Si je vous dis téléréalité, vous me répondez ? « Programme abrutissant, et personnes payées des lingots d’or pour se faire dorer la pilule dans une villa de rêve pendant des semaines ». C’est un raccourci compréhensible, mais dites-vous bien qu’on ne sait pas tout ! La vie de candidat est plus encadrée et réglementée qu’on ne le pense. Être dans une villa, c’est sympa. Mais quand on est plus maître de grand-chose, ça peut rapidement être plus difficile.

(Évidemment, les règlements intérieurs et les lignes de conduite varient d’une émission à l’autre. On va dresser un panorama de ce qui existe, mais notez bien que ce qui est vrai pour une émission n’est pas forcément une généralité !)

Pas de consommation excessive d'alcool

Sur des téléréalités comme celles proposées par W9, les candidats sont limités en alcool. Selon les dires de certains participants, ils n’ont le droit qu’à une bouteille pour une quinzaine de participants, et ce, seulement en soirée.

Pas de téléphone les jours de tournage

Les participants étant soumis à des contrats de travail, la production est obligée de leur accordé un jour de repos par semaine. C’est le seul moment où ils peuvent utiliser leur téléphone, notamment pour gérer leurs réseaux sociaux et leurs contrats d’influenceurs. Dans la nouvelle édition de la Star Academy, le téléphone est aussi interdit, pour que « les candidats se concentrent sur leur aventure ».

Pas de contacts avec d’autres personnes que les candidats

Dans son livre « C’est tout moi ! », publié en 2019, Jessica Thivenin, candidate phare de la téléréalité française, revient sur certaines de ses expériences. On peut notamment y lire « En fait c’est simple, on me dit de vivre nos journées normalement et de ne pas faire attention aux équipes de tournage, de ne jamais parler à d’autres personnes (cameramen, journalistes, ingénieurs du son) que les autres candidats qui sont dans la maison quand les caméras tournent, et de ne jamais enlever le micro qui va devenir mon meilleur ami. ». Sympa l’ambiance.

.... Pas de montres ou d'horloges non plus

Sur certains tournages, même les montres et horloges sont interdites. Au-delà de l’aspect un peu déboussolant de ne pas savoir quelle heure il est et de n’avoir aucun repère temporel, il est également impossible de pouvoir prouver qu’ils ont travaillé trop d’heures d’affilée, si cela se produit. Un peu problématique.

Pas d'intimité...

Certes, de l’extérieur, on a juste l’impression que les candidats passent leurs journées à se faire dorer la pilule. C’est pas complètement faux, mais il y a quand même un gap en termes de pression entre se faire bronzer tranquillement au bord d’une piscine, et se faire bronzer au bord d’une piscine, avec une équipe de production en face, des caméramen de part et d’autre et un micro scotché au maillot.

Les villas de tournages sont pleines de monde qu’on ne voit jamais à l’écran. Il y a plusieurs équipes, avec un tas de personnes à chaque fois. Difficile, donc, de s’isoler. Toujours dans son livre, Jessica raconte «Le premier jour, dans la villa, quelques minutes après mon arrivée, le stress et le trac me donnent envie d’aller faire un petit besoin naturel, mais comme on m’a dit de ne parler à personne, je n’ose pas le dire. Je vais dans la salle de bains, mais l’équipe de tournage me suit ! Là, je suis en panique car je n’ose pas regarder la caméra ou leur parler. Finalement, je n’en peux plus et je dis : « Ça ne sert à rien de me suivre, je voudrais juste faire pipi ! » ». Compliqué. Imaginez, vous, si votre manager vous suivez aux chiottes pour votre premier jour, et que vous étiez obligé de lui expliquer « Hé, je voudrais poser une pêche. C’est ok pour toi ? ». Chiant.

... Ni d'horaires de travail classiques

Dans certaines téléréalités, les candidats sont filmés entre 8 et 10 heures par jour, de leur réveil à tard dans la nuit (environ 2 heures du matin). Au total, il y a une dizaine de caméras mobiles et plusieurs équipes qui se relaient toute la journée. Dès le matin, les caméramen entrent dans les chambres et filment les candidats alors qu’ils dorment encore, pour avoir les premières séquences de leurs réveils. Après ces heures de tournages, déjà longues, les candidats donnent approximativement une heure d’ITW par jour, souvent pendant la nuit. Globalement, c’est la production qui décide des heures de réveil, et du temps de sommeil de chacun. Rien à voir avec nos 9h-19h au bureau.

Pas le droit de régler une histoire en off

Les candidats n’ont qu’un jour de repos dans la semaine : le dimanche. Ils font « ce qu’ils veulent », ou presque… Pour ne pas louper une séquence intéressante pour les téléspectateurs, les candidats ont interdiction de régler leurs histoires hors caméra. Pour faciliter cette démarche, la production sépare les groupes d’amis sur leurs temps libres. Enfin, « libres », c’est vite dit, du coup ! De la même manière, ils n’ont pas le droit de parler devant les caméras de ce qu’il s’est passé en « off ».

Pas de sortie sans l'accord de la prod

Pendant leur jour de repos, c’est OK. Mais durant les tournages, les candidats ne peuvent pas décider sur un coup de tête de se faire une virée à la plage. Ils doivent d’abord demander l’accord de la production, qui doit valider les demande et organiser les sorties. Il faut dire que c’est un peu compliqué d’arriver à l’improviste n’importe où, avec une armada de caméras et de techniciens !

Pas le droit de dévoiler les secrets de tournage

Certains contrats imposent des clauses de confidentialités aux participants. Tant qu’ils y sont soumis, ils ne peuvent rien révéler des conditions de tournage des émissions, même une fois qu’elles ont été diffusées, sous peine de recevoir une grosse amende. Pour certaines émissions, les clauses s’étendent sur 10 ans, ce qui retarde fortement les différents témoignages. Ce n’est qu’en 2021, par exemple, que Morgane Enselme, candidate à Secret Story en 2011, a pu raconter son expérience et certains traumatismes. Dans son livre « Treize semaines », elle a notamment dénoncé « des atteintes à la dignité humaine ». Des déclarations approuvées publiquement par d’autres candidats.

Pas de refus de rejouer une scène

Dans des émissions comme Secret Story, les candidats étaient constamment filmés par des caméras fixes et cachées. Aujourd’hui, le modèle est différent, et les caméras mobiles l’emportent. Si c’est bien mieux pour l’intimité des participants, cela induit que certaines scènes intéressantes échappent aux caméramen. Les candidats doivent alors rejouer les scènes, notamment celles de clash, en se laissant guider par la production. S’il faut la refaire 5 fois, alors les candidats la referont 5 fois. On peut comprendre que se replonger le nez dans la même colère plusieurs fois, ce ne soit pas ultra-agréable.

Certains vêtements sont à éviter

Là, c’est plus une question technique qu’autre chose ! Les candidats ne peuvent pas porter de petits carreaux ou de fines rayures, car ces motifs font vaciller la vidéo, hypnotisent le spectateur et l’empêchent de se concentrer sur le contenu : c’est l’effet « moiré ». De la même manière, il leur est demandé d’éviter les marques visibles, pour que les monteurs na passent pas des heures à flouter les vêtements.

Plus le droit de porter des Louboutins

Pour des questions de droits, Les Marseillais n’ont plus le droit de porter ces chaussures à la semelle rouge pendant le tournage. Il y a quelques années, la marque de luxe aurait contacté Benjigay, la boite de production de l’émission pour leur rappeler « les bonnes pratiques concernant l’utilisation de sa marque, en particulier lorsque celle-ci est utilisée sans son accord, dans le cadre de programmes télévisés, conformément aux usages de la profession. ».

En réalité, Louboutin aurait interdit l’apparition de ses chaussures, facilement identifiables, dans l’émission, estimant que cela « entacherait son image et rendrait la marque trop accessible ». Sorryyyyy Christian. Doivent être solides les semelles pour supporter un melon pareil, hihi. Eh ce n’est pas le seul à avoir agi de la sorte : plusieurs marques ont interdit à des personnes de parler d’elles. Non mais ça va aller, oui ?

Eh encore, dites-vous que nos émissions de téléréalité françaises sont trop mignonnes à côté des pires téléréalités de tous les temps. Ça fait froid dans le dos.

Sources : Le Figaro, La revue des médias, Slate, 20 minutes