La langue française compte pas loin de 100.000 mots, et malgré tout on s’acharne à en inventer (et à en utiliser) de nouveaux. C’est bien sympa, mais le problème c’est que 1) ce sont des fautes de français 2) c’est moche, et 3) ça ne sert à rien puisqu’en général on invente des mots pour en remplacer d’autres qui existent déjà. Par conséquent, merci par avance de supprimer ces quelques mots de votre vocabulaire (et ça vaut aussi pour l’Education nationale et ses mots inventés).

Nominer

S’ils sont très souvent utilisés, le verbe « nominer » et son participe passé « nominé » sont considérés comme des anglicismes inutiles issus de l’anglais nominee. Messieurs les présentateurs des Césars nous vous saurions donc gré de ne plus dire « nominés » mais « nommés ». Merci bien.

Fuiter

Nous avons là affaire à un bon gros néologisme, notamment utilisé par nos copains journalistes pour parler à titre d’exemple d’écoutes ou de documents officiels. En vrai, on peut dire qu’il y a eu une fuite, mais on ne peut pas dire « mon tampon a fuité ».

Chronophage

Créé au XXe siècle à partir des deux termes grecs chrono- et -phage, chronophage n’existe pas dans la langue française. En revanche, il est important de préciser que, contrairement à pas mal de mots inventés de toutes pièces, celui-ci est utile puisqu’il n’en existe pas d’autres pour désigner ce qu’il veut dire.

Candidater

Le nom candidat désigne une personne, un statut. On ne dira donc pas plus « candidater » que « avocater » ou « lauréater ». Si vous voulez parler la France, vous direz plutôt « postuler, être candidat (à), briguer ou encore poser sa candidature ».

Abracadabrantesque

Rendu célèbre par notre grand copain Jacques Chirac, le terme est un néologisme inventé par Arthur Rimbaud dans son poème « Le Cœur supplicié » et donc un mot qui n’a pas sa place dans le dictionnaire. En revanche, si vous voulez vous la péter dans une conversation, ça reste une valeur sûre.

Confusant

Encore la sale influence des rosbeefs qui nous ont retourné le cerveau avec leur « confusing ». Mais jusqu’à preuve du contraire il n’y a pas de verbe « confuser » en français, donc pas d’adjectif verbal « confusant ». C’est triste, mais c’est comme ça.

Procrastinateur

Vous ne vous êtes jamais demandé pourquoi votre correcteur d’orthographe ne reconnaissait pas le mot ? Eh bah c’est parce qu’il n’existe pas, tout simplement. Désormais, vous remplacerez donc « procrastinateur » par « grosse feignasse qui préfère mater des séries dans son lit en se rongeant les ongles de pieds plutôt que d’aller à la fac ».

Générer

A la base issue de l’étymologie latine « genus » qui a également donné « gène » et « génération », « générer » est revenu à la mode sous l’influence de l’anglais « to generate ». Pour autant, l’Académie française ne valide pas et préfère que nous utilisions « engendrer », « produire » ou « causer ». Sinon c’est la trempe.

Solutionner

Selon l’Académie française, « solutionner doit sa fortune aux irrégularités de la conjugaison du verbe Résoudre, dont il est devenu un substitut ». Pour autant, ça reste un mot drôlement dégueu donc on arrête de dire « Au jour d’aujourd’hui, je vois pas comment on va solutionner le problème. »

Dangerosité

On ne sait pas trop qui a eu l’idée de rajouter ce drôle de suffixe à la fin de « danger », mais ce qui est sûr c’est que ça n’est pas très français et que ça sert pour ainsi dire à que dalle. Vous l’aurez compris, c’est à bannir.

Gratifiant

Si le verbe gratifier existe bien, l’adjectif verbal « gratifiant » est lui une vilaine erreur de français (en plus d’être franchement pas jojo). Dans les dîners mondains, on lui préférera donc « valorisant ».

Inatteignable

Dans la catégorie des mots qui n’existent pas, le rajout du préfixe in- devant un mot qui lui existe bien est une petite manie très courante. Là le souci c’est que « inatteignable » c’est moche, et qu’on avait déjà le mot « inaccessible » pour dire exactement la même chose.

Tout le monde n’est pas Rabelais, qui inventait des expressions ni la langue française avec ses mots les plus longs qui durent une plombe. Si vous en voyez d’autres qui vous arrachent les oreilles, n’hésitez pas à partager cette expérience traumatisante avec nous. Nous sommes là pour vous écouter.

Source : Gilles Vervisch, Académie française