Si généralement le but d’une suite au cinéma est de continuer l’histoire là où le premier film s’est terminé en gardant à peu près le même ton et en respectant les codes mis en place, certaines exceptions viennent un peu faire un doigt d’honneur à ce principe. Si dans les faits ça peut donner des suites vraiment bonnes parce que c’est original de prendre un autre traitement, ça peut tout aussi donner d’infâmes merdes dont on ne comprend pas le sens. Et on va donc voir un petit condensé de tout ça.

Halloween 3

Si les deux premiers films Halloween consistaient à peu près à voir Michael Myers buter des adolescents sans émettre de remords (ou la moindre émotion d’ailleurs), le troisième avait complètement changé de registre en ne montrant pas du tout à l’écran le fameux tueur. Au lieu de ça on se concentrait sur des histoires de rites païens, des enfants tueurs sur fond de folklore d’Halloween et beaucoup, beaucoup d’incompréhension chez les spectateurs. Difficile de dire encore aujourd’hui ce que j’ai réussi à retenir de ce film.

Blair Witch 2

Si le tout premier film était un vrai film d’horreur indépendant original qui réinventait pas mal de techniques de mise en scène principalement par manque de thunes, le deuxième était un truc informe au budget beaucoup plus gonflé et avec pour seul réel point commun avec le premier opus les mots « Blair Witch » dans son titre. Inutile de vous déconseiller de le regarder, c’est comme boire de l’eau de javel, ça ne vous viendrait pas à l’idée de manière totalement innée.

Logan

Le virage était serré. Après une longue série de blockbusters grand public de réussir à prendre l’un des personnages les plus iconiques des films de super-héros pour lui donner une conclusion pareille était relativement couillu. Contrairement aux précédents films à grand spectacle, Logan se voulait résolument plus noir, plus violent, plus pessimiste et intimiste. On avait donc devant nous un film interdit aux plus jeunes (Rated R aux États-Unis, une première depuis Deadpool) qui allait piocher des idées dans le jeu vidéo The last of us et foutait une ambiance particulièrement originale pour un film du genre. Probablement le premier film d’auteur de super-héros.

Jumanji : Bienvenue dans la jungle

Si le premier film ne montrait aucune scène à l’intérieur du jeu, le deuxième en faisait le centre de son histoire. En transformant le jeu de plateau en jeu vidéo on était à peu près certain que le film allait être nul et déshonorer ce fabuleux film de notre enfance mais la réalité était toute autre. Le casting fonctionnait bien, c’était drôle, ça changeait complètement mais dans le bon sens du terme et globalement c’était une bonne surprise. C’est pas un chef d’oeuvre non plus, n’allez pas exagérer ce que je dis, mais c’était loin d’être raté.

Evil Dead 2 / Evil Dead 3

Pour faire simple, disons que Evil Dead premier du nom était un film d’horreur traditionnel proprement réussi dont le but était de faire flipper les spectateurs. Le deuxième volet quant à lui était une véritable comédie d’horreur où on se marrait franchement face à certaines situations cocasses et autres bonnes idées. Le troisième, encore un nouveau virage, était mi-comédie mi-horreur mais surtout placé dans un contexte historique du moyen-âge complètement sorti de nulle part. Et dans le global tout fonctionne très bien, chaque épisode s’est réinventé d’une manière totalement inattendue et c’était une réussite. Quelque chose que vous ne m’entendrez jamais dire de la saga Twilight par exemple.

Troll 2

Si le premier film Troll était déjà un mauvais film d’horreur qu’on aime bien, le deuxième surpasse le premier dans cette discipline. Pourquoi il n’a manifestement rien à voir avec le premier ? Tout simplement parce qu’il n’a pas du tout été écrit comme une suite mais comme un tout autre projet et qu’on lui a filé le même titre au dernier moment pour essayer de capitaliser sur la propension des (rares) fans du premier film à acheter une place de cinéma. Il a aussi la particularité de posséder une mort les plus cheloues de films avec un personnage qui se noie dans des popcorns, une scène aussi drôle que flippante qu’il est d’utilité publique de voir.

S. Darko

Si vous avez vu le film Donnie Darko vous avez probablement remarqué quelque chose d’indéniable : l’histoire était tout à fait conclusive et ne nécessitait donc aucune suite. Mais comme là où on peut trouver les limites de la décence humaine se trouve généralement Cyril Hanouna, près de là où il y a un espoir de pognon à se faire rôdent bien souvent les producteurs de cinéma. On a donc décidé de faire une « suite » centrée sur la soeur de Donnie (qui ce coup-ci avait des pouvoirs alors qu’on ne sous-entend pas une seconde cela dans le premier film) uniquement pour essayer de faire de l’argent sur la renommée du premier. Comme vous pouvez l’imaginer ça ne fonctionne pas du tout et ça provoque chez le spectateur des diarrhées torrentielles dont la couleur n’est pas sans rappeler certaines fèves de café fraichement récoltées sur les collines colombiennes.

American Psycho 2

Si vous venez tout juste d’apprendre l’existence de la suite de American Psycho en lisant le titre de ce point alors ne changez rien, vous n’avez rien manqué. Le « deuxième volet » n’a en réalité de point commun que le titre et on lui a donné celui-ci uniquement pour surfer sur le succès du premier. On parle d’un film sorti directement en vidéo et donc jamais diffusé au cinéma, ce qui dans 90% des cas est vraiment mauvais signe sauf pour un bon paquet de films pornos. Ça n’a rien à voir, c’est mauvais et on vous conseille tout autant de manger cinq kilos de farine à la cuillère en étant à plus de cinq kilomètres du point d’eau le plus proche que de le regarder.

The Suicide Squad

Les avis divergent sur cette suite mais globalement on peut s’entendre sur un point : c’était complètement différent du premier. Déjà il y avait cet aspect beaucoup plus comique et gore qui fonctionne relativement bien et qui était totalement absent du premier volet qui se prenait beaucoup trop au sérieux, ce que le deuxième volet n’essaie même pas de faire une seule seconde ; mais il y avait aussi une réalisation globalement moins « académique » qui colle au style des films de super-héros. Dites ce que vous voulez de James Gunn, le monsieur a quand même sa patte.

Les chroniques de Riddick

Difficile de trouver énormément de points communs entre Pitch Black et sa suite, le premier étant un genre de huis-clos de survie avec peu de personnages et une ambiance plutôt sombre alors que le deuxième est un space-opéra blockbuster incompréhensible dans lequel on peut tout de même voir Judy Dench voler, d’après certaines rumeurs sans aucun trucage (la méthode d’acteur anglaise est toujours proprement étonnante). Il y a bien le personnage de Riddick qui revient avec ses gros muscles et ses lunettes de plongée noires mais à part ça autant vous dire que l’ambiance est très différente.

Fast and Furious : Tokyo Drift

S’il y a bien un truc qui peut vous faire comprendre que vous allez faire un mauvais film, c’est quand Vin Diesel lit le scénario et dit « non ». Parce que même quand le type qui a dit oui à Babysittor juge que votre scénario n’est pas assez bon c’est que vous vous apprêtez à faire une grosse connerie. Tokyo Drift n’avait donc, à part des voitures qui vont vite, rien à voir avec les deux précédents films et globalement rien à voir avec les suites en terme de personnages et d’histoire. Ceci étant dit ça reste un film sur des courses de voiture, ils n’ont pas non plus centré l’histoire sur l’épidémie de la peste de Justinien en pleine Rome antique, vous ne serez pas complètement dépaysé.

10 Cloverfield Lane / The Cloverfield Paradox

Le premier film était un traditionnel « found-footage » avec un type qui tient une caméra et tente d’échapper à une saloperie d’invasion extraterrestre, le second était un huis-clos psychologique stressant où une jeune femme se retrouvait prisonnière d’un taré qui lui disait que des extraterrestres avaient envahi la Terre (et qui avait raison) et le troisième un genre de survival dans l’espace totalement réchauffé qui ne servait qu’à nous rappeler à quel point le premier Alien était génial. Autant dire que chaque film a le mérite d’être franchement différent, qu’ils soient réussis ou non.

Highlander 2

Un type immortel qui vit depuis la belle époque écossaise où c’était encore la mode de se promener dans les landes les couilles à l’air sous son kilt parvient à survivre jusqu’à notre époque où il doit mener un grand et ultime combat. Voilà, résumée de manière hautement discutable, la trame narrative du premier film. Le second ? C’est un genre de film de science-fiction futuriste complètement étrange (mais cependant non dénué de quelques bonnes idées) dans lequel les mêmes personnages que dans le premier reviennent sans qu’on comprenne une seule seconde la foutue logique derrière ce brusque changement d’univers.

Toute la saga Rambo

Si vous n’avez jamais vu le tout premier film Rambo je ne peux que vous le conseiller tant c’est un bon film, bien réalisé, très bien joué et qui parle d’un sujet rarement abordé au cinéma : le syndrome du soldat qui revient du front. Cependant ce qu’il s’est passé avec les suites est proprement regrettable vu que c’est devenu une machine à nanards à la qualité extrêmement variable mais qui n’atteignent jamais la cheville du premier film. Dommage, c’était assurément l’un des meilleurs rôles de Stallone et je dis ça au premier degré (avec l’excellent Copland).

Drive

Peu de gens le savent, mais pourtant Jean-Jacques Annaud l’a lui-même confirmé : La guerre du feu est bien le prequel de Drive, comme le fait que Ron Pearlman y reprenne son rôle le laissait présager. Une suite relativement éloignée du matériau de base mais uniquement parce qu’elle « se place à une époque très éloignée du premier volet » comme le rappelle le réalisateur de L’ours. Si le choix d’un autre réalisateur avait été forcé à cause d’une histoire d’emploi du temps, celui de Ryan Gosling dans le rôle titre avait été décidé lors du tournage du premier film alors que celui-ci n’était âgé que d’un an. Édifiant.

Et sinon je vous conseille les films qui se passent dans le même univers et on ne le savait pas ou les suites de films qui n’ont aucun sens.

Sources : Whatculture, Screenrant, MovieWeb, TasteofCinema, Reddit.