C’est l’heure du goûteeeer (non, pas vraiment. Mais y’a pas d’heure pour se faire plaisir, en fait) ! J’ai beau chercher, je ne vois pas de trucs meilleurs dans cette misérable vie que la bouffe. Le sucre. Le gras. Les calories. MIAM. En tant que grande passionnée de gastronomie et pâtisserie en tout genre, je tiens à remercier aujourd’hui tous les maladroits, les boloss, les malhabiles et les gauches, sans qui nos livres de recettes seraient bien moins fournis. Quand petites conneries riment avec grands plats. C’est beau.

La tarte Tatin

On commence par la plus édifiante : la Tatin. Tout le monde le sait (ou presque), la Tatin est née par accident à la fin du XIXe siècle. Selon la légende, ce sont les sœurs Tatin (Caroline et Stéphanie) qui en sont à l’origine. Steph, plus exactement. Pressée, elle enfourne sa tarte aux pommes au four, mais oublie un des ingrédients principaux : la pâte (c’est assez fort quand même, quand on sait que la tarte aux pommes ne contient vraiment que 3 trucs : la pâte, la compote (ou la crème) et les pommes…). Flemme de recommencer, elle se contente de la rajouter directement sur les fruits. Une fois la tarte cuite et retournée, le résultat est sans appel : des pommes caramélisées à même le moule, une pâte craquante et dessert qui met tout le monde d’accord. C’est « croquant, c’est gourmand, c’est fondant », comme dirait ce bon vieux Cyril Lignac.

Et sinon, vous savez ce que Dark Vador commande dans une boulangerie ? Non ? Bah… Des pains pains pains tarte tatin tarte tatiiiin… (Vous l’avez ?)

Crédits photo (CC BY-SA 3.0) : Wmeinhart

Les bêtises de Cambrai

Deux entreprises cambrésiennes se disputent la paternité de ses petits bonbons rayés, mais la légende reste la même : vers 1830, un jeune apprenti a malencontreusement fait tomber de la menthe dans une préparation de berlingots. Aussi dégourdi que courageux, il ne dit rien, et laisse les bonbons être mis en vente. Si ses boss (ses parents, parait-il) n’y voient que du feu : les clients, eux, remarquent ce petit goût mentholé… Et ils adorent ! Ils en redemandent ! Et hop, d’une bêtise naissent… Les bêtises de Cambrai (et le nom prend tout son sens). Amis maladroits, ne désespérez pas. Votre jour viendra !

Crédits photo (CC BY-SA 2.5) : myself (Bernard Leprêtre)

Le manqué

Tout est dans le nom ! Ce gâteau moelleux, auquel on ajoute souvent des pommes, a été inventé par un pâtissier savoyard de la maison Felix, au XIXe siècle. En réalisant un « biscuit de Savoie » pour un client, il a trop peu travaillé ses blancs. Ils ne sont donc pas montés, et le truc est sorti tout plat du four. Pas le time de recommencer : un petit coup de beurre, une bonne couche de pralin pour camoufler le tout, et le tour est joué !

Le Nutella

Mais quoua ? L’huile de palme est tombée toute seule là-dedans, c’est ça le subterfuge ? Ah… Non ? En 1946, Pietro Ferrero, pâtissier italien, rêve d’un gâteau à base de ganache au chocolat (elle aussi, inventée par erreur), mais voilà… En pleines restrictions d’après-guerre, trouver du chococo n’est pas chose facile ! No problemo, M. Ferrero remplace une partie du cacao par des noisettes broyées. Pendant trois ans, il utilise cette recette en guise de ganache, mais le Nut’ n’est pas encore né ! Un été caniculaire, la crème fond. Et là, surprise : la texture est oufissime. Ni une, ni deux, le produit est commercialisé, d’abord sous le nom de « Supercrema » puis, en 1964… de « Nutella ».

Crédits photo (CC BY-SA 3.0) : -donald-

La ganache au chocolat

Selon la légende, c’est au milieu du XIXe siècle qu’un apprenti de la maison Siraudin à Paris commet une petite boulette : il verse une crème beaucoup trop chaude dans son chocolat. Foutu pour foutu, il mélange quand même sa préparation. Surprise : le tout donne une superbe texture, brillante à souhait. Allez hop, on garde !

Les Carambar

À la base, on écrivait « Caram’bar »… Et c’est assez logique, puisque ces sucreries sont nées à cause (grâce) à une machine à barres de caramel. L’histoire se déroule en 1954, dans l’usine de Chocolat Delespaul-Havez à Marcq-en-Barœul. Ensuite, deux rumeurs et un même résultat. Option une : la machine a pété un plomb toute seule et a allègrement mélangé doses de cacao et doses de caramel. Option deux : c’est un employé qui a versé son excédent de chocolat dans la machine à caramel, qui s’est alors déréglée pour former de longues barres, plus allongées qu’à l’accoutumée. Seule certitude : la recette est née du hasard, de la rencontre incongrue et pourtant si belle d’un petit cacao, et d’un doux caramel. Ça me fout les poils, cette histoire.

Crédits photo (CC BY-SA 4.0) : Jiel Beaumadier

Les corn flakes

Si jusqu’ici, les histoires étaient mignonnes, celle des corn flakes l’est un peu moins. À leur origine, deux frères (dont le nom ne vous sera pas étranger) : Will Keith Kellogg et John Harvey Kellogg (docteur). Dans les années 1890, le Dr Kellogg est un mec super fun, à la tête du sanitarium de Battle Creek : un hôpital dans lequel les patients suivent des régimes insipides pour supprimer leurs pulsions charnelles, comme la masturbation. AMBIANCE. À la carte de ce charmant centre : du maïs bouilli. Miam. Un jour, alors qu’ils laissent cette délicieuse recette refroidir, les deux frères sont pris par leurs obligations et reviennent un peu trop tard en cuisine. À leur retour : le truc est complètement bouilli et rassis. Mais bon… Pas question de les jeter (économie first !) : ils les aplatissent au rouleau puis les mettent à griller. Surprise… C’est un carton plein ! Ils sont alors sucrés et commercialisés en 1906 par Will Keith. Par contre, maintenant qu’on connaît la petite histoire, on a bof envie d’en manger de nouveau… Non?

La Worcestershire sauce

Autant y’a des trucs, on n’aurait jamais pensé à une création par accident, autant là… Quand on lit les ingrédients… On se dit bien que quelqu’un de censé n’aurait jamais mélangé tout ça consciemment. De la mélasse (déjà, ça part mal), du vinaigre de malt, des anchois, des échalotes, de la pulpe de tamarin, des oignons, de l’ail, de la cardamome, de la cannelle et encore bien des épices. Oui, ça fait beaucoup de truc qui n’ont rien à voir, mis ensemble. Puisque ce n’est pas suffisamment ragoûtant : le mélange brunâtre a été oublié dans un bocal pendant deux ans. Le temps de biiiiien macérer et fermenter. Et… Oui… Un mec a vraiment eu le courage (la stupidité ? ) de tremper ses lèvres là-dedans. Et bam, il kiffe, tout le monde kiffe, succès planétaire pour une sauce macérée dans un bocal pendant des années ! On est cons parfois.

Crédits photo (Creative Commons) : Dimitri “Diti” Torterat

La sauce béarnaise

En 1837, le chef Collinet voulait juste se faire une petite réduction d’échalotes. Persuadé de l’avoir ratée, il tente de la rattraper en y ajoutant une émulsion de jaune d’œuf. Et bam ! Ce n’est pas la réduction d’échalote attendue, mais c’est un délice.

Crédits photo (Domaine Public) : Tangopaso

Les glaces à l'eau

Glace préférée des enfants, inventée par… Un petit mec de 10 ans ! En 1905, Frank Epperson oublie son verre dehors, en plein hiver californien. Dans le récipient : du jus de fruit en poudre, mélangé à de l’eau et un petit bâton servant à touiller le tout. Et hop, la magie des grands froids opère : dans la nuit, le liquide devient glace et la glace à l’eau est créée. Aujourd’hui, ce sont environ 3 milliards d’unités qui se vendent chaque année. Comme quoi… On peut avoir la tête en l’air et des couilles en or.

Crédits photo (CC BY-SA 4.0) : Daky Egbert

Les chips

D’un côté : Geroges Crum, cuisinier afro-américain. De l’autre, Cornélius Vanderbilt, un client bien casse couille qui exige des frites très fines, et qui n’hésite pas à les renvoyer en cuisine tant qu’elles ne sont pas à son goût. Les assiettes s’enchainent et Chef Crum commence à en avoir raz la toque ! Pour donner une petite leçon à son client, il décide de couper ses pommes de terre en tranches aussi fines que possible, si fines qu’elles en seraient presque transparentes. Alors, certes… Sa « leçon » n’a pas l’effet escompté MAIS le client n’a plus rien eu à redire… Et nous non plus !

Crédits photo (CC BY-SA 3.0) : Rainer Zenz

Le roquefort

« Un jeune pâtre, pour suivre une belle bergère, aurait oublié du pain et du fromage de brebis dans une des nombreuses grottes du Combalou. Revenant quelque temps plus tard en ce lieu, il les découvrit couverts de moisissure. Affamé, il goûta le fromage et s’en régala. » : la petite légende trop choupinette qu’on peut lire sur le site de « Tourisme Aveyron ». Je ne sais pas si c’est vrai, mais perso, j’ai envie d’y croire… Histoire d’amour et fromage qui pue : il n’en faut pas plus pour remplir mon petit cœur.

Crédits photo (CC BY-SA 4.0) : Thesupermat

Parce que la vie ne se résume (malheureusement) pas qu’à la bouffe, il y a d’autres inventions, tout aussi utiles à notre quotidien, qui sont, elles aussi, apparues par hasard. La vie fait bien les choses, parfois.