Les animaux portent très mal le nom de bêtes. De nombreuses études éthologiques ont montré que certaines espèces avaient la capacité de transmettre des connaissances à leurs congénères. On parle alors de protoculture, ou culture primitive. Il serait même plus juste de parler de traditions, car en soi, les savoirs du monde animal ne sont pas cumulés au fil des générations (comme le sont les savoirs transmis chez les humains). Et certains exemples de transmission sont assez étonnants.

Les mésanges se sont appris comment ouvrir une bouteille de lait

Dans les années 30 en Angleterre, les maisons se faisaient livrer des bouteilles de lait devant leur porte. Mésanges et rouges-gorges en étaient friands et s’en mettaient alors plein la panse. Au bout de quelques années, les laitiers ont fabriqué un opercule en aluminium plus solide afin d’éviter le squat de ces becs clandestins.

Or peu de temps après les mésanges étaient parfaitement capables de percer l’opercule en aluminium de part et d’autres du pays. On leur reconnait même une préférence pour le lait entier (reconnaissable par la couleur de l’emballage). A l’inverse les rouges-gorges étaient comme des cons sans pouvoir se rincer le gosier en laitage. On explique cette transmission de savoirs par le fait que les mésanges voyagent beaucoup contrairement aux rouges-gorges et auraient ainsi transmis rapidement leurs tips d’ouverture à leurs petits potes. Les mésanges ont inventé les réseaux sociaux avant l’heure en fait.

Crédits photo (CC BY-SA 4.0) : Dhaval Vargiya

Les macaques qui ont appris à laver leurs patates douces

Le primatologue japonais Kinji Imanishi a fait une observation cocasse chez les macaques de la presqu’île de Koshima en 1953. Une femelle a l’idée saugrenue d’aller un jour laver sa patate douce dans le ruisseau avant de la manger. Progressivement, les autres macaques se mettent à faire de même. Plus étonnant encore, cette pratique se retrouve chez la génération suivante également.

Crédits photo (Domaine Public) : 朝日新聞社

Les chimpanzés se serrent la main

Dans les cultures animales, on trouve aussi des gestes qui se sont arbitrairement installés, mais qui sont là encore la preuve d’une transmission entre les membres d’un même groupe. Ainsi des éthologues ont découvert en 78 que les chimpanzés de Kasoge en Tanzanie se serraient la main. En revanche, à 50 km de là, les chimpanzés de Gombe n’avaient aucunement cette pratique. D’autres chercheurs comme Edwin van Leeuwen ont toutefois montré que les chimpanzés avaient des poignées de mains spécifiques à leur groupe, ce qui explique des différences d’un groupe à l’autre.

Les baleines à bosses sont des voleuses de chants

Bon j’exagère un peu, elles ne volent pas vraiment (disons que le concept de droits d’auteur est peu présent dans le milieu des baleines à bosses quoi…) mais elles empruntent le chant des baleines provenant d’autres régions. Et c’est très pratique, car le chant d’une baleine nous livre donc des informations sur sa provenance.

Les vachers à tête brune apprennent tout de ceux qui les élèvent (et non de leurs parents)

On le sait d’autant plus que, comme les coucous, les vachers sont des oiseaux parasites qui profitent de glisser leurs oeufs discrètement dans les nids de leurs congénères pour que ceux-ci nourrissent leur progéniture. Malin. On a par ailleurs remarqué que c’était leur communauté d’adoption qui les influençait le plus quant à leur choix de partenaire. Ça doit pas être marrant de faire son coming out chez les vachers.

Les orangs-outangs sont super doués pour construire leur lit

En variant intelligemment le choix de leurs matériaux, ils sont capables de construire un lit digne d’un Sofitel (rien que ça) à ceci près que le leur se niche dans la canopée, ce qui est hautement plus chic qu’une vulgaire chambre de luxe. Autant d’apprentissages qui montrent là encore que les grands singes sont des petits génies.

Les orangs-outangs ont appris à se donner du bon temps

On reste avec nos potes les orangs-outangs qui sont décidément de sacrés master mind puisqu’ils ont appris à utiliser des sextoys à leur façon. Évidemment, on ne parle pas de gros godemichets avec option rabbit mais plutôt de bout de bois qu’ils utilisent pour stimuler leurs organes sexuels.

Les mouches copient leurs voisines

Ah oui même les drosophiles sont aptes à la transmission de savoirs. Des études ont montré en effet que ces petites bêtes aimaient bien copier les goûts de leurs voisines, la couleur de leurs partenaires par exemple. Enfin bon, les entomologistes voient là-dedans un signe d’intelligence collective, moi j’ai surtout l’impression que les drosophiles n’ont aucune personnalité. Mais après, je ne suis pas entomologiste. Ni drosophile.

Crédits photo (Creative Commons) : fir0002 flagstaffotos [at] gmail.com

Sources : Huffington Post , Pour la science, The Conversation