’il y avait eu des mélanges. Mais, grâce à des recherches dans une grotte bulgare en 2020, on a déduit que ces mélanges avaient été très courants. Les fragments humains vieux de 45000 ans retrouvés dans la grotte appartenaient à plusieurs individus dont les racines néandertaliennes remontaient à seulement 5 ou 6 générations. En gros, ça voulait dire que leur arrière-arrière-arrière-grand-père/mère était néandertalien(ne). Et quand on parle d’Histoire de l’humanité, c’est vraiment TRÈS proche, et ça veut probablement dire que les homo sapiens et les homo neanderthalensis se chopaient assez souvent en Europe.

Les humains combattent des épidémies de coronavirus depuis 20000 ans

Les virus peuvent laisser une trace dans l’ADN, et c’est ce qui a permis aux chercheurs de découvrir que les humains vivaient avec les coronavirus depuis au moins 20000 ans. Ils ont aussi supposé que les croisements avec Neandertal nous avaient un peu affaiblis face aux coronavirus. On aurait p’tet mieux résisté au Covid si on n’avait pas couché avec les cousins.

Les chasseurs-cueilleurs et les agriculteurs ont cohabité un moment en Europe

Les scientifiques ont analysé l’ADN de plusieurs squelettes tous âgés de 4500 à 5000 ans et retrouvés à seulement quelques centaines de kilomètres les uns des autres. Ils ont remarqué qu’il y avait deux profils parmi les squelettes qui s’apparentaient à celui du chasseur-cueilleur et celui de l’agriculteur. Ça veut dire qu’à la même période et au même endroit vivaient à la fois des chasseurs-cueilleurs et des agriculteurs, et donc que l’arrivée de l’agriculture n’a pas subitement mis fin à la chasse/cueillette comme le croyaient certains.

Ah, et si vous voulez savoir comment fonctionne l’ADN, ça se passe dans ce top.