Les arnaques par téléphone, par mail et les sites internet qui récupèrent toutes nos données pour nous la mettre à l’envers : on connaît. Ces arnaques du quotidien, qui demande une grande vigilance, même si à force, on les voit arriver de loin. Des petits joueurs faciles a démasquer. Mais il existe un autre level d’arnaque : celles des maîtres en la matière. Voici un top de ceux qui jouent dans la cours des grands. Les arnaques tellement énormes qu’elles sont passées crème.

Le mec qui a fait croire qu'il se tapait une déesse

Pisistrate, c’était le premier vrai tyran d’Athènes. En 561 avant JC, il prend le pouvoir de force. Il commence par prendre le temple comme résidence permanente, tranquillou. Puis il prend le peuple pour des cons. Il se balade sur un char, avec une femme déguisée en Athéna et se dit que de cette manière, tout le monde croira qu’il se tape la déesse. ET LE PIRE, C’EST QUE TOUT LE MONDE PLONGE DEDANS ! Il devait être sacrément stylé le costume d’Athéna pour que personne ne fasse la diff’.

Crédits photo (CC BY-SA 4.0) : Jean-Auguste-Dominique Ingres

Rembrandt van Rijn, l'art de la contrefaçon

Ce peintre hollandais est connu pour ses fameux tableaux, notamment La Ronde de la nuit (1642) ou Le Porte-étendard, classé « trésor national » par l’ancien ministre de la Culture, Franck Riester, en 2019.
Ce qu’on sait moins, c’est que ce peintre était aussi un arnaqueur hors-pair. Il aurait commandé à ses étudiants, dans ses propres ateliers, plusieurs milliers de contrefaçons de ses propres œuvres. Des contrefaçons qu’il a ensuite signées de son nom, normal.

Entre 1909 et 1951 : près de 10 000 œuvres portant sa signature arrivent aux USA. Si toutes avaient vraiment été peintes de son pinceau : ça veut dire qu’il aurait produit deux tableaux par jour, chaque jour de sa vie. On ne doute pas de son talent, mais on y croit quand même moyen.

Crédits photo (Domaine Public) : Rembrandt

Gregor MacGregor, le mec qui a vendu un pays imagiaire

Lui, c’est clairement mon préféré. Un artiste. Un génie. Que dis-je, un Dieu de l’arnaque.
LE MEC A RÉUSSI A VENDRE UN PAYS QUI N’EXISTE PAS. Ok, c’était en 1822, et Google maps n’était pas là pour vérifier. MAIS QUAND MÊME.

A la base, c’est un Écossais, qui brille par sa lâcheté et sa médiocrité dans des mouvements de lutte indépendantistes sud-américaines. Pour se refaire : il décide d’inventer un pays, « Poyais », sur 32 000 kilomètres carrés de terre, sous domination britannique, qui lui ont été cédées.
Et le type ne fait pas les choses à moitié : il invente une fausse monnaie, un faux drapeau, et même des chansons à la gloire de son Etat, pour attirer les investisseurs.
Et ça fonctionne ! Il vend des centaines d’actions rapidement.

Vous imaginez la tête des futurs habitants, transportés par trois bateaux, ayant signé des contrats de travail avec le gouvernement, quand ils sont arrivés sur ce bout de terre sauvage ?
C’est cher Poyais (t’as compris la vanne ?) pour une nuit à la belle étoile.

Le plus ouf dans cette histoire : les quelques survivants de la supercherie n’ont pas reproché l’arnaque à McGregor. Ils ont même manifesté contre la couverture médiatique de l’affaire… Bon, ça, c’était peut-être pour protéger le peu de dignité qui leur restait.

Crédits photo (Domaine Public) : en:Samuel William Reynolds (1773–1835), after Simon Jacques Rochard (1788–1872)

Louis Einricht, une arnaque qui carbure

Aux Etats-Unis, en 1916, Louis Einricht convoque la presse pour annoncer sa nouvelle invention : une essence, trois fois moins chère à la production que celle utilisée. Il décide de garder secrète la recette de ce fabuleux mélange.

Sur le papier, ça fait rêver. Les industriels se battent pour ce produit miracle. Henry Ford va même jusqu’à offrir 10 000 dollars et une voiture neuve à l’ingénieur, en guise d’avance pour leur futur contrat, censé rester secret. Qu’à cela ne tienne : Einricht lui-même prévient le New York Times de cet accord. Un nouvel industriel renchérit alors, lui offrant un million de dollars. Einricht empoche, et disparaît, sûrement au volant de sa Ford flambant neuve.

Il est déjà loin quand les ingénieurs découvrent l’arnaque : il s’agissait simplement d’eau, d’acétone et d’acétylène : un mélange capable de faire démarrer un moteur, mais aussi bien plus cher que la simple essence, et corrosif pour le métal.

Hans Van Meegeren, le faux Vermeer

De la peinture et de la contrefaçon toujours, mais là, on est carrément face à un peintre incompris qui décide de faire… Du Vermeer.

En 1920, seule une vingtaine de tableaux profanes de cet artiste du XVIIe sont connus. Hans Van Meegeren, un artiste détesté des critiques d’art, décide de se venger en créant du Vermeer. En CREANT. Pas en imitant.
Pendant des années, il s’applique à imiter sa technique dans les moindres détails, jusqu’à reproduire les craquelures du temps sur ses peintures, et même la poussière dans les interstices !

Il invente l’histoire d’une héritière voulant se débarrasser de sa collection de Vermeer, et ça fonctionne ! Rapidement, il fait fortune.

En 1939, l’une de ses œuvres arrive entre les mains d’un maréchal nazi. A la libération, les tableaux sont retrouvés, et les enquêteurs remontent jusqu’à l’artiste, pour avoir vendu un Vermeer à un nazi. A l’heure des procès pour collaboration, il est arrêté et risque la peine de mort. Il avoue la vérité. Personne ne le croit. Il reproduit un Vermeer dans sa cellule. Il devient célèbre. Prend un an de prison pour collaboration, quand même. Sort. Meurt d’une crise cardiaque un mois après. Temps de gloire : 31 jours.

Crédits photo (Creative Commons) : Photographer Koos Raucamp

Ponzi, et sa pyramide en carton

Ponzi, c’est cet Italien, arrivé en Amérique en 1903, qui a fabriqué un modèle d’escroquerie, encore utilisé au XXIe siècle. Le truc était tellement solide, qu’on l’a même appelé « le système Ponzi ». Le principe : rémunérés les investissements des clients, avec les fonds générés par les nouveaux entrants. Pour attirer sa clientèle, il fait des promesses alléchantes : des taux d’intérêt de l’ordre de 50% en 45 jours, pour toute personne lui confiant ses économies. Au début : tout roule. Tant qu’il y a des entrants, il y a de l’argent. Tout le monde est payé, et n’y voit que du feu.

La supercherie tient un an, puis s’effondre quand tous les épargnants veulent retirer leur argent. Sur les 15 millions de dollars confiés par plus de 40 000 épargnants, un tiers seulement est restitué.

S’il finit sa vie complètement ruiné au Brésil, la Pyramide de Ponzi, elle, survit. C’est la technique qu’utilisera aussi Bernard Madoff au début du siècle.

Crédits photo (Domaine Public) : Boston Library (NYT); en.wikipedia.org

Franck Abagnale Junior, la muse de Spielberg

Ce Franco-américain de 73 ans, n’est autre que l’homme qui a inspiré le film Arrête moi si tu peux à Spielberg. Et une comédie musicale du même nom. Rien que ça.

C’est aussi un escroc de maître, qui se fait passé pour avocat, pilote de ligne ou encore médecin. Il travaille sous huit identités différentes. Il falsifie des chèques pour voyager aux frais de la compagnie Pan American World Airways. Mais le mec ne se contente pas d’une petite lune de miel en Australie. Non. Il visite juste 26 pays avec cette technique, entre ses 16 et ses 19 ans.

Souvent devant la justice, il devient aussi un maître de l’évasion et du changement d’identités.

Après avoir soutiré des millions de dollars grâce à ses manigances, il a finalement fini par se ranger. Il s’est reconverti en… consultant anti-fraude.

JT LeRoy, l'autobiographie de la meuf qui n'existe pas

Ou devrions-nous dire : Laura Albert. Ou Savannah Knoop. ARRGH COMPLIQUÉ CETTE HISTOIRE.
DONC. JT LeRoy, c’est cette écrivaine qui écrit son autobiographie, intitulé « Sarah », en 2001. La meuf est toxicomane, transexuelle, prostituée, sans domicile fixe et évoque une enfance malheureuse. Une vie bien trash, qui forcément, fait vendre. Le succès est immédiat. L’auteure est donc réclamée par tous les médias. PROBLÈME : JT LeRoy n’existe pas. C’est en fait l’auteure Laura Albert qui a inventé toute cette histoire, vendue pourtant comme une autobiographie. MAIS PUISQU’À TOUT PROBLÈME, SA SOLUTION : l’auteure demande simplement à sa belle-soeur, Savannah Knoop de se faire passer pour JT LeRoy (vous suivez ?).

Coup de maitre : la supercherie prend. Laura Albert écrit 4 autres livres, publiés sous le nom de l’écrivaine imaginaire, dont un qui est même adapté au cinéma.

Mais ce chapitre de gloire est brutalement clôturé six ans après, quand le New York Times enquête et dévoile le pot aux roses. Une sale histoire dont s’inspirera peut-être JT LeRoy pour sa nouvelle autobio.

Crédits photo (CC BY-SA 4.0) : Kelly Lee Barrett

Gilbert Chikli, le faux président

PDG de la Banque Postale, des Galeries Lafayette ou encore de Disneyland Paris : Gilbert Chikli n’a pas eu peur d’utiliser des entreprises mondialement connues pour extorquer de l’argent.

Pour y parvenir, une technique toute simple : il téléphone aux cadres des entreprises, leur demande de lui virer une somme d’argent, en prétendant obéir à la direction générale de la sécurité extérieure. De cette manière, il a récupéré 50 millions d’euros entre 2005 et 2006.

Le « roi de la déballe », précurseur de l’arnaque au président, qui est allé jusqu’à se faire passer pour Jean-Yves Le Drian, a finalement écopé d’une peine de onze an de prison et de 2 millions d’euros d’amendes en 2020.

Gregory Zaoui, le maitre de l'écologie

Aka l’arnaqueur mis en lumière par Netflix. Le mec a tout simplement organisé le « casse du siècle », et fait perdre 1,6 milliards d’euros à l’Etat français entre 2008 et 2009. Rien que ça.

C’est un peu technique. En gros, en Europe, il existe un truc qui s’appelle les « quotas carbone ». Pour faire simple, les pays ont des seuils de pollution à ne pas dépasser, pour lutter contre le réchauffement climatique. Si l’Etat dépasse la limite, alors il doit racheter des quotas pour rattraper sa pollution émise. S’il est en dessous, il peut les revendre.

Greg a fait simple : il a acheté des droits de polluer hors taxes en Union Européenne, puis les a revendu à la France. Il réinvestissait ensuite cet argent sans verser de TVA à l’Etat français. Au total, il aura fait perdre 6 milliards d’euros à l’Europe. Balaise. Tellement balaise qu’il s’est rendu lui-même aux autorités en 2019, après deux ans de cavales. On retrouve cette histoire dans la série D’argent et de Sang qui fait non seulement partie des meilleures séries françaises de tous les temps, mais aussi des meilleures séries 2023.

Psst : je te mets une petite vidéo juste là, pour bien comprendre le quota carbone. Tu verras, c’est presque simple.

Des diamants contre des Kub or

A Paris, en 2019, une jeune dame pimpante s’est présentée comme étant la troisième épouse d’un richissime cheik de Dubaï. Accompagnée de sa « servante », elle se rend à la bijouterie Hermel, dans le Ier arrondissement, et passe pour une cliente VIP.

Elle demande alors à faire placer des diamants dans un écrin, en déclarant que son mari ferait un virement le lendemain. Jusque-là, rien d’anormal. Quoi que. Servante et mari qui rince, c’est pas so 2019, mais bon.

Le lendemain, SURPRISE : pas de virement, et surtout, un écrin rempli de… Bouillons cubes Maggi. La fausse princesse et sa complice ont profité de l’absence de la vendeuse, parti répondre à l’appel du troisième complice de cette mascarade, pour remplacer les pierres.
1,6 millions d’euros : salé pour une vulgaire soupe.

On vous en pas reparlé, mais on n’oublie pas non plus le mec qui a réussi à vendre la tour Eiffel, plusieurs fois. Du clown qui est devenu roi. Ou du faux agent secret qui a plumé tout le monde. Des gens qui auraient pu faire partie du top des meilleurs escrocs.