Des mecs toxiques, croyez-moi, j’en connais un tas ! Mais des comme ce bon vieux Henri VIII, roi d’Angleterre de 1509 à 1547, j’en ai (dieu merci) jamais vu ! Ah bah, au bal des vieux cons, celui-ci, je peux vous assurer qu’il est chef d’orchestre. Vraiment. La preuve juste en dessous.

Il a épousé six femmes différentes...

Dans l’ordre : Catherine d’Aragon, Anne Boleyn, Jeanne Seymour, Anne de Clèves, Catherine Howard et Catherine Parr. Oui, comme vous pouvez le voir, il semblait faire une petite fixette sur les prénoms « Anne » et « Catherine ». Le moins que l’on puisse dire, c’est que ces dames n’ont jamais eu une fin super heureuse. Pas simple d’être reine d’Angleterre, quand c’est au côté d’un tel personnage…

... Et en a exécuté deux

Anne Boleyn et Catherine Howard ont littéralement perdu la tête. Décapitée sur ordre du roi lui-même. Une ambiance… Selon les historiens, Anne Boleyn ayant « échoué » à donner un fils au roi, il la fit juger pour adultère et trahison et la mit à mort en 1536. Moins de 24h plus tard, le roi était déjà marié à une autre : Jeanne Seymour. De son côté, Catherine Howard a été condamnée pour une relation extra-conjugale avec un homme de la cour.

Aujourd’hui, pour retenir l’histoire en musique, les écoliers britanniques apprennent la comptine « Les six épouses d’Henri VIII », où les rimes sont « Divorcée, décapitée, morte » et « Divorcée, décapitée, survivante ». Bonheur.

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Il a épousé la femme de son frère défunt

En 1502, Arthur, le frère aîné d’Henri VIII, meurt de la suette, une maladie épidémique causant des fièvres hémorragiques. À ce moment-là, il est marié à Catherine d’Aragon. Alors que la jeune femme est tout juste veuve, elle se voit de nouveau mariée… Au frère de son mari défunt : Henri VIII. Les raisons étaient avant tout stratégiques : épouser Catherine d’Aragon, c’était s’unir à l’Espagne et prendre l’adversaire français en tenailles. L’Église interdisant l’union d’un beau-frère et d’une belle-sœur, le roi contourna la règle en affirmant que le mariage n’avait jamais été consommé, et était donc « nul ».

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Puis il a demandé le divorce car sa femme n'arrivait pas à avoir de garçon

Comme le précédent point le laisse présager : ce mariage n’était pas vraiment un mariage d’amour. Juste une union aux multiples enjeux. Outre le fait d’établir un lien étroit avec l’Espagne, le trône d’Angleterre voulait aussi et surtout obtenir un héritier légitime. La reine aura sept grossesses, mais aucun héritier : 2 garçons qui meurent peu après la naissance, un autre garçon mort-né, deux fausses couches, et Marie Tudor, seul enfant à survivre. Quand la reine fête ses 40 ans, le roi commence à se dire que son union avec sa belle-sœur est maudite, et qu’il n’aura jamais de fils. Il souhaite donc divorcer, pour pouvoir épouser son nouveau crush : Anne Boleyn.

D'ailleurs, il a inventé une religion pour pouvoir divorcer

Problème de taille : l’Église catholique n’autorise pas le divorce. En 1527, le roi prend sa plume et écrit au pape Clément VII. Il avance que l’absence d’héritier masculin est une punition de Dieu, pour avoir épousé la femme de son frère. Il pointe du doigt l’Église de Rome, soutenant que cette union n’aurait jamais dû être autorisée, et donc… Qu’elle doit être annulée. Le pape refuse. C’est un peu complexe, mais Catherine était aussi la nièce de Charles Quint, empereur du Saint-Empire Germanique, autrement dit, le souverain le plus puissant d’Europe. Le pape préfère se mettre le roi d’Angleterre à dos, que Charles Quint. Bref. Il refuse. Qu’à cela ne tienne : Henri VIII sépare l’Eglise d’Angleterre de celle de Rome, créé sa propre religion (l’Anglicanisme) et se place à la tête de cette nouvelle Église. En tant que chef religieux, il approuve lui-même son propre divorce. Et voilà. Le tour est joué. Malin. Légèrement égoïste d’imposer un changement de religion à toute une population pour son propre plaisir, mais malin.

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Il n'a pas beaucoup respecté son ex-femme

En plus de modifier toute la vie d’un pays juste pour pouvoir se débarrasser de leur relation, le roi a aussi pris soin de déclarer leur seule fille (Marie Tudor) illégitime, puis a retiré à Catherine son titre de Reine d’Angleterre. Désormais, elle était « Princesse Douairière ». Elle fut séparée de sa fille, confinée à la résidence de Buckden puis de Kimbolton. Dévastée par la faim et le cancer, elle y meurt en 1536. Un respect, vraiment.

Il a divorcé de sa quatrième femme car il ne la jugeait pas assez belle

Une fois ce verrou levé, le roi en a bien profité ! Ses femmes les plus chanceuses (celles qui ne trouvaient pas la mort en quelques mois), se faisaient larguer comme des malpropres. La troisième femme du roi, Anne de Clèves, fut choisie par le roi et son premier ministre, Thomas Cromwel, à partir d’un portrait peint par l’Allemand Hans Holbein le Jeune. Une sorte de Tinder des temps anciens. Comme aujourd’hui, les images sont parfois trompeuses… Lorsqu’il rencontre Anne de Clèves pour de vrai, Henri VIII est légèrement déçu. Après l’avoir qualifiée de « grosse jument flamande », il demande le divorce après six mois de mariage. Deux semaines plus tard, il est marié à une autre femme : Catherine Howard, qu’il décidera finalement de faire décapiter deux ans plus tard.

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Grosso modo, il butait tout le monde, en fait

À commencer par ce pauvre Cromwell. Puisqu’il avait participé à choisir Anne de Clèves comme nouvelle épouse d’Henri VIII, le roi lui fit porter la responsabilité de cette « erreur de casting ». Toujours juste et jamais trop extrême, il fit arrêter son vieil ami, le fit inculper pour hérésie et trahison, puis exécuter sans jugement le 28 juillet 1540. Pas le droit à l’erreur, donc.

Grosso modo, il butait chaque personne capable de le contrarier, en fait. On ne sait pas combien de personnes il a lui-même mis à mort, mais les historiens estiment à 72 000 le nombre d’exécutions ayant eu lieu durant son règne. C’est pas rien.

Cette facilité à collectionner les femmes et à les condamner à mort donnera naissance à une légende bien connue : la légende de Barbe Bleue.

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Mais il était innovant dans sa façon de donner la mort !

On va dire qu’il a eu de quoi s’entraîner, hein… Parmi ses méthodes les plus trash : la méthode la pression. Écraser le condamné à mort avec une grande planche, chargée de poids, jusqu’à qu’il ne puisse plus respirer. Pour assurer un maximum de souffrance, les poids étaient ajoutés doucement, pour une mort lente et douloureuse.

On trouve aussi un appareil de torture, la « fille du charognard ». C’est une attelle de fer en forme de A. La victime s’y installe, accroupie, la tête presque sur les genoux, et les poignets/chevilles/cou enchainés. Une barre de fer est passée dans le cadre, et se resserre, jusqu’à écraser la victime.

Dernier exemple : un jour, le cuisinier de l’évêque de Rochester a tenté d’empoisonner son maître. Pour le punir, Henri VIII a donc ordonné qu’il soit bouilli vivant dans sa propre marmite. Jugeant l’idée sympa, il a décidé que cela deviendrait une punition standard pour les empoisonneurs, pendant 5 ans.

Il a eu des maîtresses à la pelle

Six femmes, c’est déjà pas mal. Mais le mec n’était jamais rassasié. A ce nombre d’épouses s’ajoute une bonne dizaine de maîtresses. Si à l’époque, l’activité extra-conjugale d’un roi n’a rien d’original, rares sont ceux qui tenaient le même rythme de fornication, avec autant de personnes différentes, que ce vieux crado.

Il est à l'origine de la première législation homophobe du pays

En 1533, dans une Angleterre jugeant l’homosexualité comme criminelle et immorale, le roi adopte le « Buggery Act ». Cette législation fait des relations entre hommes un délit passible de… Eh oui, de peine de mort, pour changer. C’est la première législation contre les homosexuels dans le pays, et l’une des premières lois réprimant également la sodomie.

Il était accro aux jeux

Bon ouais, à côté de tout ce qu’on vient de lire, c’est pas un truc de dinguo. Mais bon… Il aimait tellement les jeux (auxquels il était particulièrement nul), que les archives montrent qu’il aurait joué jusqu’à un million de livres (convertis en monnaie actuelle), entre 1529 et 1532. Ça fait une bonne petite somme.

Ces histoires sont tellement horribles qu’elles ont l’air fausses… Alors que pourtant, bah elles sont malheureusement bien vraies !

Sources : histoire pour tous, Géo, World history