L’Histoire est remplie de grands imposteurs tous plus doués (et fascinants) les uns que les autres. Des vils personnages prêts à tous les mensonges pour séduire et arriver à leurs fins (gagner de la thune, la plupart du temps). Alors imaginez un peu si ces fieffés menteurs avaient eu, en leur temps, accès à internet et aux sites de rencontre. Ils auraient pu, avec encore plus de facilité, tromper des personnes à la recherche de l’amour et monter de grosses arnaques bien planqués derrière un écran. Eh bien c’est ce qui arrive tous les jours dans le monde. De nouveaux imposteurs ont pris Tinder et les autres applis de rencontre d’assaut, et ils sont très doués eux aussi. Très salauds, mais très doués.

Shimon Hayut / Simon Leviev

Le personnage machiavélique, star du doc Netflix L’Arnaqueur de Tinder, se faisait passer pour le fils du diamantaire milliardaire israélien Lev Leviev. Sous cette fausse identité, il est parvenu à séduire pas mal de femmes et à leur siphonner toutes leurs économies. Son petit manège était – il faut le reconnaître – bien rodé : dans un premier temps, il les emmenait à l’hôtel et en voyages à base de trajets en jet privé et leur faisait miroiter une vie de rêve. Une fois ses proies conquises, il faisait croire qu’il était en danger et leur demandait une aide financière qu’il allait, « bien entendu », rembourser. Les dizaines de milliers de dollars volés à une victime permettaient de financer ses voyages avec la proie suivante, et ainsi de suite. Un système d’arnaque à la Ponzi toujours efficace, même si très risqué à long terme. Simon Leviev a fini par se faire choper mais n’a passé que quelques mois en prison en Israël. Une fois sorti, il a directement repris ses activités dégueulasses, et ce n’est que depuis la diffusion du docu que Tinder a annoncé tout faire pour bloquer les comptes de l’imposteur. Il était temps. Maintenant que sa tête est bien connue de tous, il va avoir un peu plus de mal à continuer son arnaque. Si vous ne l’avez pas encore maté, foncez voir le docu, vous verrez à quel point le mec est une ordure.

Rodrigo Nogueira, le Don Juan aux 65 victimes

On part sur un autre maître de l’imposture qui n’a pas à rougir devant Simon Leviev : Rodrigo Nogueira. L’Espagnol a multiplié les fausses identités pour séduire des femmes sur des sites de rencontre pendant près de 20 ans, de 1997 à 2017. Il ciblait des femmes qu’il jugeait émotionnellement fragiles, les séduisait, puis vivait à leurs crochets et leur empruntait de l’argent avant de disparaître dans la nature. Il était un coup tatoueur, puis homme d’affaires, hacker, designer ou encore chef de cuisine, mais à chaque fois son métier impliquait le fait qu’il voyage beaucoup, histoire de pouvoir avoir plusieurs relations en même temps. Grâce à ça, il pouvait toujours retomber sur ses pattes et piéger des victimes aux quatre coins de l’Espagne. Mais comme tout le monde, Rodrigo avait un visage, et celui-ci a commencé à circuler un peu partout dans les médias suite à des témoignages de victimes. Ça a fini par permettre à la police de le choper en 2017 et à la Justice de le condamner à 2 ans et demi de prison. Totalement mérité.

Toby l'investisseur en cryptomonnaies

En 2020, un jeune Montréalais récemment devenu célibataire s’est inscrit sur Tinder. Là, il a rencontré un mec nommé Toby avec qui il a discuté de chiens, mais aussi d’investissement. Toby lui a expliqué qu’il se faisait de la thune avec les bitcoins et a proposé au Montréalais de lui montrer comment faire pareil. L’autre était chaud, il avait toujours voulu apprendre à investir. Toby lui a fait télécharger une appli chinoise qui n’était pas sur l’Appstore et lui a fait faire un premier investissement de 500$. Ça s’est bien passé puisque le mec a fini avec 800$ et a réussi à retirer son argent. Mis en confiance, le Montréalais a investi 30000$ (pas du jour au lendemain, mais il s’est fait entraîner étape par étape), puis 10000$ de plus. Après ça, son compte a été gelé par la fausse application et « Toby » – qui était donc un imposteur – a disparu. En quelques jours, le Montréalais avait perdu toutes ses économies. Les flics lui ont dit qu’il ne pouvaient rien faire puisque toutes les transactions avaient été faites en bitcoins. Moralité : même si la personne que vous rencontrez sur Tinder a l’air d’être un mec sympa qui aime les chiens, ne l’écoutez pas s’il vous parle de bitcoins. D’ailleurs, n’écoutez pas les gens qui parlent de bitcoins, ils sont chiants en général.

Les Chiliens et l'arnaque aux fausses photos de mineur

Ici, la rencontre s’est passée via Facebook, mais ça aurait tout aussi bien pu se produire depuis une appli de rencontres type Tinder. Un Chilien de 27 ans a fait la rencontre d’une femme en ligne, et les deux ont très vite décalé sur WhatsApp. Là, après quelques conversations qu’on qualifiera de « caliente », la femme lui a envoyé des photos d’elle nue. Jusque-là, le mec semblait à l’abri de tout problème vu qu’il n’avait lui-même rien envoyé en retour. Mais, peu de temps après, il a reçu un appel d’un gars qui s’est présenté comme étant un policier. Il lui a annoncé que les photos qu’il avait reçues avaient été envoyées par une mineure de moins de 14 ans, et que s’il voulait éviter une plainte du père de la fille, il fallait qu’il mette 500.000 pesos sur un compte. La victime de l’arnaque s’est exécutée, et quand il a appelé la (vraie) police pour avoir des nouvelles de l’affaire, on lui a expliqué qu’il s’était fait avoir en beauté. Mais, pour une fois, on a réussi à retrouver les coupables : il s’agissait d’un détenu de la prison de Valparaíso et de son cousin en liberté. Aucune jeune femme ici, et encore moins mineure. Juste deux gros salauds.

Albert Cavallé, le "Roi de Tinder"

Une vingtaine de plaintes ont été déposées contre Albert Cavallé, un Espagnol qui a séduit et volé des tas de jeunes femmes. Grâce à une belle gueule et un profil Tinder pas dégueu, le gars arrivait à séduire ses victimes à qui il empruntait de l’argent ou dérobait des biens avant de disparaître. À force de répéter son petit manège, il a fini par gagner le surnom de « Roi de Tinder », mais aussi par se faire juger en 2018 et en 2021. Il doit faire au moins 3 ans de prison et rembourser 70000€, mais il a totalement le profil du mec prêt à recommencer à sa sortie de prison. Regardez cette interview de lui à la télévision espagnole : c’est surréaliste, le gars n’en a absolument rien à foutre. Ça fait même un peu peur.

Jack Sion le faux play-boy

Attention, cette histoire parle de viol, donc vous pouvez passer directement à la suite si vous le voulez. Cette histoire, c’est celle de Jack Sion, un sexagénaire de l’Hérault qui a utilisé les photos d’un mannequin d’une trentaine d’années pour se créer un faux profil. Grâce à cette fausse identité, il attirait jusque chez lui des femmes à qui il proposait des relations sexuelles dans le noir ou les yeux bandés. Évidemment, plusieurs d’entre elles ont fini par se rendre compte que le corps de Jack Sion n’avait rien à voir avec celui d’un mannequin et ont pris la fuite. Elles ont voulu porter plainte, mais dans un premier temps la police n’a pas pris leurs dépositions, estimant qu’elles étaient allées chez lui de leur plein gré. Horrible. Finalement, grâce à un avocat, l’une d’entre elle a pu déposer plainte, mais Jack Sion n’avait été condamné dans un premier temps qu’à un contrôle judiciaire. Son avocat, Laurent Poumarède, l’avait défendu en disant que les femmes n’avaient pas été violées car elles n’avaient pas été forcées, et qu’elles auraient pu se douter que les photos du mannequin étaient trop belles pour être vraies. Il avait même ajouté : « Je me demande si ces femmes n’ont pas accepté sciemment de se voiler la face, au sens propre comme au figuré. » Là encore : horrible, surtout de la part d’une personne censée connaître le droit.

Heureusement, Jack Sion est finalement passé devant les Assises et a pris 8 ans de prison. Parce que oui, le viol par surprise est un viol.

Kevin Marimoutou et ses 10 ans d'arnaque

En l’espace de 10 ans Kevin Marimoutou a fait plus de 80 victimes dans toute la France grâce à Tinder et Badoo, une autre appli de rencontres. Il séduisait ses victimes grâce à son physique avantageux, mais toujours avec un prénom et un métier différent. Tour à tour joueur de foot professionnel, patron de bar à chicha ou propriétaire de bar PMU (oui, vraiment), il promettait la belle vie à ses conquêtes et finissait la plupart du temps par leur emprunter de l’argent, les poussant à prendre des crédits à la consommation, quand il ne les volait pas tout simplement. L’une de ses victimes y a laissé plus de 20000€ et a fait une tentative de suicide quand elle s’est rendue compte qu’elle avait eu affaire à un imposteur. Mais, comme souvent dans ce genre d’histoires, à force d’arnaquer des femmes aux quatre coins du pays, le mec a fini par se faire prendre. La police l’a arrêté en 2020 lors d’un contrôle routier et l’a envoyé devant le tribunal qui l’a condamné à 3 ans de prison. Et hop, un de plus à l’ombre.

C’est pas parce qu’on est sur des applis qu’on ne doit pas se respecter, alors voilà quelques règles de Tinder à suivre pour que ça se passe bien.