Chers amis de la langue française, compatriotes du lyrisme, amateurs d’alexandrins. On se retrouve aujourd’hui pour aborder la houleuse question des figures de style mais pas n’importe lesquelles. Pas les figures de style qu’on utilise tous les jours sans le savoir, pas les figures de style qu’il faut connaître pour avoir son bac... Non. Aujourd’hui on vous parle des figures les plus rares, ou du moins celles que personne ne connaît. Adieu métaphore, comparaison, litote, et autre zeugma.

La paronomase

Cette figure permet d’utiliser côte à côte des mots qui se ressemblent beaucoup dans la prononciation mais qui n’ont pas du tout le même sens.

Exemple à réutiliser dans la vie de tous les jours : « Ne soyons plus amers et larguons les amarres mon amour » (c’est de moi. Hyper chiadé comme exemple, vous trouvez pas ? Ça se voit que j’ai redoublé ma première L).

L’adynaton

Eh oui ce n’est pas seulement un très bon rappeur c’est aussi une figure de style moins connue même si elle désigne un truc qu’on fait très souvent. En fait c’est juste une hyperbole mais puissance 10 (me demandez pas pourquoi du coup on dit pas « une super hyperbole »), une hyperbole tellement forte qu’elle n’est plus concevable.

Exemple à réutiliser dans la vie de tous les jours : « Je t’ai attendu 108 ans bordel de cul » (en effet, si vous aviez vraiment attendu 108 ans, vous seriez certainement mort de faim bien avant l’arrivée de votre destinataire).

L’asyndète

Simple comme bonjour, cette figure consiste à supprimer les éléments de liaison dans une phrase ce qui permet d’en accélérer le rythme.

Exemple à réutiliser dans la vie de certains jours : « Je me lève, mange une tartine, bois un café ; 9h : je sors, enfourche mon vélo, prends la première à gauche, croise un flic, me fais arrêter ; je porte un casque, il m’aligne, 150 balles dans la vue, j’ai les boules, maudis les flics, reprends la route, arrive en retard, la journée commence mal » Oui bon bah après j’ai pas dit que mes exemples étaient toujours passionnants hein.

Crédits photo : Topito

L’aposiopèse

Bon alors là vous allez encore râler parce qu’on a ici un terme qui semble si complexe que ça fout la chienne alors qu’il désigne une figure basique. En résumé, il s’agit d’une simple hésitation, ou une émotion diverse qui provoque une interruption de la phrase.

Exemple à réutiliser dans la vie de tous les jours : « – Tu peux me rendre mes 50 balles Bernard ? – AH oui bien sûr je… Attention derrière toi ! Un céleri géant ! »

La syllepse

Idéale quand vous aimez emberlificoter vos lecteurs, la syllepse permet en gros de jouer sur la polysémie d’un mot.

Exemple piqué à Molière parce que c’était pas la moitié d’un con dans Le Mariage forcé : « – Et de quelle langue voulez-vous vous servir avec moi ? – Parbleu ! de la langue que j’ai dans la bouche. Je crois que je n’irai pas emprunter celle de mon voisin. »

La diaphore

Alors là je vous rassure tout de suite, en fait la diaphore n’est autre qu’un synonyme de l’antanaclase. Du coup, maintenant c’est bon j’imagine que vous voyez de quoi on parle. Vous savez forcément qu’il s’agit d’utiliser un même mot à deux reprises dans une phrase mais avec un sens différent (oui oui, ça ressemble beaucoup à la syllepse mais c’est pas moi qu’il faut engueuler) comme quand on dit « le coeur a ses raisons que la raison ignore » (oui on dit ça).

Exemple à réutiliser dans la vie de tous les jours : « Le mauvais joueur de pétanque perd la boule et sa boule ». Subtil n’est-ce pas ?

L’hypallage

Autant l’hyperemballage c’est vraiment nul, autant l’hypallage c’est très chouette. On l’utilise pour associer un mot ou un groupe de mot à un sens qui correspond à un autre mot de la phrase. Vous avez mal au crâne ? c’est normal, respirez un coup. On utilise cette figure principalement pour les adjectifs et l’idée c’est d’associer un adjectif à un mot inattendu dans la phrase.

Exemple à réutiliser dans la vie mais seulement un jour sur deux : « J’ai tellement bu que mon appart était bourré », ou encore « J’écrivais ma lettre de rupture d’une plume coupable », ou encore « Je me présentais au bureau avec des vêtements meurtris d’un malencontreux assemblage ».

Le tautogramme

Rien à voir avec les blagues de Toto puisque qu’un tautogramme consiste bêtement à écrire une phrase dont tous les mots commencent par la même lettre.

Exemple à réutiliser mais pas plus d’une fois par mois : « Si Sabine soule sa soeur Suzanne sur ses sardines, Suzanne sévira sournoisement » Si vous n’êtes pas convaincu par cet exemple, essayer de faire mieux vous allez voir c’est une galère.

L’épanadiplose

Un nom charmant qu’on pourrait donner à notre enfant si on avait vraiment envie de lui pourrir la vie avec un prénom original. Il s’agit tout simplement d’une figure destinée à produire un effet d’insistance avec une symétrie mettant en valeur un mot ou un groupe de mots. Bon. Dit comme ça, ça reste assez vague. Mais avec quelques exemples vous y verrez plus clair : « L’homme est un loup pour l’homme » ou pour citer Jean Cocteau « L’enfance sait ce qu’elle veut, elle veut sortir de l’enfance » ou encore cette extrait du Chiendent de Raymond Queneau « La mère est enfin prête ; très élégante la mère. »

Notre exemple à nous vachement moins bien : « Le café c’est vraiment fort de café » (pas sûre d’avoir compris vraiment cette figure de style mais seul Dieu peut me juger (ou un correcteur orthographique).

L'homéotéleute

Contrairement à une idée reçue, l’homéotéleute n’est pas une maladie vénérienne. En fait ça consiste juste à utiliser des mots dont la dernière syllabe est la même, sorte de rime propre à la prose si vous voulez.

Exemple à réutiliser dans la vie de tous les jours : « Est-ce que j’ai vraiment l’air d’avoir craché un glaire dans ton verre de Sancerre ? »

Au terme de ce top, je n’aurais qu’une chose à dire : je pense que les figures de style sont les seuls éléments qui désigne des trucs assez simples dans la langue française avec des mots ultra complexe. Ne vous flagellez pas si vous n’en retenez aucune, dans le fond de vous, vous les connaissez déjà toutes. Et puis, vous maîtrisez déjà si bien les oxymores drôles.

Sources : La culture générale